Culte œcuménique du stade des martyrs, les vérités d’Albert Kankienza.

Mercredi 16 mars 2016 - 09:57
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«Nous ne sommes pas allé au stade prier pour que Dieu donne un troisième mandat ni pour aider à réviser la constitution. Nous ne sommes pas allés prier pour le dialogue convoqué par le président Kabila mais pour la paix».

Dans une interview qu’il a accordée à 7sur7.cd, Albert Kankienza, président de l’Eglise du Réveil du Congo (ERC), donne les vraies raisons de l’organisation du culte œcuménique organisé au stade des Martyrs le samedi 5 mars 2016 en faveur de la RDC.

7sur7.cd/Les confessions religieuses ont organisé un culte œcuménique en faveur de la RDC. Quelles sont  les raisons de cette manifestation ?

R/la prière est une arme efficace contre l’ennemi, une arme avec laquelle on renverse les forteresses et on déjoue les plans du diable. Et pour tout chrétien, de façon unanime, la prière est une arme. Et nous sommes allés au stade des Martyrs le samedi 5 mars pour utiliser cette arme, sachant que 2016 est une année des grands enjeux, des grands défis. Il faut être aveugle pour ne pas voir que les choses peuvent basculer à tout moment. Il faut être aveugle pour ne pas voir que là où nous allons, le pays risque de sombrer dans le chaos si rien n’est fait. Nous en tant que chrétiens, face à cette lecture prophétique, que devons-nous faire ? Aller dans la rue protester ?Nous n’avons qu’une arme : la prière !Voilà pourquoi les confessions religieuses, à l’exception des catholiques, se sont mises d’accord d’aller prier pour la paix, en vue de déjouer les plans de l’ennemi contre notre pays. Et je me félicite d’avoir été au stade pour cela parce que j’aime mon pays, j’aime ma nation et jeneveux pas la voir vivre leschosessemblables à celles qu’elle a vécues il y a quelques années. Rappelez-vous l’entrée de l’AFDL, c’est la peur, la ville de Kinshasa livrée à elle-même, les exactions, le sauve qui peut, etc. L’entrée des rwandais en 1998 à Kinshasa. Le mois de janvier de l’année dernière,  nous avons vécu des jours cauchemardesques. Je pense que pour toutes ces raisons, il faut prier pour que le pays ne revive ce genre des cas. La seule raison pour moi et pour mes collègues chefs des confessions religieuses était d’aller utiliser cette arme qu’est la prière pour renverser les forteresses qui se dressent contre notre pays, qui se dressent pourempêcher le développement de ce pays, son épanouissement.

7sur7.cd/Que répondez-vous à ceux qui disent que ce rassemblement visait à soutenir le dialogue politique inclusif convoqué par le président Kabila et son éventuel 3eme mandat ?

R/ je me demande par quelle magie, par quel mécanisme notre prière au stade des Martyrs va donner un troisième mandat à Joseph Kabila etréviser la constitution ? Moi-même qui vous parle, en âme et conscience, je peux aller au stade pour  ce motif-là alors que je sais que les règles du jeu sont déjà définis ? Et Dieu serait-il aussi naïfpour me glisser ce genre de prière ? Je pense que c’est mal connaitre Dieu et les hommes de Dieu que nous sommes. Nous ne sommes pas allé au stade prier pour que Dieu donne un troisième mandat ni pour aider à réviser la constitution. Nous ne sommes pas allés prier pour le dialogue convoqué par le président Kabila mais pour la paix. Le dialogue est notre souhait depuis plus de deux ans comme vous le savez. Voilà la vérité ! Nous avons prié pour que le pays retrouve son équilibre, sa stabilité et que nous ayons des élections apaisées. Quant à l’absence de l’Eglise Catholique, je ne m’explique pas son absence à cette manifestation. Je sais que ses responsables ont été contactés et il y a eu même un espace prévu dans le programmepour l’Eglise catholique. D’après ceux qui ont contacté ses responsables, Monseigneur Djomo avait donné son accord de principe mais on n’a pas compris pourquoi ils ont changé d’avis à la dernière minute.

 

 

7sur7.cd/ Une certaine opinion pense que malgré une forte mobilisation et le soutien du pouvoir public, cette manifestation s’est soldée par un échec…

R/Un échec comment ? J’ai vu plus de la moitié du stade occupée. Plus de 45000 personnes ont réponduprésent à notre appel. Si vous prenez cette foule et l’amener au stade Tata Raphael, il sera plein. Quand nous sommes entrés au stade vers 12 heures 15, il y avait encore des gens qui venaient. Et la pluie a commencé à 12h30. Je pense que sans la pluie et si on était allé jusque 14 heures 30 comme prévu, peut-être qu’il y aurait eu plus de 60000 personnes. Donc, c’est un succès à mon avis. De toute façon, la Bible dit que là où deux ou trois sont réunis en mon nom, je suis au milieu d’eux. Si on était à deux ou trois ou à 2000, même à 10000 à prier, Dieu était parmi nous. Je reste dans le contexte de la pensée de Dieu, pour vous dire que le problème de nombre ne peut pas être utilisé pour affirmer que cette manifestation était un échec.

7sur7.cd/ Et la pluie comme preuve que Dieu ne voulait pas de votre rassemblement…

R/ J’ai plus de 32 ans de vie pastorale et prêche toujours que la pluie est une bénédiction. Plusieurs fois en plein culte, la pluie nous a surpris. Nous avons juste caché nos Bibles et avons continué à prier parce que nous croyons que la pluie est une bénédiction. Au mois de décembre de l’année dernière, il y a eu la pluie 3 dimanches de suite et de 3 heures du matin jusqu’à midi ou 13 heures. Il  y a eu des cultesde 10 à 20 personnes dans plusieurs églises. Devait-on dire que Dieu avait sanctionné l’Eglise alors que nous savons tous que dimanche est le jour par excellence pour  la glorification du  Seigneur ? Je ne vois pas la pluie du samedi 5 comme une sanction mais plutôt une bénédiction de Dieu. Cela m’a rappelé l’époque des groupes de prière où nous n’avions pas tout ce qu’il y a aujourd’hui et que nous priions avec ferveur sous la pluie.Et c’était chaque fois une victoire contre le diable qui pensait que la pluie pouvait nous empêcher de glorifier notre Dieu. Et je pense que c’est ce qui s’est passé le samedi. Nous avons fait la dédicace de notre nation à Dieu sous la pluie. L’objectif a été atteint.

7sur7.cd/ En ce moment précis de notre histoire, un message à la classe politique congolaise.

J’appelle toute la classe politique à l’amour, à la retenue, en cet instant précis de la vie de la nation. Qu’elle évite l’injure facile, la calomnie, la haine, la méchanceté. L’adversaire politique n’est pas un ennemi. Il faut que les uns et les autres sachent que le Congo est notre patrimoine, notre bien commun, notre héritage à nous tous. Il n y a personne qui est plus congolais que l’autre. A tous nos frères de la diaspora qui nous traitent de vendus, de collabos, nous leur disons que par amour, nous sommes revenus au pays nonobstant les conditions parfois infra humaines que nous avons rencontré à notre arrivée. S’ils aiment ce pays, nous aimerions les voir venir s’installer ici et que nous luttions ensemble pour le développement de notre nation.

Propos recueillis par José BOOTO.