Après une longue absence qui a fait planer des doutes sur ses intentions, le gouverneur du Katanga est rentré dans son fief Lubumbashi. L’accueil que les Congolais lui ont réservé, le 23 décembre, indique que la popularité de Moïse Katumbi Chapwe est très grande dans cette région de la République démocratique du Congo.
Une foule immense attendait son discours, espérant qu’il révèle explicitement ses intentions. De nombreux Congolais souhaitent qu’il se présente aux élections présidentielles de 2016. C’est un sujet qui remue beaucoup la classe politique. Le président Joseph Kabila, qui est à son deuxième mandat, le maximum autorisé par la constitution, veut prolonger le bail. Il doit donc modifier le texte fondamental d’où le grand chamboulement. L’opposition n’en veut pas et Moïse Katumbi Chapwe, qui faisait partie de la majorité présidentielle, semble aller dans le sens du refus.
Le retour de Moïse Katumbi, après deux mois passés à l’étranger, a mis fin aux spéculations des Congolais qui s’interrogeaient sur cette longue absence. Du coté de la présidence, le retour d’un poids lourd de la politique ne doit pas être fortement apprécié. Justement, Moïse Katumbi Chapwe, en patron du tout puissant club de football Mazembe, a ajouté au trouble des observateurs en lançant cette expression imagée : « deux penalties acceptés, mais un troisième qui pourrait inciter le public à descendre sur le terrain ».
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Est-ce une mise en garde adressée au président ? Certains le pensent effectivement. Surtout dans les rangs de ceux qui s’opposent à un troisième mandat de Joseph Kabila. L'Union pour la nation congolaise (UNC), par exemple, est heureuse de constater que le front du refus se soit renforcé avec l’appui du gouverneur élu du Katanga. « C'est un grand signal, il s'agit du gouverneur de la province d'origine du chef de l'Etat », a souligné Vital Kamerhe, le président de ce parti d'opposition. « Les jours de Kabila sont comptés, on donnait le Katanga acquis au président et on a la confirmation que ce n'est plus le cas », ajouté Félix Tshisekedi, le secrétaire national aux relations extérieures de l'Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS).
Jean-Claude Muyambo le président du parti Solidarité congolaise pour la démocratie trouve, lui, dans cette petite phrase un appel adressé à la population pour qu’elle refuse le troisième mandat de Kabila. Ces interprétations ouvrent la voix à deux possibilités : Moïse Katumbi Chapwe candidat du parti de la majorité, à condition que Joseph Kabila s’efface. Ou sinon, se présenter contre Kabila avec d’autres formations politiques.
Dans le premier cas, il devra convaincre, ses pairs. La mission ne semble pas impossible, puisque d’autres ténors de la majorité s’opposent à toute manipulation de la constitution. Les prochains jours apporteront les réponses à toutes ces questions par la voix du porte-parole de la majorité, Sébastien Luzanga, qui a promis de clarifier les choses.