Abdoul Aziz Thioye, directeur du Bureau Conjoint des Nations-Unies pour les Droits de l’Homme(BCNDH) a révélé, le mercredi 25 mars 2015, que ses collaborateurs n’ont pas toujours eu physiquement accès aux militants pro-démocratie congolais aux arrêts dans les locaux de l’Agence nationale de renseignement( ANR) à Kinshasa depuis plus de 10 jours. Au cours de la conférence de presse hebdomadaire de la Mission des Nations-Unies pour la stabilisation de la RDC(Monusco) d’hier, le fonctionnaire onusien, tout en regrettant cette situation, a indiqué qu’ils ont eu des réunions avec les responsables de sécurité, sans rencontrer les détenus.
Ces activistes, convient-il de rappeler, ont été arrêtés le 15 mars avec les leaders des mouvements citoyens « Y’en a marre » et « Balai citoyen » au cours d’une conférence de presse organisée à l’espace Filimbi à Masina. Dans le lot des personnes jusqu’ici détenues, l’on cite le fils du député national Gilbert Kiakwama Kia Kiziki qui, dans une motion incidentielle défendue au cours de la plénière du lundi 23 mars à l’Assemblée nationale, a dénoncé une arrestation arbitraire. Il a invité la chambre basse du Parlement à s’impliquer dans ce dossier car craignant pour la vie de son fils. A son avis, les jeunes ont le droit de réfléchir sur leur pays. « Je crains que mon fils ne se retrouve être un autre Chebeya. Ils ont été arrêtés ou raflés. Je demande qu’on les libère parce qu’ils n’ont pas commis de fautes, parce qu’ils parlent pour leur pays. Ils réfléchissent publiquement. Il n’y a vraiment rien à leur reprocher », a déclaré Gilbert Kiakwama.
En guise de réponse, le président de l’Assemblée nationale a annoncé la mise sur pied d’une mission d’informations qui devra mettre à la disposition des députés des informations à ce sujet.
Notons que ces jeunes arrêtés le 15 mars dernier n’ont pas encore été formellement inculpés. L’un d’entre eux, le journaliste Eric Izami de la chaîne de télévision privée Antenne A, a été relaxé après trois jours de détention à l’ANR.
Sur la trentaine de personnes arrêtées le 15 mars, sept sont toujours en détention. Leur avocat, Me Lumu, a déposé lundi 23 mars une plainte contre inconnu pour enlèvement, arrestation, détention et perquisitions illégales ainsi que pour violation des droits garantis aux particuliers.
Tshieke Bukasa