Officiellement déchu de ses fonctions de vice-gouverneur de la Mongala, Ayaka Kuma Cédric a regagné, contre toute attente, la province dimanche. Un retour controversé, car il intervient après sa déchéance par l'Assemblée provinciale et sa condamnation par la justice pour une affaire d'abus de confiance et d'escroquerie.
Après avoir foulé le sol de Lisala, capitale provinciale, Ayaka Kuma Cédric a organisé un meeting populaire, suscitant de sérieuses interrogations sur de possibles manoeuvres de déstabilisation des institutions provinciales.
Pour prévenir toute éventualité, le gouverneur élu de la Mongala a lancé une alerte au Président de la République. Le numéro un de la province a, dans sa note, dénoncé une tentative de perturbation de l'ordre institutionnel établi.
De plus, l'Assemblée provinciale a également saisi le chef de l'État pour l'alerter sur ce qu'elle a qualifié de « situation grave, préoccupante et suspecte », susceptible de porter atteinte à la stabilité du Gouvernement provincial et à son Autorité.
Dans ce document, l'Organe délibérant explique que certains acteurs politiques en quête de positionnement mènent des démarches pour une réhabilitation administrative et politique de l'ancien vice-gouverneur. Cette initiative est jugée contraire aux procédures en cours et aux décisions déjà prises par les institutions compétentes.
Ayaka Kuma Cédric, condamné par la justice
L'ancien vice-gouverneur de la Mongala, Ayaka Kuma Cédric, a été condamné par le Tribunal de Grande Instance de Kinshasa/Gombe pour abus de confiance et escroquerie. L'affaire l'opposait au député Steve Mbikayi du Parti Travailliste.
En dehors de cela, le Parquet près la Cour de cassation a obtenu l'autorisation d'ouvrir une nouvelle instruction judiciaire contre l'ancien vice-gouverneur pour des faits similaires, alourdissant davantage son dossier pénal. Un passif judiciaire qui devrait l’éloigner de la gestion de la Mongala, question de préserver la crédibilité et la moralité des dirigeants provinciaux.
Pour rappel, l'Assemblée provinciale a voté à l'unanimité une Résolution portant déchéance de l'ancien vice-gouverneur à la suite de son absence prolongée en raison de ses ennuis judiciaires. Ce n'est pas tout, l'Organe délibérant a aussi relevé le retrait de confiance par son propre parti et sa condamnation définitive par la justice. Cette décision demeure jusqu'à ce jour la base juridique régissant la situation au sommet de l'Exécutif provincial.
D'après plusieurs observateurs, le retour de l'ancien vice-gouverneur à Lisala, suivi d'un meeting populaire, a ravivé les tensions au sein de l'opinion politique locale. Ils indiquent que ses initiatives posent la question du respect de l'État de droit et du message envoyé à la population en matière de gouvernance, de moralité publique et de crédibilité des dirigeants.
Pour les autorités provinciales, il s'agit d'une tentative de passage en force politique, susceptible de fragiliser la cohésion institutionnelle au niveau de la province et de créer un précédent dangereux pour la stabilité de la province.
C'est dans ce cadre que l'Assemblée provinciale de la Mongala en appelle à l'arbitrage du chef de l'État, en sa qualité de garant du bon fonctionnement des institutions du pays, pour éviter une crise institutionnelle et préserver la quiétude dans cette province.
Taty Zoé Kabisha
Analsyte politique indépendant