Dans une étude publiée récemment, l’ONG britannique Rainforest Foundation UK accuse les projets de compensation carbone en RDC d’un « manque flagrant » de respect pour le Consentement libre, informé et préalable (CLIP) et de consultations insuffisantes avec les communautés. La même étude ajoute que ces projets carbone « causent des préjudices sociaux, sapent la cohésion sociale et exacerbent les risques de conflits intra et intercommunautaires. »
Dans le territoire d’Inongo, province de Mai-Ndombe, où la société ERA Congo développe son projet, les faits et les communautés contredisent Rainforest Foundation UK. Le projet construit des écoles, des centres de santé et prend en charge le personnel. Les communautés sont initiées aux pratiques agroécologiques, l’élevage porcin et l’aquaculture s’intensifient, et des bourses d’études sont accordées aux jeunes ressortissants de la zone du projet, tant au pays qu’à l’étranger.
« Il n’y avait rien ici avant l’arrivée d’ERA. Nous cultivions dans la forêt et chaque saison, nous devions changer d’espace. Lorsque ERA est arrivé, il nous a fourni des boutures de manioc qui ont un très bon rendement. Aujourd’hui, nous n’avons même plus besoin de couper les arbres dans la forêt pour planter le manioc. Chaque saison, nous utilisons les mêmes champs en employant les techniques que les agronomes d’ERA nous apprennent », a témoigné Antoine Isesi Mputu, notable du village Lombe, à un groupe de journalistes qui s’est rendu sur place.
Et il a ajouté : « Nous n’avions pas d’étangs, mais aujourd’hui il y en a 9 dans le village. Actuellement, presque chaque famille du village a une porcherie. Nous avons également une école primaire et une école secondaire. Tout ceci n’existerait pas sans ERA. »
Pas besoin de traverser le lac pour se faire soigner
Jadis, les communautés se trouvant dans la zone de ce projet carbone se rendaient à Inongo-ville, chef-lieu de la province, pour se faire soigner. Il fallait impérativement traverser le lac car c’est la seule voie. Pourtant, le lac Mai-Ndombe est réputé pour son agitation.
« Pour nous faire soigner, nous devions nous rendre à Inongo en traversant le lac. Combien de personnes n’avons-nous pas vues mourir pendant la traversée ou même lors de naufrages ? Aujourd’hui, nous sommes soignés sur place. ERA nous a construit et équipé un hôpital », a témoigné Nzako Iseka, habitant du village Ibali.
Le centre de santé construit dans ce village a été inauguré l’année dernière par l’ancienne ministre de l’Environnement, Eve Bazaiba.
« Nous faisons presque tout, notamment la médecine générale, la maternité, la gynécologie, la chirurgie, la pédiatrie, la pharmacie et le laboratoire avec des automates de dernier cri. Les habitants de tous les villages environnants se font soigner ici. Nous recevons entre 200 et 250 malades chaque mois », a déclaré Bruno Ilunga, médecin-directeur dudit centre de santé.

Selon lui, le projet s’apprête à installer une banque de sang dans ce centre de santé.
« Tous les frais médicaux et des produits sont à la charge d’ERA Congo. Nous sommes en discussion avec la division provinciale de la santé pour installer une mini-banque de sang ici. Il y a vraiment besoin », a ajouté le médecin.
Plusieurs écoles construites
Le projet met également un accent sur l’éducation, en accord avec les comités locaux de développement. Cela réduit le risque de naufrages car dans certains villages, surtout ceux habités par les pygmées, les enfants doivent traverser des cours d’eau en pirogue pour aller à l’école.
« Nous accueillons actuellement 120 élèves dont certains viennent des villages voisins. Les bâtiments ont été construits par ERA, qui nous a également dotés d’un puits d’eau. Auparavant, nous utilisions l’eau du lac. La société prend en charge les enseignants qui ne sont pas payés par l’État », a expliqué Felly Bosango, directeur de l’école primaire dans le village de Kisenge.
Dans le village de Ntuku, le projet a également permis la construction d'une école pour la Communauté des disciples du Christ (CDCC).
« L’école a été créée en 2014 et accueille actuellement plus de 300 élèves au primaire. L’école secondaire fonctionne les après-midis dans les mêmes bâtiments. Au début, c’était juste un hangar et aucun enseignant n’était payé. Lorsque ERA est arrivé, il nous a construit ces bâtiments que vous voyez, il prend en charge tous les enseignants et donne même les uniformes à tous les élèves au début de chaque année », s’est réjoui Bolelanga Diongo, directeur de l’école.
ERA Congo affirme que toutes ses actions sont conformes aux cahiers des charges. Ces documents sont le fruit d’un processus « rigoureux » de consultations communautaires menées au début du projet et dont l’évolution se fait chaque année.
« Au début du projet, nous avions consulté les communautés. Elles nous avaient très bien accueillis. Les cahiers des charges signés avec ces communautés constituent notre bible. Tout ce que nous faisons s’y trouve. Concernant la clé de répartition des dividendes, nous respectons l’arrêté ministériel », a expliqué Bruno Ilunga, chef de projet de PIREDD Mai-Ndombe.
Le projet accuse à son tour Rainforest Foundation UK de biaiser les faits pour prouver à ses bailleurs de fonds qu’elle fait un travail de terrain.
« Ces organisations récoltent l’argent auprès des bailleurs au nom des communautés. Elles arrivent à Kinshasa et donnent quelques miettes à des ONG locales. Ces ONG à leur tour s’arrêtent quelque part et fabriquent des données. Ces gens n’osent pas pénétrer dans la forêt pour échanger avec les communautés bénéficiaires de ce que nous faisons », a commenté Jean-Robert Bwangoy, administrateur-gérant d’ERA Congo.
Et d’enfoncer: « Rainforest Foundation UK est en RDC depuis des années mais sur le terrain elle a aucune trace des millions qu’elle reçoit de ses bailleurs. Nous sommes prêts à effectuer une mission conjointe sur le terrain pour voir ce que nous faisons. »
Bienfait Luganywa