Des jeunes entrepreneurs, évoluant dans le domaine de la sous-traitance en République démocratique du Congo, s’opposent à toute forme d’ingérence « indue »dans le processus de passation des marchés entrepris par l’Autorité de régulation de la sous-traitance dans le secteur privé (ARSP).
Dans un mémorandum adressé au chef de l’État et lu devant la presse, ce jeudi, ces jeunes entrepreneurs se disent « écœurés » de l’attitude du Patronat congolais qui, dans son communiqué du 10 avril 2024, a fustigé la publication par l’ARSP de la liste des entreprises à capitaux majoritairement congolais recommandées pour des contrats de sous-traitance au sein de l’entreprise TFM. Le prétexte évoqué par la FEC, précisent-ils, était que cette liste devrait se faire strictement en se basant sur le protocole d’accord qu’ils auraient signé précédemment avec cet établissement public.
Ces jeunes entrepreneurs rappellent qu’au regard de la loi congolaise, la FEC n’est qu’une ASBL comme tant d’autres et n’a pas le monopole de parler au nom de tous les entrepreneurs du Congo, à part ses propres membres. Ils soulignent, en outre, qu’elle n’est pas la seule structure regroupant des entrepreneurs sous-traitants, car il en existe des dizaines.
« Pendant plusieurs années, il n'y avait que la FEC qui était considérée comme telle, la FEC n'a pas le monopole du marché, la FEC n'a pas le monopole d'entretenir les PME et PMI, il y a plusieurs structures. D'ailleurs, nous nous sommes constitués en une Chambre désormais. Nous demandons au gouvernement de faire avec nous. Quand le gouvernement aurait besoin d'appeler les jeunes entrepreneurs, il ne doit pas appeler la FEC, il doit nous appeler parce que nous sommes acteurs, nous sommes sur terrain, nous connaissons nos maux, nous connaissons nos problèmes, nous connaissons les situations parfois méchantes que nous traversons », a déclaré Don Israël Mbuyi, membre du présidium du Collectif national des sous-traitants et porte-parole circonstanciel.
Pour ces entrepreneurs, en matière de sous-traitance, la FEC qui se positionne comme juge et partie, ne peut être le meilleur interlocuteur pour traiter de la question.
« Au travers ses Sous - Chambres, elle joue le rôle de syndicat pour protéger parfois les intérêts mesquins des entreprises donneuses d’ordre qui n’ont jamais accepté de céder les activités de la sous-traitance aux entreprises de droit congolais », peut-on lire dans leur mémo.
Par ailleurs, ces acteurs de la sous-traitance signalent que sur la liste de 25 entreprises, publiée par l’ARSP, plus de 5 entreprises de la FEC ont été recommandées pour de grands marchés.
« Point n’est besoin de reprendre les noms et les promoteurs, il nous suffirait de le dire : leur présidium a été bien servi », ajoute le même mémo.
Pour accompagner la vision du chef de l’État qui tient à créer des millions d’emplois via la promotion de l’entrepreneuriat et ainsi créer une classe moyenne congolaise, ces entrepreneurs mettent en garde « certains compatriotes avides au-delà de toute mesure, car le Congo n’est pas une propriété privée destinée à l’enrichissement de quelques-uns au détriment de la multitude ».
Tout en demandant à l’ARSP de poursuivre la recommandation des entreprises à capitaux majoritairement congolais pour de grands marchés, ils appellent à la revisitation du protocole d’accord signé entre cet établissement et la FEC. Ils demandent aussi que les corporations de jeunes entrepreneurs dans la sous-traitance soient considérées comme la FEC dans toutes les discussions liées à la sous-traitance et leur participation à l’élaboration de la loi sur le contenu local. À la première ministre, Judith Tuluka, ils demandent une vigilance « constante sur cette question cruciale afin de protéger et de favoriser le développement de petites et moyennes entreprises ainsi que de petites et moyennes industries du pays ».
Prince MAYIRO