En levant la mesure de suspension
Emporté dans ses hallucinations, le ministre des PT-NTIC a embarqué maladroitement le gouvernement dans un dossier qui n’avait rien d’illégal et de compromettant pour la République. Une lettre signée par le directeur de cabinet du président de la République et datée du 9 septembre 2014 vient de clore un litige qui n’aura finalement existé que dans la tête de Tryphon Kin-Kiey Mulumba.
« Mentez, mentez, il en restera toujours quelque chose », renseigne à un vieil adage. Tryphon Kin-Kiey Mulumba, ministre des Postes, Télécommunications et Nouvelles technologies de l’information et de la communication (PT-NTIC), qui a voulu recréer la roue dans le dossier StarTimes, vient de le vivre à ses dépens.
Après avoir mobilisé ses réseaux pour faire clouer la firme chinoise, le ministre des PT-NTIC vient de recevoir un camouflet dont il se souviendra longtemps. En effet, là où il a crié à une violation flagrante des dispositions régissant le secteur opérationnel de Startimes, le directeur de cabinet du chef de l’Etat, Gustave Beya Siku, n’a trouvé aucun indice de culpabilité dans le chef de la firme chinoise.
Pourtant, il y a quelques jours, Kin-Kiey Mulumba mobilisait ce qu’il compte comme bras médiatique pour une descente aux enfers de la société chinoise. Il pensait avoir réussi son coup lorsqu’il a pu obtenir, après l’arbitrage du Premier ministre, la suspension du signal de StarTimes.
En visionnaire, Le Potentiel avait vu juste en titrant dans l’une de ses livraisons que Kin-Kiey induisait le Premier ministre en erreur dans le dossier StarTimes. La présidence de la République vient d’abonder dans le même sens. C’est dire que dans l’affaire StarTimes, Kin-Kiey a roulé tout un gouvernement dans la farine.
La lettre coupe-gorge de Beya Siku
Le démenti est à la fois cinglant et sans appel. Dans une correspondance adressée directement au président du Collège de l’Autorité de régulation de la poste et des télécommunications du Congo (ARPTC), avec notamment ampliation au ministre des PT-NTIC et à son collègue des Médias, le directeur de cabinet du chef de l’Etat remet les pendules à l’heure.
Sans détours, Gustave Beya Siku précise, au vu de l’examen des pièces pertinentes liées au dossier StarTimes, qu’« il ressort que l’ARPTC sera mal venue de prendre quelque décision de suspension à l’endroit de la société StarTimes, tant il est vrai que celle-ci n’est titulaire d’aucun droit lui octroyé par elle ».
Là où Kin-Kiey et Mende ont fait recours à la Cour suprême de justice pour trancher en dernier ressort sur le dossier StarTimes, le directeur de cabinet du chef de l’Etat note que « l’avis consultatif de la Cour suprême de justice ne présente, en l’occurrence, aucun intérêt par rapport au statut de l’ARPTC ». Et de poursuivre en ces termes : « Comme il est, vous n’accéderez pas à la demande formulée dans la lettre N/REF : M-MRPINCL/LMO/1349/MIN/2014 N° CAB/MIN/PTNTIC/TKKM/cdj/2281/2014, signée conjointement par le ministre des Médias, chargé des Relations avec le Parlement et de l’Initiation à la Nouvelle citoyenneté ainsi que par le ministre des Postes, Télécommunications et Technologies de la communication ». C’est tout dire.
Triste fin pour un ministre qui se croyait pour le centre de la terre. Comme qui dirait : « Est pris qui croyait prendre ». En effet, le ministre des PT-NTIC est tombé dans son propre piège. Il pensait se conformer à la loi, alors qu’il s’en écartait superbement dans ses éternels égarements. Gustave Beya Siku le lui a rappelé dans sa lettre du 9 septembre 2014. Ce qui met fin à toute forme de polémique sur le dossier StarTimes.
A tout point de vue, l’on se rend compte que le contentieux autour de StarTimes n’aura été qu’une pure invention de Kin-Kiey Mulumba. Il a réussi, usant de tact et de ruse, à embarquer le Premier ministre dans une affaire qui ne sera pas sans effet sur non seulement son image mais surtout ses rapports avec le président de la République.
Tryphon Kin-Kiey a feint d’ignorer que dans son organisation toute comme dans son fonctionnement, l’ARPTC, seule autorité habilitée à accorder les fréquences en RDC, dépend directement du président. En allant jusqu’à s’immiscer dans les attributions de l’ARPTC, Kin-Kiey Mulumba a commis une erreur qui ne restera pas sans effet sur son avenir politique au sein du gouvernement. En méconnaissant la loi, il s’est brûlé les doigts – de la plus belle manière.
Pour l’instant, l’on doit se féliciter de l’implication du chef de l’Etat qui a mis fin à l’anarchie. Une décision qui va dans l’intérêt de sauvegarder non seulement une entreprise acculée mais aussi de sécuriser la population qui a placé sa confiance en l’opérateur chinois. Voilà une leçon que toute personne investie d’un quelconque pouvoir dans la hiérarchie de l’Etat devait prendre pour référence. La République n’est pas un fait privé que l’on gère au gré des intérêts personnels et égoïstes.
Exit Kin-Kiey Mulumba
Kin-Kiey avait cru amuser la galerie en accentuant la pression sur StarTimes. Les faits ont tourné en sa défaveur. Le dénouement de cette affaire démontre que StarTimes n’a nullement évolué dans l’illégalité ou en marge des services taxateurs de l’Etat. L’affaire StarTimes n’a jamais existé. Seul Kin-Kiey, en sa qualité d’affabulateur récidiviste, en savait quelque chose. Le président de la République a vite fait de le ramener à la raison évitant à ce que cette affaire ne tourne à un incident diplomatique entre la RDC et la Chine.
Surtout après tout ce que la Chine a consenti comme investissements pour donner corps aux cinq chantiers de la République, d’abord et ensuite à la Révolution de la modernité. Il était donc temps que le chef de l’Etat mette fin à cet embrouillamini qui sentait la maffia à des kilomètres à la ronde. Raison pour laquelle d’aucuns exigent la démission immédiate de l’intrigant et sa mise en examen.