La joie des kinois a été partiellement étouffée lors de la victoire en finale du CHAN de l’équipe nationale de football de la République Démocratique du Congo sur celle du Mali le dimanche 7 février 2016. Déjà avant le coup d’envoi de ce match, le Commissaire Provincial de la Police Nationale pour la ville de Kinshasa est passé sur les antennes de la télévision nationale pour interdire toutes manifestations dans la rue en cas de victoire ou défaite des Léopards.
Des Kinois qui ont tenté de braver l’interdit ont été violemment repoussés par les forces de l’ordre. Dans la commune de Matete, une femme répondant au nom de Tuzolana est descendue jusqu’au bureau du député national, Franck Diongo, pour annoncer la mort de son fils, chauffeur de taxi, répondant au nom d’Okundji Otshudi Djani. Selon son témoignage, son garçon a été tué par balle tirée par un policier dans un parking de Matete alors qu’il fêtait à sa manière la victoire de l’équipe nationale de son pays.
Exaspéré, le député national, Franck Diongo a dénoncé ce dérapage qui selon lui, porte atteinte aux droits humains et libertés fondamentales garantis par la Constitution de la RDC.
Au cours d’un point de presse qu’il a animé hier jeudi au siège de son parti, Franck Diongo a annoncé, en présence de la famille biologique et des proches de la victime, qu’il compte déposer au bureau de l’Assemblée nationale, lors de la session ordinaire de mars, une interpellation à charge du Vice-premier ministre en charge de l’intérieur, le professeur Evariste Boshab. Il voudrait savoir sur quelle base légale il a autorisé au numéro 1 de la police dans la ville de Kinshasa d’interdire aux kinois et kinoises d’exprimer librement leur joie après le sacre de leur équipe nationale à l’issue du CHAN 2016.
Le président de MLP a fustigé plusieurs cas des violations des droits de l’homme observés dans la ville de Kinshasa le jour de la finale du Chan. Franck Diongo a demandé aux autres victimes de se faire identifier pour que des actions combinées soient menées sur le plan politique et judiciaire afin que toutes ces bavures policières ne restent pas impunies et que les victimes obtiennent réparation.
Cet acteur de l’opposition a appelé les ONG de défense des droits de l’homme à se mobiliser pour que le policier qui a tiré à balles réelles sur l’infortuné Okundji soit identifié afin de répondre de son forfait devant les instances judiciaires.
Cet élu de Kinshasa ne comprend pas que la vie de ses compatriotes soit banalisée dans leur propre pays sous le silence coupable de leurs dirigeants pendant que sous d’autres cieux, les gouvernements mobilisent les moyens militaires, financiers voire même des rançons pour sauver la vie de leurs concitoyens en danger dans un coin de la planète.
Eric Wemba