
Des professionnels de la santé plaident pour l’intégration de la pharmacovigilance dans les programmes de santé publique. Ce plaidoyer a été formulé à l’issue d’un atelier organisé par l’Autorité Congolaise de Réglementation Pharmaceutique (ACOREP).
Cet atelier, qui a notamment réuni les délégués du Centre National de Pharmacovigilance (CNPV), du Programme Elargi de Vaccination (PEV), du Programme National de Lutte contre le Sida (PNLS), du Programme National de Lutte contre la Tuberculose (PNLT) et du Programme National de Lutte contre le Paludisme, a permis de réfléchir sur l’importance d’intégrer la pharmacovigilance dans leurs politiques respectives. L’objectif, étant de sauver davantage de vies, souvent fauchées – par ignorance – à cause des effets secondaires liés à la consommation de produits pharmaceutiques.
« La République démocratique du Congo est actuellement classée dans le top 10 africain en termes de notifications d’effets indésirables. Mais les résultats ne sont pas encore à la hauteur de nos attentes. Les ressources humaines formées en pharmacovigilance demeurent insuffisantes. Les capacités de détection des signaux restent limitées. La coordination interinstitutionnelle est perfectible. Et le financement national reste faible, exposant le système à une dépendance extérieure », a déclaré le Directeur Général adjoint de l'ACOREP, Donatien Kabamb Kabey.
Selon les experts, les effets indésirables des médicaments constituent aujourd’hui la cinquième cause de mortalité dans le monde. Ils invitent toute personne confrontée à de tels effets après la prise d’un médicament à consulter immédiatement un médecin ou un pharmacien.
« Des études ont montré que les effets indésirables figurent parmi les cinq principales causes de décès. En d’autres termes, seuls quatre autres facteurs tuent davantage que les médicaments. Malheureusement, ce fait reste méconnu. Quelqu’un peut présenter des vomissements, des convulsions ou des problèmes cardiaques, et l’on pense qu’il souffre d’une autre maladie, alors qu’il s’agit en réalité d’un médicament mal prescrit qui provoque ces réactions », a expliqué le professeur Pierre Nsengi Ntamabyaliro.
L’un des objectifs principaux de cet atelier était de renforcer l’interface entre les institutions sanitaires afin de garantir l’intégration effective de la pharmacovigilance dans les programmes de santé publique, les processus réglementaires et la pratique clinique en RDC.
Plusieurs interventions des scientifiques, experts, médecins et pharmaciens ont marqué ces assises, à l’issue desquelles des recommandations fortes ont été adressées au gouvernement, notamment sur la nécessité d’augmenter le financement national, jugé trop faible et responsable d’une dépendance extérieure.
La pharmacovigilance constitue un pilier essentiel de la santé publique, en assurant le suivi continu de la sécurité et de l’efficacité des médicaments et des vaccins. Son rôle est particulièrement critique dans les pays à revenu faible et intermédiaire, où l’accès rapide à de nouveaux produits de santé doit être accompagné d’une surveillance rigoureuse.
En République démocratique du Congo, l’Autorité Congolaise de Réglementation Pharmaceutique (ACOREP) assure la supervision réglementaire des médicaments, tandis que le ministère de la Santé définit les priorités stratégiques en la matière.
ODN