Le Bâtonnier Ntoto Aley Damas n’est plus. Cette icône du Barreau congolais est morte le mardi 2 décembre 2014 à Kinshasa, a-t-on appris d’une source proche de sa famille biologique.
Il a fait preuve d’un dévouement exceptionnel dans la défense des opposants, journalistes et Défenseurs des droits de l’Homme victimes de harcèlement judiciaire ainsi que des causes des personnes indigentes.
Le feu Bâtonnier Ntoto Aley Damas a été un membre actif du Comité scientifique de I’ACAJ.
Avec ACAJ, il a fermement lutté pour l’indépendance du pouvoir judiciaire et pour le respect des principes d’un procès équitable au Conseil National de l’Ordre des Avocats de la RDC.
Sa mort constitue une perte immense pour sa famille biologique et, pour l’ACAJ ainsi que pour la famille des défenseurs des droits de l’homme de la RDC, note Me Georges Kapiamba, président de I’ACAJ.
L’illustre disparu était un homme de caractère et un pionnier dans la lutte, la protection et la défense des droits de l’homme.
J’ai encore frais dans ma mémoire son engagement dans l’affaire Chebeya et Bazana. Il posait de tout son poids, à coté du Bâtonnier Jean Joseph Mukondi wa Mulumba avec qui ils avaient réussi à coordonner plus de cinquante avocats “, témoigne Hubert Tshiswaka Masoka, avocat et défenseur des droits de l’homme.
Humble, discret et fin stratège
De son vivant, le Bâtonnier Ntoto Aley savait quand il fallait travailler pro deo pour une cause commune. Il était présent là où on avait besoin de lui. Humble et discret, mais très efficace dans les stratégies judiciaires.
Il a été plusieurs fois interpellé ou arrêté, à l’époque du régime de Mobutu, à cause de ses critiques sur la dépendance de la justice à l’exécutif.
Il s’est distingué tout au long de sa carrière par la défense des opposants, des journalistes et des défenseurs des droits de l’Homme notamment Firmin Yangambi, Floribert Chebeya et 12 membres de l’ADIVB de Bandundu. Il s’occupait des dossiers en cassation d’assistance judiciaire gratuite pour des indigents.
Il était vice-président du bureau des consultations gratuites du Barreau près la Cour suprême de justice. Il s’exprimait assez souvent en public sur le mauvais fonctionnement des institutions de la RDC et principalement de la justice.
Conseiller juridique d’Etienne Tshisekedi
Candidat député national dans la ville de Kikwit, dans la province de Bandundu pour le compte de l’Union pour la Démocratie et le Progrès Social (UDPS) lors des élections de triste mémoire du 28 novembre 2011, cet éminent avocat était aussi conseiller juridique d’Etienne Tshisekedi, président national de l’UDPS.
Ntoto Aley était victime de harcèlement disciplinaire. Ce que d’aucuns pensaient qu’il s’agissait d’un règlement des comptes.
Ce harcèlement a débuté le 27 mars 2014, lorsque le bâtonnier Ntoto a été notifié d’une citation à comparaître le 28 mars en matière disciplinaire devant le Conseil national de l’Ordre au motif qu’il aurait mené une mauvaise campagne en distribuant des invitations contenant sa photo “.
Ce dernier était alors candidat à l’élection du bâtonnier national qui devait avoir lieu à Kinshasa le 29 mars 2014.
Le 28 mars, Me Ntoto avait comparu devant le Conseil composé entre autres de ses trois adversaires à l’élection, à savoir bâtonnier Matadi Wamba, le Doyen Mbungu et le bâtonnier Banza, ainsi que du bâtonnier sortant Mbuy Mbiye, qui fut son challenger à la sélection préalable et débarqué par le Conseil de l’Ordre près la Cour suprême de justice.
Pendant la campagne, plusieurs personnes auraient fait circuler le bruit qu’il ne fallait pas voter pour le bâtonnier Ntoto.
GODE KALONJI MUKENDI