Improvisé superviseur de la cérémonie de reprise-remise entre l’ex- province du Katanga et les nouvelles provinces issues de cette dernière, Richard Muyej commissaire spécial du Lualaba, a créé la surprise. En pleins travaux, il s’est agité en tombant sur un document qui faisait mention d’une dette contractée par l’ancien gouvernement provincial pour une valeur de 55 millions USD. Sans se faire prier, l’homme qui porte sur sa tête les casquettes des deux partis politiques, a d’autorité (sic!) donné l’ordre de suspendre la cérémonie aux fins, a-t-il prétendu, de requérir l’assistance d’experts qui devront venir de Kinshasa. Croyant être tombé sur une offre en or pour saborder les empreintes indélébiles laissées par Moïse Katumbi Chapwe et son équipe gouvernementale, l’apprenti sorcier a aussitôt appelé la presse pour crier au voleur. Réponse du berger à la bergère, Christian Mwando Nsimba, ancien ministre provincial des finances, n ‘a pas fait dans la dentelle. Du tac au tac, il a rabattu le caquet à Richard Muyej devant un parterre de professionnels des médias de Lubumbashi. Dans la foulée, il a administré au commissaire spécial une leçon des finances publiques en démontrant que ce qu’il a appelé un trou de 55 millions USD n‘est en réalité qu‘un emprunt relatif au plan de financement des travaux d’infrastructures. Selon Christian Mwando Nsimba, la précipitation dont Richard Muyej a fait preuve était due à son intention de nuire aux anciens dirigeants du Katanga dont il ne supporte pas l’ascension politique. « Cela dénote que la vraie mission dont ce commissaire spécial a été chargée consiste à faire la chasse aux sorcières et nuire aux adversaires politiques; mais cela est très mal tombé parce qu’il s’agit d’un mensonge grossier », a conclu Christian Mwando Nsimba. Ci-après un extrait de l’intervention de Christian Mwando Nsimba
« La manière précipitée dont le commissaire dont question a procédé pour aller vilipender les anciens dirigeants de la province du Katanga devant les médias est une manière déplorable. Ceci dénote de la vraie mission de ce commissaire, celle de faire la chasse aux sorcières et nuire de toutes les manières aux adversaires politiques. Mais cela est très mal tombé parce qu’il s’agit d’un mensonge grossier.
Quant à l’emprunt, le trou de 55 millions USD que le commissaire confond certainement avec les engagements sur les travaux en cours ou les commandées glacées par la province. En effet, le gouvernement provincial n’a laissé à titre d’emprunt que 2 millions USD qui arrivent d’ailleurs à échéance le mois prochain, au 31 décembre 2015.
Le recours aux emprunts est une pratique courante pour financer les investissements. Et pour une province dont le revenu annuel net avoisine les 350 millions USD, un emprunt encore en cours de 2 millions USD est pratiquement insignifiant.
Quant au nantissement des recettes sur la taxe concentrée et la taxe voirie, il y a lieu de noter que tout investissement sérieux nécessite un plan de financement qui garantit au partenaire la bonne fin des travaux. En l’absence de la rétrocession du budget d’investissement, quelle garantie la province pouvait-elle donner en gage aux entrepreneurs pour la bonne fin des travaux sinon les taxes les plus viables et les plus sûres? Il s’agit donc des signatures des contrats tripartites pour l’exécution des travaux dont la traçabilité était assurée par le versement anticipatif des taxes au trésor provincial.
Quelques entreprises minières, que je remercie au passage, dont Mumi, Boss Mning, Kcc et Frontiers, ont accepté de payer anticipativement les taxes pour permettre de financer des investissements précis à travers la province.
C’est grâce à ce système que nous avons pu construire plusieurs kilomètres de routes asphaltées tant à Lubumbashi, à Kolwezi, à Likasi, à Kamina qu’à Kalemie; la construction des écoles, l’électrification de Kasaji, le rétablissement du bâtiment du Lycée Kiwele, du bâtiment Grana, du pont Nyemba.
Ce même système a été utilisé avec le péage de Kasumbalesa pour construire la route Lubumbashi-Kasumbalesa et la route Likasi-Kolwezi. A ce jour, ce crédit d’impôt ne représente plus qu’aux environs de 13 millions USD. Les commissaires spéciaux peuvent donc, s’ils le souhaitent, apurer ce crédit d’impôt sur un seul mois en supprimant, notamment le nantissement en cours pour la route Lwambo-Ankoro tel que décidé par le gouvernement central sur la taxe concentrée ».
Par LP