La foule venue pacifiquement attendre les décisions de la Chambre du Conseil de la CSJ dans ces deux dossiers a été sommée de quitter la salle d’audience par des policiers sans la moindre explication
La Cour Suprême de Justice (CSJ) devait se prononcer hier mercredi 16 mars 2016 sur la libération conditionnelle ou pas des deux activistes pro-démocratie de Filimbi, Fred Bauma et Yves Makwambala ainsi que la liberté provisoire sollicitée par les avocats du défenseur des droits de l’homme Christopher Ngoyi Mutamba dont l’état de santé se détériore.
Mais l’assistance composée en grande partie des organisations de la société civile de défense et de promotion des droits de l’homme tant nationales qu’internationales, des journalistes, personnalités politiques, et de diplomates venus à la CSJ pour attendre la décision de la chambre du Conseil de cette haute instance judiciaire est rentrée très déçue.
Car, outre le fait que la CSJ ne s’est pas prononcée sur la demande de liberté provisoire ou conditionnelle de Yves Makwambala, Fred Bauma et Christopher Ngoyi Mutamba, l’assistance a été finalement sommée de quitter la salle par les policiers gardant les lieux, sans la moindre explication.
Il était 17h 45, en effet, lorsqu’un policier est venu dire au public de vider la salle au motif que tous les hauts juges étaient déjà partis et qu’il n’y avait plus personne au bureau.
C’était une grosse déception dans les rangs de l’assistance. Ce qui a poussé les avocats et activistes des droits de l’homme présents hier à la CSJ à dénoncer ce qu’ils considèrent comme une prise en otage de la justice par le politique. Surtout que Fred Bauma, Yves Makwambala et Christopher Ngoyi Mutamba sont considérés par certains observateurs comme des prisonniers du régime de Kinshasa.
Arrêtés illégalement depuis une année, Fred Bauma et Yves Makwambala ont entamé depuis une grève de la faim jusqu’à ce qu’ils vont obtenir une liberté conditionnelle.
Quand au défenseur des droits de l’homme, Christopher Ngoyi Mutamba, son état de santé inquiète de plus en plus.
D’après le bulletin médical, ce défenseur des droits de l’homme souffre d’une anémie sévère, d’une gastrite aigue et d’une cardiopathie hypertensive. Et sa famille qui redoute le pire continue à réclamer sa liberté provisoire, afin de permettre à Christopher Ngoyi Mutamba de suivre les soins appropriés dans un centre hospitalier spécialisé à l’étranger.
L’absence des juges de la CSJ hier pour statuer sur les deux dossiers est perçue comme un manque d’indépendance de cette cour par certains observateurs présents. Ces derniers déplorent la non application des recommandations des Etats généraux de la justice tenus dernièrement à Kinshasa sous le haut patronage du président de la République, Joseph Kabila.
Emmanuel Cole Adu, responsable de l’ONGDH « la Fondation Bill Clinton pour la Paix (FBCP) a aussi déploré l’absence des juges et lancé un appel pour que soient appliqués les articles 149 et 150 de la Constitution.
Brave combattant de la liberté
L’activiste Christopher Ngoyi Mutamba avait multiplié des activités au début janvier 2015, afin de mobiliser la population pour participer au meeting du 11 janvier, cinq jours avant la session de l’Assemblée nationale qui devait adopter les modifications de la loi électorale.
Le 21 janvier 2015, Christopher Ngoyi a été enlevé vers 20h00 dans la commune de Kalamu et gardé dans les geôles de l’Agence Nationale des Renseignements (ANR).
Il a été présenté officiellement devant la presse tant nationale et internationale, en présence du Vice-Premier ministre et ministre de l’Intérieur et mis à la disposition de la justice, au parquet Général de Matete, puis transféré à la prison Centrale de Makala trois jour après.
Eveil de conscience de la jeunesse congolaise
En vue de renforcer le processus démocratique et la gouvernance des institutions politiques à travers la promotion d’un processus électoral libre, démocratique, transparent et apaisé, la jeunesse congolaise réunie au sein des différentes associations comme la Lutte pour le Changement (Lucha), Jeunesse pour une nouvelle société (JNS), Forum de la jeunesse pour l’excellence (FNJ), Filimbi, Eloko makasi avaient fait appel aux mouvements sociaux africains comme » Y’en a marre » du Sénégal et » Balai citoyen » du Burkina Faso, pour échange d’expériences en vue d’un éveil de la conscience de la jeunesse congolaise sur les prochaines élections en RDC.
L’atelier qui coïncidait avec le lancement du collectif Filimbi avait, entre autres, pour objectif de discuter sur l’engagement citoyen des jeunes dans le contexte de la RDC.
FNJE avait organisé à Kinshasa, plus précisément dans la commune de Masina du 14 au 15 mars un atelier qui a regroupé les jeunes provenant du Katanga, Nord-Kivu et de Kinshasa pour parler d’engagement civique et de mobilisation de la jeunesse sur le processus électoral en cours, surtout pour renforcer le processus démocratique et la gouvernance des institutions publiques à travers notamment la promotion d’un processus électoral libre, transparent et apaisé.
Ainsi, la présence des Sénégalais et du Burkinabe, Fadel Barro, Aliou Sane, Malal Talla, Ouedraogo Sbiri était un moment important d’échange d’idées, pour un engagement pacifique et citoyen des jeunes de la République démocratique du Congo.
Cette rencontre avait pour but d’exercer une citoyenneté volontaire et plus épanouie dans tous les domaines d’intervention en milieu associatif, dans les universités, dans le monde des arts, en politique, dans le domaine des entreprises. Il ne s’agissait donc pas de mener des activités subversives contre Kinshasa, comme une certaine opinion veut aujourd’hui le présenter.
Par G.K.M.