Des organisations de la société civile environnementale de la région des Grands lacs se disent inquiètes de l’exploitation prochaine du pétrole par l’Ouganda dans le lac Edouard au niveau du bloc Ngaji. Dans une lettre ouverte adressée samedi 8 août aux chefs des gouvernements ougandais et congolais, ces organisations estiment que cette exploitation risque d’affecter, par sa pollution, le parc de Virunga.
Le bloc Ngaji dans le lac Edouard-classé patrimoine mondial de l’Unesco-partage ses limites avec le parc national des Virunga.
« Si l’exploitation se passe du côté ougandais il y a une possibilité que les effets soit ressentis en RDC. Nous avons adressé cette lettre dans le sens où nous nous sommes dit que ces deux pays font partie des plusieurs conventions qui protègent ce patrimoine mondial », a affirmé Isaac Mumbere du réseau CREF.
Il a invité les deux gouvernements à se concerter autour de ce projet « parce que les conséquences seront vécues de deux côtés ».
« Mais aussi on est en train de se battre pour que le pétrole ne soit pas exploité dans le parc national des Virunga. Ce que nous attendons du gouvernement congolais, c’est de saisir le gouvernent ami de l’Ouganda pour essayer de bien s’informer par rapport à ce projet que de gérer les conséquences qui vont venir, pour vraiment avoir des précisions », a ajouté Isaac Mumbere.
La lettre ouverte envoyé aux gouvernements congolais et ougandais a été signée par une dizaine d’organisations de la RDC, du Rwanda, de l’Ouganda et du Burundi.
L’exploitation n’a pas encore commencée, mais le contrat est déjà signé entre le gouvernement ougandais et la compagnie qui va exploiter, affirment ces ONG environnementales.
« On peut exploiter sans détériorer »
Le ministre congolais des Hydrocarbures, Crispin Atama Appa, a indiqué que l’exploitation du pétrole peut se réaliser à cet endroit sans qu’il ne soit détérioré.
« Nous restons convaincus qu’on peut exploiter sans détériorer. On le fait ailleurs, nous avons été en Ouganda personnellement, les buffles et les antilopes broutent allégrement à côté de l’endroit où l’on fait le forage », a affirmé le ministre dans un entretien accordé ce week-end à Radio Okapi.
Il estime que Soco international, la société pétrolière qui explore dans ce parc et dont les activités font l’objet de critiques sévères des ONG environnementales, n’attend que l’harmonisation entre le gouvernement congolais et l’Unesco pour procéder à l’exploitation.
Et cette exploitation aura lieu, précise Crispin Atama Appa.
« La société est suffisamment attaquée par des ONG « instrumentalisées ». Parce qu’on leur fait croire que si Soco poursuit ses activités pétrolières dans le parc national de Virunga, qui est patrimoine mondial, elle va faire table rase de gorilles, de tout ce qui se passe là-bas. On avait même fait circuler des rumeurs, si Soco fait la sismique, tous les poissons du lac Edouard vont pourrir, même les femmes aux alentours vont avorter. Des faussetés du genre, ça c’est la distraction pure et simple», a ajouté Crispin Atama.