Trois leaders des mouvements sénégalais Y’en a marre et un burkinabè du Balai citoyen ont été interpellés dimanche 15 mars à Kinshasa. Selon un communiqué de Filimbi, le mouvement d’action civique de jeunes congolais qui avait invité ces activistes sénégalais et burkinabé pour animer un séminaire sur l’engagement civique des jeunes, une trentaine d’autres personnes ont aussi été interpellées. Le porte-parole du gouvernement affirme qu’il leur est reproché de faire la promotion de la violence. Il annonce également qu’un diplomate américain arrêté avec le groupe a été relâché le même dimanche.
A en croire le secrétaire exécutif de la Ligue des électeurs, Me Sylvain Lumu, les leaders de Y’en a marre et du Balai citoyen étaient venus en RDC dans le cadre d’échanges d’expérience avec les jeunes congolais sur la participation au processus électoral.
« Vous savez le rôle combien important ces organisations ont joué pendant les élections au Sénégal et aussi pendant le processus qui a conduit à l’abdication du président Compaoré au Burkina Faso. Dans le cadre des échanges des expériences, nous avons été au Sénégal pour travailler avec ces collègues. Et eux, après toutes ces expériences ils étaient au Togo, au Mali, au Cameroun. C’est dans le même contexte qu’ils étaient ici à Kinshasa pour échanger avec la jeunesse congolaise sur comment améliorer son environnement, comment participer au processus démocratique dans son pays », explique Me Sylvain Lumu.
Le secrétaire exécutif de la Ligue des électeurs précise que la rencontre avec les jeunes congolais se tenait dans la commune de Masina, dans l’Est de la capitale, dans une salle de spectacle.
« Ils se sont retrouvés à Masina derrière l’Hôtel Apocalypse dans une salle de spectacle où ils tenaient un atelier d’échange d’expérience avec les autres rappeurs de Kinshasa. Et ils ont été enlevés par les agents non autrement identifiés des services de sécurité avec une Jeep blanche et les ont emmenés à un endroit inconnu », affirme-t-il.
« Des preuves ont été accumulées »
Le porte-parole du gouvernement congolais, Lambert Mende, indique qu’il est reproché aux leaders de Y’en a marre et du Balai citoyen de promouvoir la violence en assurant une formation des jeunes congolais à l’usage des instruments de violence.
« Pour les Sénégalais et le Bukinabé, il y a des problèmes de sécurité assez importants parce qu’ils semblent que c’est des gens qui sont venus, sous le couvert d’activités généralement quelconques, faire de la politique active en RDC. Mais surtout promouvoir la violence en assurant une sorte de formation, une sorte de coaching de certains groupes de jeunes proches d’une certaine opposition à l’usage des instruments de violence contre d’autres groupes ou contre des institutions de la République », indique Lambert Mende.
Selon le porte-parole du gouvernement, des preuves ont été accumulées contre eux depuis le vendredi 13 mars.
« Le dimanche n’a été en fait que le point culminant de la surveillance dont ils étaient l’objet depuis leur arrivée dans le pays », fait-il savoir.
Il annonce également que les personnes arrêtées vont comparaître devant la police judiciaire avant d’être présentées à la justice « très rapidement ».
Sur sa page Facebook, l’ambassade des Etats-Unis en RDC indique avoir sponsorisé en partie cet événement. La conférence de presse tenue par les dirigeants de Y’en a marre et du Balai citoyen devait être suivi d’un concert.
« Cet événement, sponsorisé en partie par le gouvernement des Etats-Unis, est l’une des diverses activités que le gouvernement américain soutient et auxquelles prennent part les jeunes et la société civile, dans le cadre de notre engagement global visant à encourager la prise en compte d’un large éventail d’opinions », indique l’ambassade américaine.
Le mouvement Y’en a marre a contribué à mettre fin aux ambitions d’Abdoulaye Wade qui voulait briguer un troisième mandat présidentiel au Sénégal. Le Balai citoyen a été au centre des événements qui ont conduit à la chute de Blaise Compaoré au Burkina Faso.