Au total, 297 victimes des crimes commis par Germain Katanga en 2003 à Bogoro, un village du secteur des Bahema Sud, en territoire d'Irumu, province de l'Ituri, ont été "réparées" par le fonds au profit des victimes de la Cour Pénale Internationale, CPI.
Ces réparations collectives et individuelles ont été réalisées pendant 6 ans, pour une enveloppe d'un million de dollars américains du fond au profit des victimes, a souligné Perrin de Brichambaut, juge de la Cour Pénale Internationale.
"Nous avons pu prendre un ordre de réparation évalué à 1 million de dollars, la charge de réparation imputable à monsieur Katanga, l'enveloppe sur laquelle on a pu démarrer tout de suite les réparations. Il y a eu 6 ans de travail, le travail marqué par l'étroite collaboration entre les représentants légaux des victimes, l'organe de la Cour qui défend également victimes, les juges et surtout le fond au profit des victimes. Donc, c'est un travail collectif que nous avons mené ensemble pour fournir des réparations symboliques et assez substantielles qui ont été données individuellement à chacune des victimes, et pour fournir des réparations collectives dans différents domaines et qui ont aidé les victimes à se reconstruire une vie et à surmonter le traumatisme qu'elles avaient subi", a-t-il déclaré au cours d'un point de presse tenu mercredi 24 avril 2024 à Bunia, chef-lieu de la province de l'Ituri.
Les réparations collectives englobent une série d'actions menées en faveur des victimes. De ce point de vue, un soutien au logement et aux activités génératrices des revenus leur a été apporté.
"Les 4 modalités de réparation collective sont aussi des réparations qui bénéficient à des individus, c'est-à-dire elles ont été ciblées pour aider ceux dont on avait identifié les besoins dans ces domaines. Elles ont porté sur le soutien au logement c'est-à-dire le fait de fournir des matériaux pour aider les victimes à reconstruire leurs maisons, leurs annexes ou leurs lieux de travail. Deuxième catégorie, les activités génératrices des revenus, c'est-à-dire tout ce qui est à la fois la formation mais aussi on leur a donné, là où ils avaient perdu, du bétail, les vaches", poursuit Perrin Brichambaut.
Outre cela, un accent a été également mis sur l'éducation et le soutien psychologique.
"Troisième modalité, l'éducation. Permettre aux familles d'envoyer leurs enfants à l'école et couvrir les frais de scolarité. Vous savez à quel point c'est important et c'est sensible. Et ça permet de rattraper une partie de carence qu'il y a eu à la suite de l'attaque. Dernière modalité de soutien collectif, c'est le soutien psychologique, la possibilité de consulter des médecins pour aider à remonter le traumatisme, à refaire les familles. Ce n'est pas par hasard que tout à l'heure lorsque les victimes se sont exprimées, c'est un docteur qui a parlé en leur nom. Et ce docteur, il les connaissait personnellement parce qu'il a aidé dans les consultations", a dit la même source.
Une somme d'argent évaluée à 250 dollars américains a été remise à chaque victime dans le cadre de réparation symbolique.
"Donc, il y a un certain nombre de dimensions complémentaires faites sur mesure pour aider à surmonter le traumatisme. Et puis alors, c'est vrai que les réparations symboliques étaient une somme d'argent, et cette somme d'argent était remise individuellement, mais là encore avec beaucoup de précautions. Parce qu'il ne faut pas que la victime qui vient de prendre une somme d'argent en liquide se fasse, à la sortie, dévaliser par des gens qui étaient au courant. Donc, il fallait prendre toutes les dispositions nécessaires, et ce travail a été magnifiquement fait, on ne peut que féliciter les équipes qui l'ont fait avec beaucoup de tact et d'humanité", a-t-il expliqué.
Il sied de noter que ce processus de réparation qui a également pris en compte des victimes qui s'étaient réfugiées en Ouganda, a pris fin en octobre 2023. Mais, une cérémonie symbolique de clôture a été organisée le mercredi 22 avril 2024 à Bunia, chef-lieu de province. Ceci, en présence du gouverneur militaire de l'Ituri et de plusieurs ambassadeurs membres de la délégation du fonds au profit des victimes.
En 2014, Germain Katanga (ancien chef de la milice FRPI) était condamné à 12 ans de prison par la Cour Pénale Internationale "CPI", pour crimes contre l'humanité et crimes de guerre commis au village Bogoro (Ituri), lors de l'attaque du 24 février 2003.
Séraphin Banangana depuis Bunia