4 mois après la plainte déposée par Luzolo Bambi, silence total

Mercredi 7 octobre 2015 - 14:01

Lutte contre la corruption, blanchiment des capitaux et financement du terrorisme : 4 mois après la plainte déposée par Luzolo Bambi, silence total.
On se demande si cette démarche du chef de l’Etat n’était qu’un coup d’épée dans l’eau, ou alors, les prétendus coupables seraient prêts à éventrer le boa, raison pour laquelle l’affaire est visiblement classée sans suite

Le chef de l’Etat Joseph Kabila, à travers son conseiller spécial en matière de bonne gouvernance et de lutte contre la corruption, le blanchiment des capitaux et le financement du terrorisme, Luzolo Bambi Lesa, avait déposé, mardi 23 juin 2014, sa toute première plainte contre la corruption au Parquet général de la République.

C’était la panique générale dans le propre camp de la Majorité présidentielle où, selon des indiscrétions, des gouverneurs en fonction seraient mis en cause. Certains avaient même promis d’éventrer le boa au cas où leurs noms seraient cités dans cette plainte.

Aujourd’hui, près de quatre mois après, c’est le silence total. Le parquet général n’a jamais donné suite à l’évolution de prétendues enquêtes initiées pour mettre la main sur les coupables. De son côté, le conseiller spécial est resté aphone.

Pour certains acteurs politiques de l’Opposition, c’était, pour le pouvoir, une stratégie de détourner l’attention de la population sur les brûlantes questions qui dominaient, à cette époque, l’actualité politique en République démocratique du Congo.

Car, des pressions étaient exercées par la classe politique de l’Opposition pour contraindre le pouvoir en place à accorder des moyens à la Commission électorale nationale indépendante (Ceni) en vue d’enrôler les nouveaux majeurs, et barrer la route aux consultations initiées par Joseph Kabila dans le but, selon plusieurs Congolais, de ne pas respecter le délai constitutionnel pour la tenue de la présidentielle en 2016.

De leur côté, les organisations non gouvernementales des droits de l’homme qui avaient salué l’initiative, avaient néanmoins mis en garde contre toute velléité de verser dans les règlements de compte pour écarter quelques personnalités de la course au pouvoir en 2016. Pour ces Ongdh, la démarche avait donc des visées politiques.

On se demande donc si cette plainte n’était qu’un coup d’épée dans l’eau, ou alors, les prétendus coupables sont prêts à défier le chef de l’Etat, raison pour laquelle l’affaire est classée sans suite.

Selon Luzolo Bambi Lesa, plusieurs plaintes provenant des dénonciateurs dont s’était approprié Joseph Kabila, font état de détournements de deniers publics et de corruption presque dans tous les secteurs de la vie nationale.

Ce conseiller avait soutenu que le chef de l’Etat venait ainsi d’accomplir sa part de responsabilité. « A la justice aussi d’accomplir la sienne », avait déclaré Luzolo Bambi.

Il faut noter qu’en entrant en fonction, ce dernier avait promis d’agir et d’en faire le rapport dans les trois mois.

Deux mois après, il avait indiqué que la corruption est devenue endémique en RDC, et qu’il fallait l’arrêter, dénonçant une fraude fiscale de 15 milliards $US enregistrée au pays chaque année, alors que son budget annuel est de 8 milliards.

Malgré la multitude des dossiers sans nul doute à traiter, l’opinion pense que le Parquet général de la République pouvait faire de son mieux pour accorder la priorité à cette plainte déposée par le chef de l’Etat, de surcroît Magistrat suprême.

Il se peut que les enquêtes soient suspendues pour des raisons politiques. Possible en République démocratique du Congo. Mais c’est chaque matin que certains ministres claironnent aux oreilles de ceux qui veulent les entendre que la justice est indépendante dans ce pays, et que le principe de séparation des pouvoirs est de stricte observance.

Par Lefils Matady