Bataille rangée entre la FEC et le gouvernement

Mardi 31 mai 2016 - 15:38

Entre le patronat congolais, la FEC (Fédération des entreprises du Congo, et le Premier ministre, Matata Ponyo Mapon, C’est la bataille rangée. Dans un communiqué au vitriol, diffusé en début de semaine, le cabinet du Premier ministre rappelle tout le mal que le président de la FEC a causé à la République, depuis la débâcle du PEG 2 en 2012, la désintégration de la Banque centrale du Congo et la déroute de la Gécamines.

 

Entre le Premier ministre, Matata Ponyo Mapon, et le président de la Fédération des entreprises du Congo (FEC), il n’a jamais existé un parfait amour. Le second, qui cumule les fonctions de président du patronat congolais, du membre du Conseil d’administration de la Banque centrale du Congo et du président du Conseil d’administration de la Gécamines (Générale des carrières et des mines), ne porte pas le chef du gouvernement. Il l’a prouvé à plusieurs reprises.

 

En effet, le n°1 n’a jamais digéré l’élévation de celui qui, après avoir été ministre des Finances entre 2010 et 2012, pilote depuis avril 2012 l’action du gouvernement. Pire, les prouesses économiques qu’alignent Matata n’ont pas toujours fait le bonheur de l’aile conservatrice du patronat congolais.

 

Avec Matata, le bon dosage dans la mise en œuvre de la politique économique a produit des résultats spectaculaires. Partout ailleurs dans le monde, le Premier ministre Matata est cité en exemple dans la bonne gouvernance. Il est allé prêcher à travers son équation magique selon laquelle «Lutte contre la pauvreté = bonne gouvernance + leadership fort ».

 

Aujourd’hui, dans la lignée de la vision tracée par le chef de l’Etat, le gouvernement Matata a arrimé la RDC sur la voie de l’émergence. Ce qui ne fait pas e bonheur de tous, notamment du président de la FEC qui, sans doute, aurait souhaité se retrouver à la place de Matata. Aussi, s’est-il chargé de régler publiquement des comptes au Premier ministre.

 

OEIL POUR OEIL,…

A la Primature, la réaction ne s’est pas fait attendre. Dans un communiqué diffusé en début de semaine, le cabinet du Premier ministre a remis à sa place le président du patronat congolais.

Pour une fois, le Premier ministre s’est voulu à la fois direct et tranchant.

 

Lorsque le président de la FEC remet en cause la portée du Parc agro-industriel de Bukanga-Lonzo dans l’ex-province du Bandundu et la justesse du nouvel immeuble du gouvernement sur la place Royal à Kinshasa, le cabinet du Premier ministre conseille à la FEC « de toujours s’informer préalablement auprès du Gouvernement sur des questions dont la complexité dépasse parfois ses compétences sectorielles ». « Ce qui peut, note la Primature, lui éviter de formu1er des jugements en contradiction avec la théorie et la pratique professionnelle ».

 

Quand la FEC se présente en donneur des leçons en matière de bonne gouvernance, la Primature ne cache pas son indignation. « D’aucuns s’étonnent que le président de la FEC, président du Conseil d’administration de la Gécamines, dont la mauvaise gouvernance (connue de tous les Congolais) décriée à maintes reprises par les syndicalistes et les institutions internationales, puisse donner des leçons de gestion au Gouvernement ».

La Primature rappelle tout le mal que le président de la FEC a infligé à la République, notamment dans la chute brutale en novembre 2012 du second Programme économique du gouvernement (PEG 2).

 

Là aussi, Matata ne porte pas des gants. «Alors que le FMI félicitait le Gouvernement pour une gestion exemplaire de son programme, avec accomplissement de tous les critères quantitatifs et qualitatifs, l’ensemble des Congolais perdaient plusieurs centaines de millions de dollars américains à cause de la mauvaise gouvernance de la Gécamines. Près de 100 millions de dollars américains devra lent être accordés par la BAD à la RDC au titre de don en 2011. Cela n’a pu être possible à cause- de la Gécamines. Sans se rappeler de l’impact négatif de la gestion de la Gécamines sur la réputation de l‘ensemble du pays, le président de la FEC s’étonne que le Gouvernement ne soit pas en programme avec le FMI. Quel programme crédible le Gouvernement peut-il conclure avec le FMI sur fond de la mauvaise gouvernance reconnue de la Gécamines ?»

 

La Primature ne manque pas de revenir sur la situation désastreuse de la Banque centrale du Congo où siège au Conseil d’administration le président de la FEC. Il rappelle à ce propos que « le Président de la FEC est depuis plusieurs années membre du Conseil d’administration de la Banque centrale du Congo (BCC), dont la gouvernance a été dernièrement critiquée par plusieurs députés nationaux lors du débat sur la situation de la Banque Internationale pour l’Afrique au Congo (BIAC) ».

 

RÉPONSE DU BERGER À LA BERGERE

A Matata de s’interroger : « Un mauvais gestionnaire peut-il enseigner la bonne gouvernance ? »

Sa réponse est tout autant piquante. C’est une interpellation directement destinée au monde des affaires. Le Premier ministre appelle à cet effet la FEC à «se choisir un patron à la tête d’une grande entreprise privée connue dont les performances et la bonne gouvernance peuvent servir d’exemple, comme ce fut le cas par le passé ».

Le Premier ministre récuse toute la diatribe distillée contre le gouvernement par le président de la FEC. Il conclut en ces termes : « Un président du Conseil d’administration d’une entreprise publique en déficit chronique de gouvernance peut-il donner des leçons au Gouvernement, son actionnaire unique? »

LP