Harcèlement judiciaire : Katumbi et ses proches dans le viseur du fisc

Vendredi 26 août 2016 - 12:30

Candidat déclaré à la prochaine présidentielle, Moïse Katumbi reste toujours un homme à abattre pour la Majorité présidentielle. Recrutement des mercenaires par-ci. Spoliation d’immeuble par-là, tout a été mis en œuvre pour noircir son casier judicaire en vue de l’écarter de la course présidentielle. Et comme si cela ne suffisait pas, le pouvoir en place amis aux trousses des proches de Moïse Katumbi le fisc et la douane. Parle biais des redressements fiscaux et douaniers montés de toute pièce. Une trentaine d’entreprises sont ciblées.

 

Depuis mardi le 23 août, le comité préparatoire au dialogue siège a Beatrice Hôtel. Le Rassemblement des forces politiques et sociales acquises au changement n’y prend pas part. Soude autour d’Etienne Tshisekedi, cette plate-forme politique de l’Opposition ne s’est donc pas inscrite dans la logique tracée par le facilitateur Edem Kodjo.

 

Parmi les points de réticence du « Rassemblement», il y a notamment la libération d’un nombre précis de prisonniers politiques et d’opinion ainsi que l’arrêt des poursuites judicaires contre l’opposant Moïse Katumbi. Outre la récusation de Kodjo, le «Rassemblement » tient a ses préalable qu9l considère - à juste titre d’ailleurs - comme intangibles. Mais, c’est sans compter avec la détermination des caciques de la Majorité présidentielle qui ont juré d’aller jusqu’au bout. Dans leur viseur, c’est, évidemment Moïse Katumbi, candidat président de la République sou tenu par le G7 et l’Alternance pour la République, deux plateformes membres du « Rassemblement».

 

En effet, tout est mis en œuvre pour le disqualifier de la prochaine course présidentielle. L’objectif primordial est de noircir son casier judiciaire afin de le rende inéligible à toute élection. Dans la mise en œuvre de ce plan machiavélique, tout y passe.

 

L’on a encore frais en mémoire l’affaire du recrutement présumé des « mercenaires» au Katanga qui lui aurait été imputé. C’est le ministre de la Justice et droits humains, Alexis Thambwe Mwamba, qui s’était chargé d’annoncer la nouvelle à la presse. Le dossier ayant fait flop, le pouvoir en place a récidive en mettant en vedette un sujet grec dans une présumée affaire de spoliation immobilière dont se serait rendu coupable Moïse Katumbi. Avec une célérité sans pareil dans l’histoire judiciaire de la RDC, Moïse Katumbi a été condamné à trois (3) ans de prison ferme, avec des amendes évaluées à plus d’un million USD.

 

Aujourd’hui, l’affaire est toujours pendante en justice, la partie défenderesse ayant interjeté appel devant des instances supérieures. Malgré la procédure engagée, le ministre de la Justice a promis d’arrêter Moïse Katumbi dès qu’il remet ses pieds en RDC. Des déclarations qui traduisent le degré de harcèlement exercé sur l’homme du «3ème pénalty » - cette métaphore qui a consacré son divorce avec la Majorité présidentielle.

 

LE FISC ET LA DOUANE ENTRENT EN DANSE

A tout prendre, Kinshasa a juré de fragiliser complètement Moise Katumbi. Pour le moment, ce sont ses proches qui sont visés. Selon des informations recueillies auprès des instances fiscales et douanières de la République démocratique du Congo, 36 entreprises censées appartenir à des personnalités apparentées ou proches de Moïse Katumbi sont passées au peigne fin par des inspecteurs fiscaux et douaniers. Il s’agit de recueillir des éléments probants d’une fraude ou d’une évasion fiscale et/ou douanière. Les déclarations fiscales et douanières d’une trentaine d’entreprises basées pour ta plupart dans l’ex-province du Katanga sont tamisées.

 

Evidemment, la sentence est connue d’avance, se dit-on dans les milieux du fisc et de la douane. Pour l’essentiel, c’est Moïse Katumbi qui est visé. La stratégie vise avant tout à neutraliser son entoura9e de façon, croit-on à Kinshasa, a rétrécir ses sources de financement. Car, dans le chef du pouvoir en place, on continue à croire que Katumbi posséderait dans l’ex-Katanga, tout comme ailleurs dans le pays, des entreprises écrans, créées avec des noms d’emprunt. D’où, la chasse aux sorcières lancées contre ses proches.

 

Jusqu’où ira Kinshasa ? L’on n’en sait rien. Une chose est sûre Moïse Katumbi, quoique officiellement autorisé séjourner à l’étranger pour des raisons de santé, ne cesse de donner des insomnies à la Majorité présidentielle. En multipliant des stratagèmes pour l’éloigner davantage de la RDC, le pouvoir dénature le sens même du dialogue politique qu’il claironne à longueur des journées. Raison pour laquelle le « Rassemblement » est irrité et préfère prendre ses distances vis-à-vis d’une initiative qui n’au9ure rien de bon par rapport a la décrispation politique et la détente qui devrait précéder un forum national voulu inclusif et baliser la tenue d’élections dans un climat apaisé.

 

En pêchant en eaux troubles tout en montant de toutes pièces des affaires rocambolesques contre Moïse Katumbi, la Majorité vogue à contre-courant de l’initiative prônée par son autorité morale, Joseph Kabila Kabange. Que servira alors un dialogue si des opposants sont toujours pourchassés et matraques, juste parce qu’ils gênent. Ne devrait-on pas à la fin savoir ce que l’on veut vraiment?

 

La Majorité présidentielle ferait mieux de se ressaisir - et à temps. Avant que la terre ne se dérobe sous ses pieds. Car, au- delà de l’ancien gouverneur du Katanga, c’est tout le peuple qui est éveillé, mobilisé comme un seul homme pour l’alternance. Ce n’est pas la traque systématique contre un individu, en l’occurrence Moïse Katumbi Chapwe, qui le détournera de cet idéal.

Par LE POTENTIEL