EBOLA : SANS INTERVENTION INTERNATIONALE, LE VIRUS POURRAIT PROLIFÉRER À RAISON DE 10.000 NOUVEAUX CAS PAR SEMAINE D’ICI MI-DÉCEMBRE

Jeudi 23 octobre 2014 - 09:05

L’Union européenne (UE) a augmenté son aide financière aux pays africains qui luttent contre Ebola. Cependant, « sans action internationale, le virus d'Ebola pourrait proliférer à raison de 10.000 nouveaux cas par semaine d’ici mi-décembre », a déclaré la commissaire Kristalina Georgieva au Parlement européen le 20 octobre 2014.

La commissaire chargée de la Coopération, de l'Aide humanitaire et de la Réaction aux crises, Kristalina Georgieva, et le commissaire à la Santé, Tonio Borg, ont exposé la situation de l'Union européenne en ce qui concerne Ebola aux eurodéputés pendant la séance plénière du Parlement de Strasbourg.
« Le nombre de cas d'Ebola dans le monde a doublé depuis la mi-septembre, passant de cinq à neuf mille personnes. Le nombre de morts du virus a également augmenté, atteignant un total de 4546, alors que l'on parlait de 2000 victimes il y a un peu plus d'un mois », explique Kristalina Georgieva.
Parmi elles, on compte au moins 300 membres du personnel médical qui travaillaient sur le terrain en Afrique de l'Ouest.
L’épidémie la plus meurtrière depuis la découverte du virus en 1976
L’épidémie d’Ebola, la plus meurtrière depuis que la découverte du virus en 1976, a déjà tué quelque 4 000 personnes en Guinée, à la Sierra Leone, au Libéria et au Nigéria. Elle s'est aussi propagée au Sénégal.
Ebola est un type de fièvre hémorragique qui se transmet par le sang, la transpiration ou par les rejets des malades lors de vomissements. Les personnes travaillant en contact avec les malades sont donc extrêmement vulnérables.
L'OMS estime qu'il faudra entre six et neuf mois pour contenir l'épidémie et que celle-ci affectera jusqu'à 20 000 personnes.
L’UE a alloué plus de 180 milliards d'euros à la crise Ebola
Selon la commissaire Kristalina Georgieva, « l'Afrique occidentale ne fait pas seulement face à une crise sanitaire, mais également à une catastrophe économique et humanitaire ».
La Banque mondiale estime que, du début de l'épidémie à la fin de l'année 2014, les économies des pays touchés auront accusé une perte d'environ 5,7 milliards d'euros et pourraient, si la crise ne faiblit pas, enregistrer des pertes à hauteur de 19,5 milliards d'euros en 2015.
La Commission européenne a pris un certain nombre de mesures afin d'aider les pays touchés et de contenir la propagation de l'épidémie. Plus de 180 milliards d'euros ont été alloués à la crise Ebola par l'UE, qui a également redoublé d'efforts pour garantir l'évacuation des centaines de volontaires européens dans la région.
Des équipements médicaux, du matériel de protection et des avions spécialement conçus pour le transport de malades ont aussi été mis à disposition.
Le commissaire Tonio Borg a quant à lui annoncé aux eurodéputés qu'un réseau de laboratoires hautement sécurisés a été activé dans l'Union. Grâce à ces laboratoires, tous les pays membres seront équipés des structures nécessaires au dépistage des personnes contaminées.
« La Commission a également établi un réseau de cliniciens volontaires expérimenté dans le traitement d'Ebola en Europe », a ajouté le commissaire.
En outre, dans les jours qui viennent, la Commission approuvera le débloquement de 25 millions d'euros pour la recherche préclinique sur de potentiels vaccins préventifs.
Malgré ces efforts, les eurodéputés se sont montrés critiques quant à la réponse, jugée tardive, de la Commission face à la crise. Avoir les médicaments nécessaires ne suffit pas dans une telle situation, a notamment asséné l'eurodéputée espagnole Lidia Senra Sanchez, du parti GUE/GVN.
« Nous devons aussi combattre les causes de la vulnérabilité de l'Afrique de l'Ouest, comme le chômage, qui atteint 80 % de la population, ou la malnutrition, a-t-elle ajouté.
Se limiter à donner de l'argent à l'industrie pharmaceutique des pays occidentaux ne suffit pas, il faut également fournir une aide aux pays touchés qui ont besoin de personnel médical, entre autres. »
La propagation d'Ebola a par ailleurs été discutée par les ministres des Affaires étrangères de l'UE lors d'une réunion à Luxembourg le 20 octobre. Dans les conclusions du Conseil, les ministres demandent à tous les acteurs de mettre en place des campagnes d'information objectives à destination des citoyens européens et de « renforcer la coopération nationale et internationale aux niveaux adéquats ».
Réactions des organisations internationales
Natalia Alonso, vice-directrice de la promotion et des campagnes chez Oxfam : « L'Europe doit prendre plus de mesures et envoyer plus de personnel et d'équipements médicaux, ainsi que du personnel militaire, dans les deux semaines à venir ».
« Si l'UE n'agit pas rapidement, elle va rater la fenêtre d'action très limitée dont nous disposons pour arrêter cette épidémie (...). Jusqu'ici, les actions de la plupart des gouvernements européens ont été absolument inadéquates ».
« Si la gestion de cette crise requiert des centres d'isolation et de traitement nouveaux et bien équipés, ainsi que du personnel médical pour traiter Ebola, la prévention de la contamination doit également rester une priorité ».
Fédération syndicale européenne des services publics :
« Cette situation est déplorable et met en évidence d’importantes faiblesses, l’imprudence du manque d’investissement dans les services de santé et le nombre catastrophiquement trop peu élevé de professionnels de la santé ».
« L’épidémie d’Ebola rend évident la menace que représente pour les sociétés l’absence d’un système de santé publique efficace. En outre, le fait que le personnel médical manque à ce point d’équipement et de moyens de se protéger eux-mêmes du virus est horrifiant et intolérable ».

 

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