(adiac-congo.com)Interrogé le 9 avril sur une éventuelle violation des règles de passation de marchés publics avec des implications jusqu’à la plus haute sphère de l’État, le directeur des Opérations pour la République démocratique du Congo (RDC) et la République du Congo (RC), Ahmadou Moustapha Ndiaye, s’est abstenu de réagir « faute d’éléments ».
« En tant qu’institution de développement, nous n’avons pas l’habitude de réagir à des propos de presse pour lesquels nous n’avons pas d’éléments », a souligné Ahmadou Moustapha Ndiaye lors de son tout premier point de presse, cent jours après son entrée en fonction. Mais cela ne l’a pas empêché d’insister sur les procédures rigoureuses de la Banque mondiale (BM). « Pour ce projet ou d’autres, la BM applique des procédures rigoureuses de passation des marchés publics. Il s’agit des procédures qui passent par la validation, les appels d’offres par nos experts en passation des marchés, par la revue, l’évaluation financière et technique. Au-delà, il y a également tout un processus de suivi lors de la mise en œuvre de ce projet », a-t-il ajouté.
La prudence de la réponse tient de la complexité même de l’affaire et de ses implications. En effet, un article de Médiapart (France) relayé par la presse locale a accusé le Premier ministre, Augustin Matata Ponyo, de percevoir des commissions dans la société Transport du Congo (Transco) et la Société commerciale de chemin de fer du Congo (SNCC). Le chef du gouvernement aurait prévilégié des contrats de gré à gré, a poursuivi la source. Bien entendu, la réaction n’a pas tardé. Du côté de la primature, l’on a confirmé que les dix-huit locomotives de la SNCC ont été achetées par appel d’offres. « Tout a été fait dans le respect strict des règles de passation des marchés ». L’affaire a vite pris une tournure politique. L’on chercherait, selon certains analystes, à destabiliser le Premier ministre et sa famille. Dans ce dossier, le nom de la femme du patron de l’exécutif est cité comme l’intermédiaire.
Se voulant clair sur cette affaire, Ahmadou Mustapha Ndiaye a réaffirmé ne disposer d’aucun élément. Son commentaire concerne davantage la situation actuelle du projet. La SNCC est un géant des transports dont le réseau relie près de sept provinces congolaises. La BM appuie le processus de redressement de la SNCC dans le cadre de son programme de réhabilitation du transport multimodal. Elle intervient à plusieurs niveaux, en l’occurrence le financement du plan social et de l’exploitation. Au-delà, en accord avec le gouvernement, il y a eu également la réhabilitation d’un certain niombre d’infrastructures dont le réseau mais aussi l’acquisition des locomotives. Quoique tous les investissements soient consentis, la SNCC n’est toujours pas au meilleur de sa forme.
Ahmadou Mustapha Ndiaye a tenu à dresser un pré-bilan de ses cent jours. Il n’a pas non plus procédé à une visite de terrain pour s’enquérir de la situation des projets mais cela ne saurait tarder avec l’annonce de l’arrivée en mai prochain du directeur général en charge des Opérations. Il a rencontré les équipes techniques et les autres bailleurs de fonds, y compris la Chine avec laquelle la BM étudierait les moyens de cofinancer certains projets. Au cours des échanges à bâtons rompus, il n’était pas seulement question de la SNCC mais également d’autres grands projets, notamment Inga 3. Si la date de pose de la première pierre semble tourner autour 2017, il est difficile au stade actuel de confirmer l’échéance au regard des nombreuses questions techniques encore en suspens. Il y a aussi des questions d’ordre réglementaire, par exemple la loi sur Inga, a-t-il ajouté. Nous y reviendrons.
Laurent Essolomwa