L’actualité judiciaire à Kinshasa vient d’annoncer ses couleurs avec une affaire qui défraie actuellement la chronique. Il s’agit d’une affaire d’escroquerie dont s’est rendue coupable Aimée Mudiambwa, membre fondatrice et caissière d’un réseau des malfaiteurs opérant sous le label d’une organisation non gouvernementale dénommée « Noix de Cola ». La spécialité de cette ONG, c’est la facilitation des formalités pour immigrer vers les Etats-Unis d’Amérique.
Aussi curieux que cela puisse paraître, « Noix de cola » ne dispose que de deux agents connus et identifiés, Christian Mota, vivement recherché par les enquêteurs de la Police provinciale et en cavale, et la dame Mudiambwa présentement aux arrêts.
Hier, cette personne a été présentée aux médias, afin que les autres victimes de son réseau viennent se signaler à la police, de manière à réunir tous les éléments constitutifs de ses méfaits. Déjà, la police a recensé en deux jours seulement, près de 366 victimes. Et qu’en sera-t-il en deux semaines ou en un mois ?
A en croire l’une de ces victimes abordée par la presse au Commissariat provincial de la police sur avenue du 24 novembre, Aimée a démarré ses sinistres exploits en avril 2015. Faisant du « porte en porte », elle battait campagne pour son ONG qui aurait des relations solides avec les dirigeants politiques de l’Etat du Colorado. C’était, dira-t-elle, pour assurer leur immigration vers cet Etat des Etats-Unis.
A Kinshasa, « Noix de cola » a développé deux activités principales. Pour les candidats à l’émigration, cette ONG assurait pour les uns, le voyage, et pour les autres, la facilitation pour toutes les formalités requises en vue de l’obtention des documents de chancellerie, notamment le passeport, la note verbale et le visa. Pour quitter la RDC et s’exiler ailleurs, des gens ont afflué en masse et payé sans tergiverser 1.908 dollars pour ces formalités, auxquels il faudrait ajouter 200 dollars pour la RVA, 50 dollars de Go Pass, et 50 dollars pour l’Hôtel de ville de Kinshasa.
A la tête de l’équipe des enquêteurs de la police provinciale pour mener ces investigations, le commissaire supérieur adjoint Nakahosa s’attèle aujourd’hui, à recenser toutes les victimes et dresser un volumineux dossier judiciaire à même d’éventrer cette escroquerie du siècle. Hier, une foule de plaignants s’était signalée auprès des policiers. Tous ne réclament qu’une chose, que leur argent leur soit restitué.
Vaste escroquerie de masses
Mme Betty, une autre victime, a laissé échapper toute sa colère. C’est depuis le mois d’avril qu’elle avait versé auprès de la dame Mudiambwa, plus de 3.000 dollars, pour un voyage à effectuer au mois de juillet pour sa famille regroupée. Quatre mois plus tard, les promesses se multiplient. Et pour calmer les impatients, des réunions sont tenues. A l’ordre du jour : le voyage en masse de nouveaux migrants vers les Etats-Unis. Au lieu des assurances, ce sont des promesses fallacieuses et élastiques qui sont formulées.
L’on ne comprend pas comment ces promesses vont entraîner des dizaines de victimes jusqu’à la date limite du 9 novembre 2015. Rendez-vous est pris pour une parcelle résidentielle à Mikondo où tous les candidats migrants allaient prendre un véhicule pour l’aéroport de Ndjili. De 8 heures du matin jusqu’à 22 heures, la patience a atteint ses limites, la colère est montée de plusieurs crans. Car, personne n’était là pour les apaiser. A son arrivée à 22 H à Mikondo, dame Mudiambwa présente un nouveau problème. Selon elle, l’avion qui devait embarquer les passagers à Kinshasa, avait atterri à l’aéroport international de Maya-Maya à Brazzaville. Il était bloqué là bas, a rassuré la caissière de « Noix de cola », parce que les autorités congolaises n’ont pas encore autorisé son atterrissage à Ndjili. Elle a indiqué que juste le temps de terminer les négociations et tout sera débloqué.
Il était 23 heures quand des candidats migrants ont regagné leurs domiciles, fatigués, épuisés et déçus. Certains se sont donné le mois de décembre comme date butoir pour l’accomplissement de toutes les formalités. Et nous voilà au mois de janvier 2016. Dans un élan de solidarité des victimes d’escroquerie, tous ces hommes, femmes et enfants, ont convenu de porter plainte auprès du Commissariat provincial de la police ville de Kinshasa où ils s’attendent à ce que justice leur soit rendue.
A une question lui posée, dame Mudiambwa s’est dit disposée à rembourser les fonds escroqués. Comment et quand ? Elle est demeurée évasive, sans fournir les modalités de l’échéancier.
Pour d’autres plaignants, cette dame dont la dangerosité a été démontrée, était souvent protégée par deux éléments de la police militaire qui n’hésitaient pas à les menacer. Ce sont là des manœuvres d’intimidation, ont-ils laissé entendre, de nature à décourager certains candidats dans leur démarche.
Aujourd’hui, tous les plaignants sont unanimes et s’attendent à ce que toute la vérité soit dévoilée autour de ce réseau, ainsi qu’à la restitution des fonds versés à cette ONG au nom bizarre de « Noix de cola ».
Affaire à suivre !
J.R.T.