ELECTIONS DES GOUVERNEURS FIXÉES AU 26 MARS - PROCESSUS ÉLECTORAL : LA CÉNI RELANCE LA MACHINE, MAIS…

Jeudi 11 février 2016 - 15:31
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Le règne des commissaires spéciaux dans les 21 nouvelles provinces issues du démembrement ne devait pas durer. La Céni a fixé au 26 mars 2016 les élections des gouverneurs dans ces nouvelles entités administratives - la question financière ayant été levée. Foi du président de la Céni, Corneille Nangaa. Ces scrutins relancent la machine électorale, mais la Céni devra rassurer que sa nouvelle programmation  va éviter au pays l’ombre du glissement tant redouté.

Grand show, le mercredi 10 février 2016, au quartier général de la Céni. Depuis sa nomination à la tête de la centrale électorale, en remplacement de l’abbé Apollinaire Malumalu, Corneille Nangaa s’était effacé, prenant le temps de tâter le terrain avant de sortir de l’ombre. Hier mercredi, il a trouvé que le moment était arrivé pour imprimer sa marque.

En inscrivant les élections des gouverneurs dans les 21 nouvelles provinces nées du démembrement, la Céni va mettre fin au règne des commissaires spéciaux – une situation exceptionnelle qui énervait au plus point la Constitution. Désormais, la Céni est en mesure de convoquer le corps électoral pour doter ces 21 provinces des exécutifs provinciaux, en phase avec la Constitution.

La date est connue, en application de l’article 168 de la loi électorale. C’est le 26 mars 2016 que prendra fin le règne de l’arbitraire dans les 21 provinces. Le président de la Céni a déclaré avoir reçu du gouvernement un engagement ferme pour le financement de ce scrutin. Corneille Nangaa a, en outre, indiqué qu’à ce jour, les règlements intérieurs de 21 assemblées provinciales ont été jugés conformes à la Constitution par la Cour constitutionnelle.

L’engagement à aller jusqu'au bout

Même s’il persiste encore quelques interrogations sur la capacité de la Céni à s’acquitter de sa mission, le président de la Céni a fait savoir que son institution s’est pleinement engagée à relancer la machine électorale. Tout dépend, pense-t-il, cependant de l’accompagnement d’autres institutions, notamment le Parlement.

Pour l’instant, ce qui est positif, c’est le lancement officiel d’un avis d’appel d’offres international public pour l’acquisition des kits d’enrôlement des électeurs, des cartes d’électeur et des sources d’énergie pour la révision du fichier électoral en partenariat direct avec le Bureau central de coordination (BCECO). Mais aussi, la publication du calendrier portant élection des gouverneurs et vice-gouverneurs de nouvelles provinces.

Selon Corneille Nangaa Yobeluo, l’avis d’appel d’offres international pour la fourniture des kits électoraux est lancé après l’obtention des avis de non-objection sur le plan de passation des marchés et sur le document d’appel d’offres international émis par la Direction générale de contrôle des marchés publics (DGCMP). Il a rassuré que la Céni travaillera pour que ce processus aboutisse le plus vite possible en conformité avec la loi portant passation des marchés publics.

A cet effet, la centrale électorale aura à mobiliser, outre le personnel commis à la formation et à la supervision, 55.084 agents pour les 17.442 centres d’inscription à travers le pays dont les présidents des centres d’inscription, les préposés à l’identification et les opérateurs de saisie.

Aussi la Céni sollicite-t-elle une mobilisation totale de toutes les parties prenantes au processus et de l’ensemble de la population congolaise en perspective de cette grande opération.

De l’avis de Corneille Nangaa, le processus d’avis d’appel d’offres international permet à son institution de mettre en marche toutes les autres activités liées à la révision du fichier électoral, notamment l’identification, le recrutement, la formation, la sensibilisation ainsi que l’éducation civique et électorale des agents.

Faisant d’une pierre deux coups, il a lancé un appel au pouvoir législatif pour l’examen et l’adoption des lois nécessaires à l’effectivité de cette opération pendant la session de mars (enrôlement des Congolais résidants à l’étranger, notamment).

Enjeux du nouveau fichier électoral

A l’occasion de cette cérémonie, le président de la Céni a éclairé la lanterne des uns et des autres sur le nouveau fichier électoral qui fait couler beaucoup d’encre et de salive.

A ses yeux, le fichier électoral est le noyau du processus électoral. Et pour apaiser tous les esprits qui se surchauffent, Corneille Nangaa a rassuré que le nouveau fichier électoral diffère de l’ancien fichier jugé « corrompu » par la Majorité et qualifié d’« infecté » par l’Opposition.

Ne pas violer la Constitution

« Le nouveau fichier électoral à constituer doit être fiable. Avec objectif moins zéro. Nous voulons avoir des listes électorales sans omis. Ici, on doit voter là où on s’est enrôlé. Le nouveau fichier électoral doit garantir une accessibilité à tous les électeurs. Il aura l’ambition de prendre en charge tous les scrutins. Or cela n’a pas été le cas pour les élections de 2006 et celles de 2011. La question des entités n’a pas été identifiée. Le problème ne se posait pas au niveau de la Céni», a-t-il expliqué. Avant de renchérir : « Le nouveau fichier électoral ne sera pas contesté. Cela permettra d’organiser des scrutins programmés ».

Pour Corneille Nangaa, la Céni n’a pas l’intention de violer la Constitution. Raison pour laquelle elle met les bouchées doubles pour clore le dossier du nouveau fichier électoral avant de convoquer l’électorat. « Nous avons reçu 200 millions Usd pour le fichier électoral. Le temps du fichier électoral dépend des moyens financiers dont nous disposons. Il y a également la capacité managériale de la Céni », a-t-il affirmé. Et de poursuivre : « 2016, c’est l’année électorale. Nous travaillons d’abord dans ce sens pour avancer. Au lieu que l’on avance, il y a des contre-courants. Le nouveau calendrier électoral à publier doit avoir l’adhésion d’une grande partie de l’opinion ».

Il a, par la même occasion, déploré des pressions que la Céni subit de toutes parts : « Permettez à la Céni de jouer son rôle en toute indépendance et en toute transparence ».

Aller jusqu’au bout

Nombreux sont les observateurs qui voudraient bien prendre le président de la Céni au mot. Ils trouvent positif ce premier pas qui indique que la Céni voudrait revenir au bon sens en revenant sur la voie du respect de la Constitution. Aussi est-il attendu de lui qu’il ne s’arrête pas en si bon chemin, au contraire, qu’il aille jusqu’au bout en respectant les délais constitutionnels. Cela passe par l’organisation, avant de 2016, des élections essentielles, particulièrement la présidentielle, à l’issue de laquelle l’alternance politique aura été assurée.

Le Potentiel