Il y aurait trois mineurs parmi les cinq femmes qui auraient été agressées sexuellement par des Casques bleus de la mission de l'ONU en Centrafrique (Minusca). L'ONU, qui a reçu de nouvelles allégations d'agressions rapporte mercredi 11 novembre que deux femmes sont désormais enceintes. Une équipe de la Minusca se rendra jeudi à Bambari, dans le nord de Bangui, pour collecter des informations sur ces allégations qui impliqueraient des soldats de la République démocratique du Congo.
Déjà 17 cas signalés
La Minusca a déjà été frappée par des allégations similaires d'agressions commises y compris contre des mineures. La plus jeune victime citée avait 11 ans. A la mi-septembre, dix-sept cas d'accusations d'exploitation ou d'abus sexuels visant le personnel civil ou militaire de l'ONUen Centrafrique avaient été signalés à la Minusca. Des soldats français de l'opération Sangaris sont aussi sous le coup d'une enquête pour viols d'enfants en Centrafrique.
C'est au moins la deuxième fois que des soldats de RDC sont accusés d'exactions dans une mission de l'ONU. En août trois jeunes femmes dont une mineure avaient accusé des soldats congolais de les avoir violées et Kinshasa avait promis qu'ils seraient traduits devant la justice. Il revient à chaque pays de sanctionner ses Casques bleus responsables d'infractions.
Le "cancer" de l'ONU
Le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon avait qualifié ces abus de "cancer dans (son) organisation" et avait annoncé qu'il "n'hésiterait pas à rapatrier des contingents entiers" de Casques bleus s'ils commettaient des exactions et que leurs pays d'origine ne les sanctionnaient pas. M. Ban a limogé en août le chef de la Minusca puis a commencé à suspendre les salaires de Casques bleus impliqués dans des exactions.
Le chef actuel de la Minusca, le Gabonais Parfait Onanga-Anyanga a "condamné de tels actes qui sont complètement inacceptables" et promis de prendre "rapidement des mesures appropriées si ces allégations sont confirmées".
Seize missions de maintien de la paix de l'ONU, comptant près de 105.000 soldats et policiers venant de 124 pays, sont actuellement déployées dans le monde. Le pays contributeur reçoit environ 1.000 dollars par mois pour chaque Casque bleu. L'ONU s'apprête en outre à envoyer plus d'un millier (1.140) de Casques bleus supplémentaires dans le pays, en proie à de nouvelles violences à l'approche d'élections législatives et présidentielle le 27 décembre.
Le renversement en mars 2013 du président François Bozizé par la rébellion Séléka a plongé l'ex-colonie française dans sa plus grave crise depuis son indépendance en 1960, déclenchant des tueries entre communautés musulmane et chrétienne en 2013 et 2014.