JOURNEE INTERNATIONALE DE LA FEMME IDIOFA : LE PAGNE A FAIT LE 8 MARS

Mardi 15 mars 2016 - 05:10
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Le 8 mars, le territoire d’Idiofa, dans la province du Kwilu, a vécu une ambiance joyeuse et colorée du traditionnel défilé des femmes en pagnes. Flash back sur un gigantesque défilé dont ont été témoins le député national Nsaman-O-Lutu et son épouse, le Pr Angel Onsine.

Tout Idiofa a bien vibré ce 8 mars 2016. Et avec, des femmes qui ont brillé de mille feux dans leurs pagnes flambants neufs. Après le culte, elles ont pris d’assaut le boulevard Kabila, au quartier administratif, pour un défilé de plus de trois heures, ouvert par le détachement féminin garnison de la police d’Idiofa.
Terre MP, Idiofa l’est. Au point qu’au passage de l’effigie du chef de l’Etat, Joseph Kabila, toute la tribune, comme un seul homme s’est mise debout, sous les applaudissements nourris des habitants qui regardaient le défilé massés de l’autre côté du boulevard. L’opposition, si elle existe dans ce coin du territoire national, était totalement invisible.

EXCEPTIONNELLES FEMMES DU PALU
Cet impressionnant défilé était fermé par les femmes du PALU qui n’étaient pas passées inaperçues, avec les drapeaux et autres insignes du parti qu’elles arboraient. Ce 8 mars, tout ce que la formation chère à Antoine Gizenga compte de femmes à Idiofa, en état de marcher, était au rendez-vous. Elles constituaient même les 70% des femmes des 17 partis politiques qui ont défilé, suivies de celles du CNC du député national Pius Muabilu, 20%, le PPRD et les autres se partageant les 10% restants. Des sources à Idiofa confient que certaines femmes du parti présidentiel auraient boudé le défilé au motif qu’elles n’avaient pas reçu les pagnes qui leur avaient été promis ou qu’elles étaient en droit d’attendre. Des problèmes que n’ont pas rencontrés leurs camarades du PALU, fières de défiler avec un pagne à l’effigie d’Antoine Gizenga ou tout autre insigne distinctif du parti plutôt que le coûteux spécial pagne du 8 mars.
A Idiofa, toutes les femmes désireuses de défiler ne l’ont pas fait. Certains couturiers n’ont pas pu livrer à temps les habits qui leur avaient été confiés pour confection, privant du coup certaines femmes de leur joyeux et traditionnel défilé en pagnes. Ceci explique peut-être cela, la représentante Genre, Koy Ngolo Cornéline, membre du comité organisateur dudit défilé, a exhorté les femmes à ne pas " réduire cette journée au port du pagne et à la réjouissance. " " Pour réussir le combat de la parité homme-femme d’ici 2030 ", a-t-elle martelé peut avant de renvoyer les femmes fêter, "nous devons envoyer nos filles à l’école pour arriver à faire le même travail que fait l’homme. Car ce n’est pas n’importe quelle femme qu’on va promouvoir, mais celle qui a étudié, celle qui a les mêmes aptitudes que l’homme…", a-t-elle insisté. Koy Ngolo a affirmé que quelques jours plus tôt, des femmes d’Idiofa avaient assisté à des séminaires organisés dans le cadre de la commémoration du mois de la femme.

UN JOUR DE FETE
Il y a trois ans, le ministère de la Femme et de l’Enfant avait interdit le défilé. Pour le gouvernement congolais, il s’agissait d’éviter la routine et de donner un nouveau sens à cette célébration, en visant un changement de comportement chez la femme. En remplacement des festivités traditionnelles du 8 mars, il était demandé à la société civile et aux entreprises de consacrer leur budget à la sensibilisation et de débattre sur les thèmes de l’année.
A Idiofa, la journée était essentiellement festive. Aussi tôt le défilé terminé, ce qu’Idiofa compte de terrasses était investi par des femmes en pagnes. Elles y ont partagé un verre et fait la fête jusqu’à la nuit tombée. N’en déplaise à l’administrateur du territoire, Jacques Mbila Ekiki, qui leur avait demandé de rentrer fêter à la maison avec leurs maris.

UNE FETE QUI COUTE CHER
Même deux jours après, des femmes en pagne du 8 mars et fières de l’être se promenaient dans les rues d’Idiofa. On les voit par grappe entière çà et là. "C’est le pagne qui fait le 8 mars, pas la femme", estime une enseignante du primaire. Un jeune explique que "quand les femmes s’habillent en pagne, ça leur donne du poids, de la valeur…"
A l’instar de Kinshasa, le 8 mars, il se trouve à Idiofa des hommes qui désapprouvent du regard de simples robes ou jupes, ou encore les pantalons. Là aussi, les filles en pantalons ont parfois droit à des regards sévères, des invectives, des blagues de mauvais goût de la part des jeunes gens.
" Toutes les femmes n’ont pas les moyens de s’acheter un pagne. Et puis les couturiers coûtent cher. Il faut débourser entre 4 500 et 9 000 FC pour la confection ", explique Beloti, une demoiselle de 30 ans. Elle indique qu’elle a acheté le pagne spécial 8 mars, vendu à 23.500 FC, trop onéreux pour la majeure partie de la population d’Idiofa. Et donc beaucoup de femmes d’Idiofa étaient déçues de ne pas faire la fête faute d’argent pour se payer même un pagne ordinaire neuf.

LE GESTE DE CŒUR DES NSAMAN
Le 8 mars a trouvé le député national Oscar Nsaman-O-Lutu en mission à Idiofa où il était arrivé deux jours plus tôt. L’élu du Mont Amba y était en vacances parlementaires pour le compte de la MP mais aussi pour redynamiser les activités de son parti le PALU. De tous les députés présents à Idiofa, Nsaman était le seul, avec son épouse, à assister au défilé. On les a vus débout dans la tribune, saluant le passage des mamans du PALU. A la fin du défilé, le couple Nsaman avait offert un repas à 500 femmes d’Idiofa, toutes tendances confondues, pour, explique-t-il, " honorer la journée de la femme, exiger la cohésion et la solidarité entre les femmes". Un geste de cœur que les femmes du terroir ont apprécié à sa juste valeur.
Pour ce cadeau, et tant d’autres, notamment l’ouverture d’un collège, pépinière de la future université du CEPROMAD, les Nsaman voltigent à jamais vivants sur les lèvres des habitants d’Idiofa.Didier KEBONGO