Le porte-parole des Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC), le général-major Sylvain Ekenge, a été suspendu de ses fonctions ce lundi 29 décembre 2025 par le chef d’état-major général.
Selon des sources militaires citées par l’agence Congolaise de Presse, cette décision intervient quarante-huit (48) heures après la diffusion de propos polémiques tenus par l’officier général à l'encontre de la communauté Tutsi.
Samedi, lors d'une intervention publique, le général-major Ekenge avait soutenu l'existence d'un prétendu "stratagème" impliquant les femmes de cette communauté. Il les accusait d'utiliser la procréation comme un outil politique visant à pérenniser une "suprématie" ethnique dans la région.
Ces déclarations ont immédiatement suscité une vague d’indignation au sein de la diplomatie, de la société civile et des organisations de défense des droits humains, qui y ont vu un discours de haine et une incitation à la discrimination ethnique, dans un contexte sécuritaire déjà extrêmement tendu dans l'Est du pays.
Selon une source sécuritaire à Kinshasa s'exprimant sous couvert d'anonymat, « ces propos sont en totale contradiction avec les valeurs de l'armée et les orientations du commandant suprême ».
La suspension du général Ekenge semble marquer une volonté de fermeté de la part du pouvoir exécutif. Le président Félix Tshisekedi a, à plusieurs reprises, rappelé son opposition à toute forme de stigmatisation ou de discrimination visant les communautés congolaises, y compris les Congolais d'expression rwandophone.
Dans ses récents discours, le chef de l’État a insisté sur la distinction nécessaire entre les agressions extérieures et les citoyens congolais, afin d'éviter les dérives identitaires qui ont, par le passé, ensanglanté la région des Grands Lacs.
Le général-major Sylvain Ekenge était, jusqu'à sa suspension, l'un des visages les plus connus de l'armée congolaise, chargé de communiquer sur les opérations militaires contre les rebelles du M23 dans le Nord-Kivu.
Alphonse Muderwa