Lualaba : Des communautés de Kisanfu dénoncent l’exploitation minière illégale et exigent l’intervention du chef de l’État

Samedi 21 juin 2025 - 16:43
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Les membres des communautés de Kisanfu dans le territoire de Lubudi au Lualaba se sont dits indignés du pillage systématique de la concession minière Comide et Swan mines dans la chefferie des bayekes où au total, 14 villages riverains de la concession minière se sont rassemblés pour manifester le mardi 17 juin 2025 de ce qu'ils qualifient de « pillage organisé » de leurs ressources naturelles.

Devant le bureau du représentant local de la chefferie, jeunes, femmes, notables et anciens ont uni leurs voix pour exiger l’arrêt immédiat d’une exploitation semi-industrielle jugée illégale, menée selon eux par des opérateurs d’origine chinoise et libanaise, bénéficiant de la protection de certains éléments des Forces armées de la RDC (FARDC). Des appels ont été lancés aux autorités pour un redéploiement urgent de ces forces vers les zones réellement en conflit dans l'Est du pays.

« Le pillage massif des ressources entrave le développement socio-économique de la région. Nous avons besoin que les opérateurs économiques puissent travailler dans leur droit pour que, nous aussi, nous puissions avoir du travail », a déclaré un jeune de Kisankala, présent parmi les manifestants.

Les manifestants pointent également du doigt certaines personnalités prétendument liées à la famille présidentielle, qu’ils accusent de complicité dans ces activités illicites.

Comide, bien que toujours en phase de développement et sans production effective à ce jour, a signé un cahier des charges avec les communautés locales pour répondre aux attentes sociales. Cependant, les populations dénoncent le non-respect de ces engagements et l’exploitation anarchique qui s’intensifie.

« Nous demandons l’implication personnelle du Chef de l’État pour mettre fin à cette exploitation illégale massive qui dure depuis des années dans la concession de Comide. Nous, les communautés, n’en tirons aucun bénéfice et nous subissons des actes de torture, des violations des droits humains », a lancé un représentant des manifestants lors de la lecture du mémorandum.

Au-delà de l’exploitation illégale, les habitants s’insurgent contre l’usage de la force par des militaires censés encadrer ces opérations. Les FARDC sont accusées d’intimidation et de violences répétées envers les populations locales. Un incident tragique a particulièrement choqué la communauté comme la mort d’une femme de plus de 70 ans, tuée à Kisankala le 5 juin dernier par un militaire.

Cet événement a ravivé l’indignation et renforcé les appels à un redéploiement urgent des troupes vers les zones de conflit réelles, notamment à l’Est du pays, où la sécurité nationale est véritablement menacée.

À l’issue de cette mobilisation pacifique, les manifestants ont remis une pétition aux autorités coutumières. Ce document fustige « l’inaction persistante » des services de l’État et exige le départ immédiat et inconditionnel des exploitants illégaux de la zone.

Les communautés réclament également une enquête indépendante, la restauration de l’autorité de l’État dans cette région minière et des mesures concrètes pour que les richesses extraites du sous-sol bénéficient enfin aux populations locales. Pour l’instant, aucune réaction officielle n’a été enregistrée, ni du côté du gouvernement provincial du Lualaba, ni au niveau national.

Patient Lukusa, à Lubumbashi