La nouvelle de l'annulation de la tripartite entre les présidents Félix Tshisekedi, Paul Kagame et Joâo Lourenço qui devrait avoir lieu le dimanche 15 décembre 2024 à Luanda en Angola, est perçue à Goma, chef-lieu de la province du Nord-Kivu, dans l'Est de la République Démocratique du Congo, comme une mauvaise foi du président rwandais Paul Kagame "qui ne veut pas apporter son morceau de bois pour rallumer la flamme de la paix".
Des habitants de Goma interrogés par 7SUR7.CD voient dans cette annulation la preuve de la mauvaise foi du Rwanda, principal acteur régional dans ce conflit qui déchire l'Est du pays.
Pour de nombreux habitants de Goma, cette annulation est perçue comme une trahison de la part du Rwanda et un sabotage aux efforts de paix que des leaders de la région de Grands-Lacs fournissent pour la pacification de la partie Est de la RDC.
"Le Rwanda prétend vouloir aider à stabiliser la région, mais en réalité, il continue à soutenir les groupes armés qui sèment la terreur chez nous. Cette tripartite aurait été une occasion de discuter de solutions concrètes pour mettre fin à la violence, mais le Rwanda semble vouloir saboter ces efforts", a déclaré Jean-Pierre Bakenga, un commerçant local.
D'autres habitants insistent sur le fait que seule la collaboration régionale pourrait aboutir à la résolution pacifique de la crise en cours dans l'Est de la RDC caractérisée par l'agression rwandaise. C'est le cas de Thérèse Mukeshimana, une habitante de Goma qui soutient que malgré cette annulation, un autre rendez-vous devrait être rapidement convoqué afin de remettre cette question sur la table.
"Nous avons besoin que nos dirigeants travaillent ensemble pour trouver des solutions durables à nos problèmes. Je souhaite qu'un autre rendez-vous soit bientôt convoqué pour que cette question soit remise sur la table. Nous sommes d'accord avec l'option militaire mais nous pensons aussi que des voies diplomatiques vont nous aider à sortir de cette impasse", a t-elle dit.
Abordant cette question avec un œil diplomatique, Ernest Sengoma, politologue et expert en diplomatie régionale, a indiqué que l'annulation de la tripartite Tshisekedi-Kagame-Joâo, soulève des doutes quant à la volonté réelle de différents acteurs régionaux et particulièrement ceux du Rwanda de trouver des solutions pacifiques et durables aux conflits qui ravagent la région depuis des décennies et particulièrement la partie Orientale de la RDC.
"Nous voulons la paix, nous voulons pouvoir vivre en sécurité et prospérer dans notre région. Il est temps que nos dirigeants mettent de côté leurs intérêts personnels et travaillent ensemble pour mettre fin à la violence qui nous accable", a-t-il dit à 7SUR7.CD.
Prévue le dimanche, la tripartite entre les présidents Félix Tshisekedi, Paul Kagame et Joâo Lourenço n’a plus eu lieu. Les dirigeants congolais et angolais se sont entretenus en tête-à-tête avant d’étendre la réunion à leurs délégations respectives.
Selon la Présidence de la RDC, l’annulation de cette tripartite est causée par le refus de la délégation rwandaise de prendre part à ladite rencontre censée mettre fin aux hostilités dans l’Est de la RDC par le retrait des troupes du Rwanda de zones congolaises.
Lors d'une réunion des ministres des affaires étrangères des trois pays concernés qui a eu lieu la veille de la tripartite, le Rwanda aurait conditionné la signature de l’accord par l’organisation d’un dialogue direct entre la RDC et les terroristes du M23, une offre rejetée par la partie congolaise.
David Lupemba, à Goma