Les organisations de la société civile, membres du mouvement pour la justice climatique, ont tenu une conférence de presse le jeudi 7 novembre à Kinshasa pour lancer un plaidoyer réclamant l’instauration de la « Journée régionale pour le bassin du Congo ».
L’idée de ce plaidoyer est née d’une conférence organisée en juillet dernier à Yaoundé, au Cameroun. Les participants à cette conférence ont formulé cette recommandation pour inciter les gouvernements et la société civile de la sous-région à porter une attention accrue, de manière coordonnée, sur les forêts du bassin du Congo afin de mettre en exergue leurs valeurs écologiques et les services écosystémiques qu’elles rendent à l’humanité.
Selon Théophile Gâta, directeur exécutif du Centre d’appui à la gestion durable des forêts tropicales (CAGDFT), les forêts du bassin du Congo méritent d’être célébrées d’une manière particulière. Cela pourrait permettre, selon lui, de faire connaître au monde entier le savoir-faire, le savoir-être et le savoir traditionnel des communautés locales et des peuples autochtones qui y vivent et qui les ont préservées durant des siècles.
« Nous avons pensé que les autres journées, par exemple la Journée de l'environnement, celle de la biodiversité ou celle de la forêt, sont des journées établies au niveau international. En revanche, nous voulons une journée qui mette en lumière les potentiels naturels des pays du bassin du Congo et comment ces potentiels contribuent à l'humanité entière et au développement local. Au lieu d’intégrer cela dans les journées reconnues internationalement, nous pouvons avoir une journée spécifique où nous ne parlerons que de ce que nous avons et nous nous interrogerons sur ce que nous en faisons pour que cela puisse nous être profitable », a-t-il déclaré.
Théophile Gâta a fustigé le manque d’initiatives et d’unité parmi les pays du bassin du Congo. C’est ce qui fait que la plupart des fonds environnementaux sont orientés vers d’autres bassins tropicaux.
« Les pays de la sous-région sont encore ancrés dans un modèle de développement néo-colonialiste. Nous ne voulons pas innover, nous voulons juste suivre ce qui a déjà été dit. Comme si nous avions peur que ce que nous faisons soit nécessairement jugé par d’autres personnes. Un autre problème est que nous n'agissons pas en groupe. Chaque pays essaie individuellement de tirer la couverture de son côté. C'est un vrai problème qui nous fragilise. Ce manque d'unité entre nos pays fait en sorte que la plupart des fonds environnementaux se dirigent vers d'autres bassins. L'objectif du mouvement pour la justice climatique est donc de favoriser l'agir dans l'unité d'esprit et d'actions », a-t-il ajouté.
Pour sa part, le responsable de la campagne forêt à Greenpeace Afrique, Bonaventure Bondo, pense que la valorisation des ressources forestières du bassin du Congo revient premièrement aux pays concernés.
« Si nous-mêmes ne mettons pas en valeur nos ressources, personne ne le fera à notre place. Pour ce faire, la société civile doit être unie, et les gouvernements doivent également être unis. Nous allons continuer à travailler pour cette dynamique afin que l'actuel premier poumon de carbone de la planète soit reconnu à sa juste valeur », a-t-il déclaré lors de ce face-à-face avec la presse.
Sur initiative de Greenpeace Afrique, le mouvement pour la justice climatique a été lancé en RDC en mars 2024 et est déjà fonctionnel au Cameroun, avant de s’étendre à tous les pays du bassin du Congo. Son objectif principal est de fédérer les efforts de ses organisations membres et des acteurs locaux activement engagés dans la protection des forêts, de la biodiversité et des droits des communautés locales et des peuples autochtones, afin de contraindre les gouvernements et les sociétés à respecter leurs engagements internationaux en matière de protection de l’environnement.
Bienfait Luganywa