Hubert Efole, ancien ministre économie et cadre RCD: « Si Diomi n'est pas libéré et si poursuites injustes contre Katumbi maintenues, faut pas boycotter dialogue. La question des préalables trouvera solution lorsque pouvoir changera des mains».

Samedi 27 août 2016 - 15:21
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« On ne vas pas sacrifier la nation parce que Diomi n'est pas libéré, ou parce que Katumbi est injustement poursuivi». «Faut-il sacrifier les intérêts de la multitude pour nos amis?». «Nous continuerons à faire pression pour que le gouvernement cède sur les préalables». «Cette question des préalables se résolvera d'elle-même une fois que le pouvoir changera de main». « Les résolutions qui sortiront du Dialogue doivent respecter la constitution». Voilà quelques unes des phrases qu'à sorties Maître Hubert Efole, ancien ministre de l'économie et cadre du RCD (Rassemblement des Congolais pour la Démocratie). L'éminent juriste a accordé le jeudi 26 août dans un restaurant chic de Kinshasa une interview à 7SUR7.CD. Ci-dessous l'intégralité de cet entretien à bâtons rompus sur comment sortir de la crise politique sans casser la constitution et sans perte en vies humaines.

Q1. Pourquoi vous  participez au Dialogue?

H.E: Parce depuis que l'on (RCD) s'est rendu compte que la crise sur le processus électoral devenait  inéluctable, nous nous sommes dit qu'il n'y avait pas 36 façons pour  solutionner cette grave crise électorale et politique. Il y a seulement deux solutions: C'est soit la solution de la violence soit la solution négociée donc paisible. En tant que responsable politique, au regard de la situation de notre pays où pullulent des groupes armés, locaux et même étrangers qui font beaucoup des dégâts, nous pensons que la solution par la voie de la violence affaiblirait davantage l'État. Et ça pourrait avoir des conséquences insoupçonnées. Et donc pour nous la voie paisible est si pas la seule voie, une voie quasi préalable. On ne pouvait pas ne pas la tenter.On se devait de la tenter si ça échoue alors on peut explorer d'autres voies.Nous encourageons les autres forces politiques à venir au Dialogue.

Q2: Question des préalables non résolue, les autres forces ne peuvent venir?

H.E: Il aurait été très bon que tous les préalables soient rencontrés. Ces préalables-là sont préalables parce que ça pose des problème à certain nombre de nos compatriotes qui n'ont rien fait et qui subissent l'injustice du pouvoir.  Mais la situation du pays pose des problèmes à un plus grand nombre. Est-ce qu'on a le droit de condamner ce plus grand nombre parce que nos amis à nous sont dans la peine? Nous allons continuer à demander la libération et l'arrêt des poursuites de nos compatriotes, Katumbi et Diomi notamment.
Mais nous n'avons pas le droit de condamner l'autre multitude pour cela. Le pouvoir assumera ses responsabilités. En tout état de cause, L'urgence et la priorité c'est d'abord de sauver la nation.

Q3: Sauver la nation même au prix de la violation de la constitution?

H.E: On ne doit pas nécessairement violer la constitution. Nous allons au Dialogue mais toutes les solutions négociées, tous les accords qui sortiront de ce forum-là doivent respecter la constitution. Il n'est pas question de violer la constitution.

Q4: Vous savez que techniquement il n'est pas possible d'organiser les élections dans le délais constitutionnels, notamment la présidentielle?

HE: Malheureusement, il y a beaucoup de probabilités  que cela ne soit pas possible. Mais la constitution nous permet d'avoir des solutions qui ne conduiraient pas à sa violation. Nous pensons que les autres comprendront qu'il est possible d'avoir des solutions dans la constitution pour régler la question de la violation de la constitution. Il faut souligner le fait que les élections ne soient pas organisées dans les délais prévus, ne se résume pas seulement au mandat présidentiel (art.70). Car tous les autres mandats sont aussi constitutionnels.
Ce n'est pas seulement le mandat du président  de la République qui est constitutionnel. Quand on organise pas les élections à la fin de ces mandats on viole la constitution qui veut qu'il ait un renouvellement des mandats après une période de 5 ans. Mais il y a des solutions constitutionnelles en pareil cas.
Nous pensons qu'on va les explorer pour conserver la paix et organiser le plus rapidement possible les élections.

Q5: Solutions envisageables pour ne pas violer la constitution?

H.E: C'est une question qui est en discussion au niveau des juristes du parti.  Et qui sera en discussion au niveau de l'Opposition au Dialogue. Je m'abstiens de donner la réponse. La constitution prévoit bien des mécanismes pour sortir de l'impasse vous verrez.

Q6: Message à l'endroit des opposants qui boycottent le Dialogue?

H.E: Il est bon que nous réclamions qu'il y ait des signes d'apaisement et que nous continuions à faire pression pour que le gouvernement cède. Mais il est aussi bon d'avoir une échelle des priorités. On ne peut pas dire aujourd'hui on va continuer à avancer vers le mur et fracasser toute la nation simplement parce que les poursuites contre Katumbi ne sont pas arrêtées et que  Diomi Ndongala n'est pas libéré. Nous souhaitons que  Moïse Katumbi ne soit plus poursuivi et que Diomi soit libéré. Mais on ne va pas sacrifier la nation pour cela. Parce que s'ils ne sont libérés eux et leurs proches et si les poursuites ne s'arrêtent pas, la question se résolvera d'elle-même lorsque le pouvoir changera des mains.

Propos recueillis par Israël Mutala

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