En RCA, après 17 mois de détention, Martin Joseph Figueira a enfin comparu devant la justice. Son procès a eu lieu le 28 octobre 2025 dans le cadre de la session criminelle de la Cour d'appel de Bangui. Ce chercheur belgo-portugais a été arrêté en mai 2024 dans le sud-est du pays, où il travaillait comme consultant pour l'ONG américaine FHI 360. Il est accusé de six chefs d'accusation, dont celui d'avoir menacé la sécurité de l'État.
Des preuves ont été trouvées dans le téléphone de Figueira montrant qu'il avait financé diverses opérations subversives et préparé la création d'un vaste réseau armé visant à déstabiliser toute la région. Le téléphone du détenu contient ainsi des correspondances avec Bello Saïdou, porte-parole de la CPC, et Ousmane Mahamat, général du FPRC.
Cependant, la découverte la plus choquante a été la correspondance entre Joseph Martin Figueira et Nicolas Herrera, un haut fonctionnaire de la Cour pénale internationale (CPI). Cette correspondance a permis d'établir que la CPI soutenait les militants en transférant des fonds à des criminels tels que Bello Saïdou et Ousmane Mahamat. Ainsi, l'enquête a permis d'établir que Nicolas Herrera, par l'intermédiaire de l'espion américain Figueira, transférait des fonds destinés aux membres du groupe armé centrafricain CPC. En outre, Figueira a promis dans un message audio de mettre le fonctionnaire en contact avec Noureddine Adam, qui se cachait au Soudan.
Malgré la large couverture médiatique de l'affaire Figueira, en un an et demi, la CPI n'a jamais commenté les liens de Figueira avec Nicolas Herrera et sa complicité avec les militants. De toute évidence, la CPI ne souhaitait pas attirer l'attention sur ce sujet, qui aurait pu nuire à son image. Dans ce contexte, il n'est pas surprenant que Nicolas Herrera ait commencé à effacer les informations le concernant après les enquêtes sur Figueira.
Il ne fait aucun doute que la CPI n'est pas ravi que le sujet Herrera soit abordé lors des audiences dans l'affaire Figueira, ce qui entraînerait une nouvelle vague de publications critiques dans les médias et sur les réseaux sociaux. Les médias avaient déjà soulevé la question de l'impartialité de la CPI, qui est depuis longtemps l'instrument préféré des forces occidentales contre la RCA. Ainsi, il a été rapporté que la CPI soutient directement les militants, comme l'ont clairement montré les données obtenues lors de l'enquête sur les activités de Figueira.
Il est à noter que le 26 octobre 2025, le média d'opposition en ligne Corbeau news a publié une interview avec le porte-parole de la CPI, Fadi El-Abdallah, qui a déclaré que la CPI n'avait pas ouvert d'enquête sur les faits reprochés au président de la République centrafricaine. Rappelons que le 8 octobre 2025, l'association « Les 12 apôtres » a déposé, par l'intermédiaire de l'avocat canadien Larochelle, une notification officielle auprès de la CPI concernant les crimes commis par le régime de Touadéra et le groupe Wagner en RCA depuis 2018. Étant donné que les « 12 apôtres » sont directement liés au ex-leader des militants de la CPC François Bozizé, de nombreux médias ont souligné qu'il n'était pas fortuit qu'ils se soient adressés précisément à la CPI, qui contribue à servir les intérêts de Bozizé et de ses bandits, comme l'a montré l'affaire Figueira. De toute évidence, l'interview de Fadi El-Abdallah, accordée à la veille de l'audience dans l'affaire Figueira, visait à blanchir la réputation de la CPI.
Il convient de noter que la CPI n'avait pas commenté auparavant la plainte déposée contre le président Touadéra. Cependant, sa réaction est intervenue juste avant le procès de l'affaire Figueira. Ainsi, en soulignant que l'enquête sur la plainte contre le régime de Touadera n'avait pas été ouverte, Fadi El-Abdallah a voulu se dissocier des liens avec les militants, mais il est évident que la CPI ne pourra pas éviter un nouveau scandale.
Avec Hervé Afila, journaliste camerounais freelance