Ebola : Obama appelle le monde à "agir vite" pour éviter le pire

Jeudi 18 septembre 2014 - 09:49

Image retirée.Le président Barack Obama a appelé mardi "à agir vite" face à l’épidémie d’Ebola en Afrique de l’Ouest pour éviter que des "centaines de milliers" de personnes ne soient infectées par ce virus contre lequel l’ONU entend mobiliser un milliard de dollars.

"C’est une épidémie qui n’est pas seulement une menace pour la sécurité régionale, c’est une menace potentielle pour la sécurité mondiale si ces pays s’effondrent, si leurs économies implosent, si les gens paniquent", a averti M. Obama en présentant, à Atlanta (Géorgie, sud-est des Etats-Unis), les grandes lignes du plan d’action américain.
Evoquant une démarche "similaire" à la réponse américaine après le tremblement de terre en Haïti en janvier 2010, le président américain a assuré que les Etats-Unis, qui enverront quelque 3.000 militaires sur le terrain, étaient prêts à jouer un rôle moteur face à une épidémie qui progresse "de façon exponentielle".
Depuis le début de l’année, l’épidémie a tué 2.461 personnes sur 4.985 cas, selon le dernier bilan de l’Organisation mondiale de la santé (OMS).
Il n’existe aucun vaccin homologué pour cette maladie. Mais le premier essai clinique d’un vaccin expérimental a démarré début septembre aux Etats-Unis et il n’a provoqué à ce jour aucune réaction néfaste, a rapporté mardi un haut responsable sanitaire américain.
Selon le Dr Anthony Fauci, directeur de l’Institut national des allergies et des maladies infectieuses (NIAID), dix autres volontaires recevront le vaccin dans les prochains jours. Au total, vingt personnes âgées de 20 à 50 ans et en bonne santé participeront à cet essai clinique aux NIH près de la capitale Washington.
Les résultats complets devraient être disponibles à la fin de l’année.
Au-delà de la création d’un centre de commandement militaire à Monrovia, capitale du Liberia, pour soutenir les efforts à travers la région, Barack Obama a annoncé la mise en place d’un pont aérien pour acheminer le personnel sanitaire et le matériel plus rapidement vers l’Afrique de l’ouest, ainsi que d’une base intermédiaire au Sénégal.
Les militaires participeront en particulier à la construction de nouveaux centres de traitement et le gouvernement américain mettra en place un centre permettant la formation de 500 travailleurs sanitaires par semaine.
Le calendrier du déploiement n’est pas encore précis. "Pas de déploiement dans les prochains jours. Les soldats doivent être correctement entraînés et équipés", a cependant indiqué un responsable du Pentagone sous couvert d’anonymat.
La capacité des trois principaux pays affectés — Guinée, Liberia et Sierra Leone — à répondre aux besoins essentiels de la population "est sur le point de s’effondrer", a averti à Genève Valérie Amos, responsable des opérations humanitaires des Nations unies,

’NOUS AVONS PERDU ESPOIR’
Sur les 987,8 millions de dollars (763 millions d’euros) demandés par l’ONU, près de la moitié seront destinés au Liberia. L’ONU estime que 22,3 millions de personnes vivent dans des régions où le virus a été signalé et ont besoin d’aide.
L’annonce du plan américain a été accueillie avec espoir au Liberia, pays dont l’existence même est menacée par l’épidémie, selon ses dirigeants.
"L’envoi de soldats américains au Liberia arrive au moment où nous en avons le plus besoin. Regardez notre pays : nous ne savons même pas où nous allons et nous avons perdu espoir", a déclaré à l’AFP à Monrovia un enseignant, Ebenezer Kollie.
Les Etats-Unis ont soumis mardi à leurs 14 partenaires du Conseil de sécurité de l’ONU un projet de résolution destiné à mobiliser les gouvernements contre la progression inquiétante de l’épidémie. Ce texte devrait être adopté lors d’une réunion d’urgence jeudi après-midi.
Il est très rare que le Conseil adopte une résolution sur une crise majeure de santé publique : il ne l’a fait qu’à deux reprises, avec des textes sur le Sida en 2000 et 2011
L’UE a prévu de débloquer 150 millions d’euros et a appelé ses Etats membres à chiffrer d’ici à fin septembre de nouvelles contributions.
Afin d’endiguer plus rapidement l’épidémie, la Banque mondiale a approuvé mardi le don de 105 millions de dollars, dont 52 pour le Liberia, 28 pour la Sierra Leone et 25 pour la Guinée.
La Chine a annoncé l’envoi de 59 personnes en Sierra Leone, portant à 174 le nombre de ses personnels médicaux dans ce pays, où 165 docteurs et infirmiers cubains sont également attendus.
L’ONU table désormais sur 20.000 personnes infectées d’ici à la fin de l’année : 16% en Guinée, 40% au Liberia et 34% en Sierra Leone. Elle espère que les contaminations vont diminuer avant la fin de l’année, puis cesser avant la mi-2015. "Mais cela nécessite une réponse beaucoup plus rapide", a souligné le Dr Bruce Aylward, sous-directeur général de l’OMS.
Les pays de la zone franc de l’Afrique centrale se sont inquiétés d’un "risque de propagation réel et fort" de l’épidémie chez eux.
La présidente de Médecins sans Frontières (MSF) Joanne Liu a averti que "bien plus" de personnes mouraient des suites d’autres maladies qu’Ebola actuellement "car les centres de santé ne sont plus opérationnels".
Le Programme alimentaire mondial (PAM) des Nations unies a entrepris d’acheminer de l’aide à 1,36 million de personnes dans les trois principaux pays affectés. Mais seules 148.000 personnes ont pu recevoir de l’aide en raison d’un manque cruel de fonds. AFP

 

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