* Au moment où le Gouvernement congolais exige son extradition, sept civils viennent d’être tués à coup de machette et de hache à Beni.
A quand le retour de la paix dans le territoire de Beni, au Nord-Kivu ? Voilà la question qui ne cesse de tarauder l’esprit de la population. Car, après quelques temps d’accalmie, la série des massacres a repris son cours normal à Beni, entretenant par ce fait, une insécurité qui ne s’observe que dans cette partie de la RDC. Les habitants de Beni continuent à vivre un véritable calvaire en se posant d’ailleurs mille et une questions. Il y a peu, deux casques bleus avaient été tués toujours à Beni. Au centre des incessants massacres, encore et toujours des rebelles ougandais des ADF. Le tout dernier massacre en date, c’est-à-dire celui enregistré dans la nuit de samedi à dimanche dernier, a fait sept morts, des civils. De quoi se demander jusqu’à quand les habitants de Beni seront-ils confrontés à ce genre d’insécurité et à surtout quand le retour définitif de la paix dans la province du Nord-Kivu.
Juste au moment où le ministre congolais de la Justice arrivait à Goma pour déclencher la procédure d’extradition du chef des ADF, Jamil Mukulu, voilà qu’une mauvaise nouvelle était signalée à Beni. A coup de machettes ou de hache, les rebelles ougandais du groupe ADF tuaient sept civils congolais. En réaction à l’arrestation de leur chef par les services tanzaniens ?
La question reste toujours posée. Mais, ce énième massacre des Congolais sur leur propre territoire pose un vrai problème de sécurité. Surtout lorsqu’on sait qu’à ce jour, plus de trois cents Congolais ont déjà expérimenté la méchanceté de ces assaillants qui sévissent, depuis plusieurs mois, dans le territoire de Beni sans qu’ils ne soient empêchés de commettre leur sale besogne. Aucune anticipation pour étouffer leurs actes terroristes dans l’œuf, en dehors de constats qui sont faits lorsqu’ils ont atteint leurs objectifs en tuant des civils.
ARRETE EN TANZANIE, JAMIL MUKULU ATTENDU A KINSHASA
Lors de sa fuite, après la série des massacres enregistrés à Beni, Jamil Mukulu, le chef des rebelles ADF, a été arrêté par les services tanzaniens. Voilà qui a poussé le Gouvernement congolais, par l’entremise du ministre de la Justice Alexis Thambnwe Mwamba, à solliciter l’extradition de ce tueur en chef à Kinshasa. C’est ce qu’a annoncé le représentant de l’Exécutif congolais lors d’une conférence de presse tenue hier à Goma. Une délégation de douze personnes a été dépêchée hier en Tanzanie afin de déclencher la procédure. Ils sont porteurs d’un ordre de mission signé par le ministre de la Justice et de la demande d’extradition du Gouvernement. Même le souci exprimé par la partie tanzanienne, celui de ne pas voir le chef rebelle ADF être exécuté, a été pris en compte à travers des garanties offertes par le ministre de la Justice. Ce qui devrait rassurer le Gouvernement tanzanien.
Jamil Mukulu est attendu à Kinshasa pour être jugé sur des actes terroristes accomplis par sa bande à Beni. Des centaines de civils congolais ont été tués par ses hommes à ce jour. Bien souvent à coup de machettes ou de hache. En fait, des crimes contre l’humanité. Tout à fait normal qu’un tel homme soit jugé et qu’il réponde des actes dont il a la responsabilité. Il revient au Gouvernement tanzanien de ne pas le protéger, mais de le renvoyer dans le pays où des crimes ont été commis. La Tanzanie n’a aucun intérêt à protéger un criminel comme le Rwanda avait eu à le faire. Pas question, non plus, de l’envoyer en Ouganda parce que les crimes ont été commis en RDC. Après la procédure initiée par le Gouvernement congolais, il reste à la partie tanzanienne de faire preuve de bonne foi dans cette affaire. En attendant la fin de la procédure, le sieur Jamil Mukulu est toujours attendu à Kinshasa.
LES SERVICES CONGOLAIS INVITES A FAIRE PREUVE D’ANTICIPATION
Qu’est-ce qui fait que les rebelles ADF ne sont jamais empêchés de commettre leurs forfaits au point qu’on ne fait qu’enregistrer des dégâts ? Cette question, bon nombre d’observateurs continuent à se la poser sans cesse. C’est là qu’ils invitent les services de sécurité à faire preuve d’anticipation. A voir le nombre des massacres commis, il est bien possible de se faire une idée sur les habitudes des ADF ainsi que sur les endroits et le moment où ils agissent habituellement. Dès cet instant donc, on peut être en mesure, indique-t-on, d’anticiper sur leurs actions. Car, poursuit-on, on ne peut pas vraiment comprendre que jusqu’à ce jour, qu’on n’ait pas mis la main sur des rebelles qui entretiennent un climat d’insécurité à Beni. Voilà qui devrait suffire pour justifier une grande opération de traque de ces assaillants qui perturbent la paix au Nord-Kivu à l’instar des miliciens du M23 autrefois au Nord-Kivu.
De la même que les rebelles rwandais des Forces démocratiques pour la libération du Rwanda (FDLR) ne connaissent aucun moment de répit, les ADF devraient également choisir le chemin de la fuite. Là aussi, pense-t-on, les forces armées de la RDC doivent se mettre en action en traquant les ADF jusque dans leur dernier retranchement. Tout doit donc être mis à profit et à n’importe quel prix pour sécuriser les habitants de Beni afin que, plus jamais l’on parle encore de massacre. Car, ce qui devrait passer pour l’exception commence à prendre des allures d’une habitude. Tout à fait normal que des cris de détresse soient lancés tant par la société civile du Nord-Kivu en général que par la population de Beni concernée par la situation au jour le jour. Le Gouvernement congolais, pour sa part, devrait faire de la situation sécuritaire à Beni une priorité et même créer un comité de crise. M. M.