La Belgique, après la France (samedi dernier) et le Royaume-Uni en Europe qui « compte ses premières victimes », a systématisé lundi 20 octobre 2014 « les dépistages dans les aéroports sur les passagers en provenance des pays frappés par l'épidémie ».
Les trois pays se sont conformés aux directives de l’Union européenne sur « une stratégie face à l'expansion du virus Ebola » qui, touchant quatre pays d’Afrique de l’ouest (Guinée, Sierra Leone, Liberia et Nigeria), commence à sortir des frontières d'Afrique occidentale et « devrait encore perdurer plusieurs mois ».
En Belgique, « seuls les hôpitaux universitaires de Louvain (KUL) et d’Anvers ainsi que l’hôpital Saint-Pierre à Bruxelles sont effectivement prêts pour Ebola du fait qu’ils offrent des expertises particulières pour cela ».
« La température des quelque 200 passagers du vol de la compagnie Brussels Airlines en provenance de Conakry via Freetown a été contrôlée à leur arrivée à l’aéroport de Bruxelles-Zaventem vers 04h15. Et ils ont dû remplir un formulaire de l’Organisation mondiale de la santé. Tous les tests se sont révélés négatifs », a dévoilé une porte-parole de l’aéroport de Bruxelles, Florence Muls citée par Le Soir.
Selon la procédure du ministère belge de la Santé, « un voyageur fiévreux sera immédiatement isolé et, s’il est considéré comme +un cas probable+, il sera hospitalisé pour des examens complémentaires ; il s’agit d’une mesure de sécurité complémentaire qui permettra également de diminuer le sentiment grandissant d’insécurité ».
La Belgique emboîte le pas à la France
La Belgique est, avec la France, le seul pays européen à assurer des dessertes directes avec le centre de l’épidémie en Afrique.
« Brussels Airlines assure des vols le lundi et le jeudi vers Conakry, en Guinée, avec une étape à Freetown, au Sierra Leone, et le mardi et le samedi vers Monrovia, au Liberia. Paris avait plaidé pour que la Belgique emboîte le pas à la France, qui a mis en place samedi un contrôle à l’arrivée du vol quotidien Conakry-Roissy », rapporte Le Soir.
Il explique que « l’inquiétude croissante, notamment du personnel de cabine et de celui chargé de nettoyer les avions et de décharger les bagages à Bruxelles, a poussé les autorités belges, d’abord réticentes, à renforcer les contrôles ».
C’est dans ce contexte que le gouvernement belge a nommé le 17 octobre 2014 Dr Erika Vlieghe, chef du département des maladies tropicales de l’hôpital universitaire de Gand, en qualité de coordinatrice nationale Ebola et Daniel Reynders, chef du service relations internationales et urgences sanitaires du SPF Santé publique, comme coordinateur adjoint pour « conseiller la ministre de la Santé De Block et piloter la coordination Ebola au niveau scientifique et médical ».
« Vendredi, Erika Vlieghe s’est rendue à Zaventem pour écouter les craintes du personnel de l’aéroport. On annonce aussi que dès la semaine prochaine, les échantillons de sang de patients suspects pourront être traités en Belgique et non plus envoyés en Allemagne, qui était jusqu’ici la seule apte à les analyser en toute sécurité », rappelle Le Soir.
Au Royaume-Uni, « les contrôles britanniques consistent à interroger les passagers sur leurs voyages récents, les personnes avec lesquelles elles ont été en contact et la suite de leur voyage ; ils pourront aussi prendre la forme d’un contrôle médical réalisé par du personnel médical ».
« En Europe, la République tchèque a également annoncé mercredi que tous les voyageurs arrivant à l’aéroport de Prague en provenance des zones touchées seront soumis à des contrôles avec notamment des formulaires médicaux », selon le quotidien belge.
MSF appelle les Belges à l’aide
Présente depuis sept mois dans la région la plus touchée de l’Afrique de l’ouest où elle a ouvert six centres de traitement ayant accueilli 4.511 personnes, l’ONG Médecins sans frontières (MSF) a appelé lundi la population belge à participer à un effort financier en vue de « permettre aux 300 collaborateurs internationaux et aux 3.000 collaborateurs nationaux de maintenir leur niveau d’aide ».
« D’un budget de 10 millions d’euros en août, nous sommes passés à 45 millions aujourd’hui. Un budget important, mais qui peine désormais à couvrir les frais de matériel et de personnel. L’urgence sanitaire en Afrique de l’ouest ne doit par ailleurs pas faire oublier les autres situations critiques où MSF est également active, comme le Sud-Soudan ou l’Ukraine, qui dépendent du même fonds d’urgence », a expliqué à la presse le directeur des opérations MSF, Brice de le Vingne.
Il a souligné que, « si un soutien financier est aujourd’hui essentiel, un soutien moral est également nécessaire », du fait que les équipes de MSF « travaillent dans des conditions très difficiles, elles se sentent très isolées ».