Etienne Tshisekedi, le président de l'UDPS (opposition), a signé depuis Bruxelles un communiqué très violent à l'égard du pouvoir en RDC, suite à la découverte d'une fosse commune à Maluku.
Étienne Tshisekedi n'a rien perdu de sa verve. En tout cas pas celle qui jaillit de sa plume. Affaibli par des problèmes de santé qu'il traite à Bruxelles depuis de longs mois, le président de l'Union démocratique pour le progrès social (UDPS) a signé un communiqué au vitriol (voir ci-dessous), en date du 8 avril, au sujet de la découverte d'une fosse commune à Maluku contenant les corps de plus de 420 personnes non identifiées.
"Il ne fait aucun doute que les corps ensevelis en catimini ne peuvent qu'être des victimes des escadrons de la mort, utilisés et envoyés pour tuer comme toujours tous ceux qui s'opposent à un pouvoir illégitime, corrompu, prédateur, rejeté et honni par la majorité du peuple congolais."
"Cet acte ignoble est une preuve supplémentaire du manque de considération de la vie humaine dans le chef des hommes au pouvoir", ajoute le Sphinx de Limete, sans nommer Joseph Kabila. Et de réclamer - comme la Belgique et la Monusco avant lui, "une commission d'enquête internationale, indépendante et crédible, pour que toute la lumière soit faite autour de cette macabre et véritable affaire d'État".
Version officielle mise en doute
L'existence de la fosse commune avait été signalée par la population de Maluku, à une centaine de kilomètres à l'est de Kinshasa, l'odeur pestilentielle des cadavres étant devenue insupportable.
Les autorités de la province de Kinshasa avaient justifié l'enterrement de nuit des défunts après avoir été accusées d'avoir profité du charnier pour se débarasser du corps d'opposants ou de jeunes délinquants armés (surnommés "kuluna"), suite aux vagues de répression de plusieurs manifestations anti-Kabila en janvier dernier et à l'opération "Likofi" ("coup de poing", en lingala) contre la criminalité dans les rues de la capitale.
"Le 19 mars 2015 (...) 421 personnes ont été inhumées", a déclaré le gouverneur par intérim de Kinshasa, Robert Luzolanu Mavema. "Il s'agissait de 300 mort-nés et (de) foetus (...) abandonnés dans les ruisseaux, dans les rivières et même les hôpitaux, de 23 corps qui ont été abandonnés, d'indigents, au nombre de 34, et de 64 personnes non identifiées", a-t-il poursuivi, ajoutant qu'un nombre indéterminé de ces cadavres avait été remis par la Croix-Rouge.
Des ONG comme Human Rights Watch, la société civile et la communauté internationale ont exprimé leurs doutes sur cette version officielle. Le porte-parole du gouvernement, Lambert Mende, a expliqué, vendredi 10 avril, qu'une enquête avait été ouverte pour faire la lumière sur cette affaire.