Comment peut-on parvenir à des élections libres, transparentes, démocratiques et apaisées ? C‟est cette question qui préoccupe au plus haut niveau aussi bien les électeurs que les candidats aux élections prévues pour 2015 et 2016. Au fur et à mesure que l‟on approche de ces échéances, les débats font rage et divisent les congolais au lieu de les rapprocher. Les avis sont partagés selon que l‟on se trouve dans tel ou tel camp. Pour les uns, il est urgent de mettre sur pied une commission de médiation pour arbitrer les conflits et les contestations avant, pendant et à l‟issue de ces échéances électorales. C‟est le but de la structure mise en place dernièrement au Centre Interdiocésain à Gombe par les délégués de toutes les confessions religieuses, toutes tendances confondues, au nom évocateur de la Commission d‟intégrité et de Médiation Electorales ou CIME. Toutes les têtes couronnées des églises ont pris part à cette rencontre dont particulièrement celui qui préside depuis 2012 aux destinées de la Commission Electorale Nationale Indépendante ou CENI, entendez l‟abbé Apollinaire MALUMALU que l‟on ne présente plus. Il s‟est même permis de prendre la parole pour donner plus de poids à l‟évènement qui a vu assis côte-à-côte les catholiques, les protestants, les musulmans, les Kimbanguistes, les églises du Réveil, les Orthodoxes, etc. Une autre opinion est d‟un avis contraire. Le pays a plus besoin d‟une structure de certification et de validation des résultats que d‟une médiation entre ceux qui auront à se présenter aux urnes pour bénéficier des voix des électeurs. Car, derrière l‟idée de la médiation, on voit déjà venir des tripatouillages et naturellement des conflits qui doivent être arbitrés par la justice. La question qu‟on se pose est celle de savoir pourquoi au lieu de veiller à l‟organisation d‟élections honnêtes, on préfère plutôt un chaos électoral en vue de donner du travail au médiateur. Et s‟agissant de ce dernier, comment peut-on s‟imaginer que de personnes dont les délégués ont été à la base de tous les désordres électoraux connus dans le pays depuis 2006, peuvent subitement et inexplicablement bénéficier de la confiance des électeurs, des partis politiques, et des candidats ? Il est temps de le dire et de le répéter : si le pays connaît aujourd‟hui une crise de confiance voire de légitimité, c‟est aux religieux qu‟n le doit, eux qui ont profté de la naïveté politique des électeurs pour semer la pagaille dans le pays. A tel enseigne que les Congolais ne sont plus sûrs d‟aller aux urnes, parce que convaincus que ce ne sont pas eux qui choisissent finalement les élus mais plutôt la Commission Electorale. Si on veut donc parler d‟élections libres, transparentes, démocratiques et apaisées, il est important que l‟on dispose d‟une structure de vérification et de certification des résultats. C‟est la seule manière de rassurer tout le monde et d‟éviter des contestations nuisibles lors de la proclamation des résultats comme cela arrive en RDC depuis 2006. Pour avoir vécu l‟expérience douloureuse des élections de 2006 et 2011, les Congolais se méfient d‟une structure de médiation qui n‟est pas différente de la CEI et de la CENI actuelle. Ironie du sort, les deux commissions électorales ont été présidées tour à tour et comme par hasard par deux religieux qui, malheureusement, n‟ont pas prêché par l‟exemple. Le premier, Daniel NGOYI Mulunda a laissé un souvenir douloureux aux générations futures avant de voir son mandat écourté pour céder la place à celui auquel il avait succédé en 2010.
L‟on garde encore en mémoire le message des félicitations adressé par le président Abdoulaye WADE à son concurrent Macky SALL au lendemain de la proclamation des résultats de l‟élection présidentielle de 2012. Il a été dit à ce sujet que c‟est par la voie de téléphonie cellulaire que les sénégalais avaient surveillé cette élection en jouant ainsi le rôle d‟une structure de certification et de vérification des résultats. Or, faut-il le rappeler, le pouvoir organisateur des élections de 2011 avait bloqué le système des SMS pour ne pas permettre aux congolais de dénoncer les tripatouillages au moment des opérations de dépouillement des urnes. Pire, en violation de la loi électorale, les médias avaient été interdits, sous peine des sanctions pénales sévères, de publier les résultats sortis dans chaque bureau de vote. Autant d‟actes qui auraient pu être dénoncés si le pouvoir organisateur des élections avait misen place une structure de vérification et de certification des résultats de vote. Comme quoi la CEMI qui vient d‟être instituée par les religieux ne rassure personne. Bien au contraire, elle indique et nous nous dirigeons vers des contestations. Dans ce cas, pouquoi organiser les élections.