Activisme du M23 : près de 10.000 victimes et survivantes des violences sexuelles répertoriées en 4 mois à Goma (MSF)

Jeudi 12 juin 2025 - 21:09
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Médecins sans frontières (MSF) peint un tableau sombre de la situation sanitaire et sécuritaire dans les Nord et Sud-Kivu, provinces touchées par l'activisme des rebelles du M23. Particulièrement, l'organisation épingle des cas liés aux violences sexuelles dont le nombre grimpe en flèche depuis le début de l'année alors qu'elle est confronté aux problèmes de prise en charge dans un contexte de guerre.

Alors qu'une accalmie, bien qu'apparente s'observe sur le terrain, les camps de déplacés ont tous été démantelés après la chute de Goma, MSF regrette que la problématique des violences sexuelles n'ait guère changée.

"Cette année encore, le nombre de victimes et survivantes des violences sexuelles prises en charge par les équipes de MSF dans l'Est a atteint des niveaux alarmants. Depuis janvier 2025, les équipes continuent d'enregistrer un nombre de consultations alarmant dans les structures soutenues par MSF au Nord-Kivu et Sud-Kivu", lit-on dans un document rendu public ce jeudi 11 juin.

Entre janvier et avril 2025, dans la ville de Goma et dans la cité de Saké, des victimes et survivantes ont afflué et continuent de l'être par dizaine tous les jours.

Au cours de cette période, près de 7.400 victimes et survivantes ont été prises en charge à Goma alors que plus de 2.400 l'ont été à Saké, indique Médecins sans frontières.

"Un grand nombre de déplacées n'ont pas pu ou pas voulu regagner leur village d'origine et se retrouvent seules avec leurs enfants. Nous recevons beaucoup de femmes victimes d'abus dans ou autour des maisons de familles d'accueil ou de centres d'hébergement communautaires. Bien souvent, elles sont contraintes à des actes sexuels en échange d'un logement", précise l'organisation.

MSF désigne des porteurs d'armes ou encore des personnes difficilement identifiables comme responsables de ces actes et pointe du doigt la situation sécuritaire et la prolifération des armes dans la contrée comme facteur qui favorise ce climat.

"Trois hommes voulaient me violer devant mon époux et mes 8 enfants. Mon époux a résisté. Ils l'ont tué", témoigne une des victimes à Goma, citée par MSF.

 

Cette dernière est appuyée par une autre à Saké : 

"Ils m'ont demandé de choisir entre leur céder mon corps ou me faire tuer. Ils m'ont violée, l'un après l'autre".

Au regard de ce portrait dramatique, Médecins sans frontières tire une sonnette d'alarme vers la communauté internationale en vue de la prise en charge adéquate des victimes et appelle les belligérants à "améliorer la sécurité des civils et leur accès aux soins".

L'organisation mentionne que plusieurs structures sanitaires dans le Nord-Kivu et Sud-Kivu sont confrontées à la carence de médicaments et de kits nécessaires pour soigner les victimes, rendant ainsi plus préoccupante la situation.

Isaac Kisatiro, à Butembo