Il existe actuellement un conflit au niveau des communes de la ville province de Kinshasa, voire d'autres provinces du pays. Les conseillers municipaux élus ne sont pas considérés par des bourgmestres qui refusent de leur rendre compte, se vantant d'être nommés par ordonnance présidentielle.
C'est ce qui ressort des dénonciations faites par des conseillers communaux de la capitale congolaise au cours d'une rencontre d'échange et de partage organisée par les organisations de la société civile Agir pour les Élections Transparentes et Apaisées ( AETA), la Nouvelle Société Civile Congolaise ( NSCC), l'ASADHO, le CONAFED et bien d'autres.
Cette rencontre, qui a mis ensemble ces élus locaux et les leaders communautaires, était l'occasion d'évaluer le degré de prise en compte du cahier de charges mis en place par les acteurs de la société civile dans le programme d'actions du gouvernement.
Tous les conseillers communaux qui ont pris la parole au cours de ces assises, ont souligné la nécessité de la tenue des élections des bourgmestres. Ils estiment que sans cette élection, le développement à la base ne sera qu'une illusion.
« Nous, à Kimbanseke, notre bourgmestre a été élevé au rang du ministre provincial. Son adjoint qui est là ne nous considère pas. Il dit qu'il n'a pas à nous rendre compte, étant donné qu'il a été nommé par ordonnance présidentielle. Chaque fois qu'on lui adresse des questions sur la gestion de la commune, il ne veut pas nous répondre. Il ne doit pas penser qu'il peut gérer seul notre commune qui a beaucoup de problèmes, dont l'insécurité », a déclaré Éric Munsi, président du Conseil communal de la commune de Kimbanseke.
Il demande à l'Assemblée provinciale de Kinshasa de veiller à ce que tous les projets de budget des communes soient cette fois-ci validés par les conseillers communaux et d'exiger la collaboration entre les bourgmestres et les conseillers communaux.
« Nous avons écrit au président de l'Assemblée provinciale pour dénoncer cette situation. Nous avons appris qu'il y a un édit en chantier qui va exiger que les budgets des communes soient absolument validés par les conseillers communaux. Au moment où je vous parle, il y a un conseiller communal qui a adressé une question orale au bourgmestre. Nous attendons qu'il vienne répondre à nos préoccupations », a-t-il fait remarquer.
Les mêmes problèmes ont été relevés par les autres conseillers communaux. Ils ont appelé à l'intervention personnelle du président de la République afin que les élections des bourgmestres soient organisées dans un bref délai.
« La solution à tous ces problèmes est dans l'organisation des élections des bourgmestres. Nous devons avoir des bourgmestres votés et qui auront la latitude de nous rendre compte. Notre municipalité fait face à beaucoup de problèmes, dont la progression de la milice Mobondo. Les entreprises ont été installées dans notre commune, précisément dans la zone économique spéciale. Mais les ressortissants de Maluku n'y travaillent presque pas. Ce sont les jeunes d'autres communes qui viennent y travailler chaque jour. Il y a donc autant de problèmes qui devraient se régler dans la collaboration entre nous et les bourgmestres », a plaidé Abraham Finzono, président du Conseil communal de Maluku.
Certains conseillers communaux présents à cette séance ont affirmé qu'ils tiennent parfois leurs plénières sous les arbres, faute de salles. Un autre grand problème évoqué est le manque de rémunération depuis aujourd'hui près de 10 mois.
Dans son mot, le Secrétaire permanent de l'AETA, Jérôme Bonso, a souligné que cette rencontre d'échange ne vise que le développement politique et économique de la RDC qui, selon lui, doit absolument passer par la mise en application de ce cahier des charges qu'il considère comme un véritable « contrat social ».
Jonas Tshiombela de la NSCC a rassuré les conseillers communaux que le président de la République a déjà donné son instruction pour la tenue des élections des bourgmestres. Jean-Claude Katende a, pour sa part, présenté les grandes lignes du cahier de charges mis en place pour la première fois de l'histoire de la RDC par la société civile.
ODN