KIBAMBI : GROS PLAN SUR L’ACCOUCHEUR D’IDÉES DE MATATA

Lundi 21 mars 2016 - 09:48
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Evénement dans l’événement qu’est la prestation de Kibambi Shintwa à l’occasion du vernissage-bénédiction du livre de Matata Ponyo ? Assurément. Ou presque. En tous les cas, cela y ressemblait fortement. Invité à prendre la parole en sa qualité de co-auteur de l’opus, Kibambi Shintwa autant par réflexe professionnel que par modestie, se présente en accoucheur d’idées. Sans autre prétention aucune. Laissant ainsi tout le mérite au Premier ministre. Mais, lorsqu’il entame son intervention, l’amphi de l’Université catholique du Congo rempli comme un œuf se tait dans toutes les langues. Silence de cathédrale. Silence monacal. En ce lieu où l’on forme aussi des théologiens de haute volée, l’expression peut être comprise non seulement au figuré mais aussi au propre. On aurait dit : " un ange est passé ", n’eût été la mélodie qui emportait l’assistance. Et oui, Kibambi Shintwa parlait plus qu’il ne lisait un texte. Quel texte ! Une allocution qui charriait plusieurs décennies d’expérience de journaliste de talent. Un discours où l’on voyait défiler à la fois le séminariste pétri de bonnes lettres, le présentateur du journal parlé, du mythique 20 heures, le journaliste d’investigation, l’intervieweur hors pair, et last but not least, le communicant façon « spin doctors ». A la fin de cette intervention centré notamment sur les péripéties ayant conduit à l’entretien avec le Premier ministre, la salle n’a pas attendu les sollicitations d’usage pour applaudir à tout rompre. Un tonnerre d’applaudissements qui a valeur d’hommage. Un hommage mérité pour ce monstre sacré du petit écran. En Afrique et, plus particulièrement en RDC, il est d’usage de porter au pinacle des hommes ou des femmes de valeur seulement une fois le dernier soupir rendu. Ces fameux hommages posthumes. Ces tonnes de qualités dont on couvre nos morts. Pourtant, la reconnaissance est un stimulant pour les vivants. Kibambi Shintwa, à qui nous souhaitons une très longue vie mérite de la profession, sa profession, de la jeunesse aimantée par la communication et de la patrie. Forum des As publie la partition déclinée le jeudi 17 mars courant par le maestro Kibambi. FDA Quel honneur et quel bonheur de me trouver devant cet aréopage et en ces lieux où on respire la science, ces lieux où l’on dispense le savoir.
Permettez-moi, et c’est légitime, de pousser un ouf de soulagement pour être arrivé au terme d’un voyage, pas de tout repos.
Convaincre Son Excellence Monsieur le Premier Ministre de se livrer à cet exercice de questions-réponses est loin d’avoir été une sinécure, en effet.
L’idée même de penser arracher quelques heures à quelqu’un qui ne peut pas se satisfaire du temps qu’offre une journée normale de travail peut ressembler à une folie, ou, à tout le moins, à de la témérité.
Une fin de non-recevoir a été réservée à ma demande après la première audience qui m’avait été accordée, à ce sujet. Il y a environ une année que j’ai effectué cette démarche, alors que l’idée, elle, remonte à il y a deux ans. Les sept minutes qu’avait duré l’entretien n’avaient pas suffi à convaincre mon prestigieux interlocuteur, trop absorbé par son travail.
Engager Matata Ponyo dans une aventure qui s’apparentait à de la publicité autour de sa personne, ou à une forme de communication banale. Loin de son aspect scientifique, l’engager dans une aventure de cette nature était voué à l’échec.
L’objectif que je poursuivais était pourtant un peu plus noble : celui de faire ce que l’on appelle en télévision, un " arrêt sur image " sur une personnalité à qui on tresse des lauriers à travers le monde et au pays.
Autrement dit, supplier le temps de suspendre son vol, comme dirait le poète, pour me permettre de faire connaitre le vrai visage de Matata Ponyo. Un homme qui a à sa disposition la radio, la télévision et toute une agence de presse, a-t-il besoin de perdre son temps, oh combien précieux, pour répondre à un journaliste dérangeant ? Je m’en étais ouvert à une personnalité dont je tais le nom, et qui m’avait encouragé. Au second rendez-vous, j’avais obtenu l’accord, et on pouvait commencer.
Tous les virus ne conduisent pas nécessairement à l’hôpital. Celui que je traine depuis mes dix ans consistait d’abord à vouloir répandre la parole de Dieu. Il m’a conduit, ce virus, du petit au grand séminaire. Et puis sont venues, la radio et la télévision, avec inscrit dans mon subconscient cette envie presque morbide de vouloir parler des autres. De ceux qui laissent des traces. Pour magnifier et répandre cette singularité que Dieu a mise en eux.
J’aime parler des compatriotes hors du commun afin de pérenniser leur mémoire. Une sorte de clin d’œil à la postérité dans le but de donner des repères à la jeunesse.
Je suis presque certain que parmi tous ces enfants qui se succèdent à la primature les Vendredis, figurent de grands politiciens, économistes, savants, présidents de demain.
J’ai choisi cette fois de communiquer par l’écrit qui n’est pas mon domaine de prédilection. J’ai pour cela recouru à l’expertise d’un spécialiste de l’édition en la personne du Professeur Eddy Tambwe. C’est grâce, ou à cause de ses conseils que vous ne retrouverez pas le genre de question " coup de poing " qui est ma marque de fabrique dans l’audiovisuel.
A chaque spécialité ses normes…
Pour avoir été accepté comme intervieweur par Son Excellence Monsieur le Premier Ministre, un premier ministre en fonction, dans le cadre de cet ouvrage important dont nous célébrons la naissance aujourd’hui, que peut-on ressentir sinon du bonheur et de l’honneur. Laissez-moi vous en remercier, une fois de plus, Excellence.
Il est premier ministre d’un pays, et pas n’importe lequel !
Un premier ministre qui évolue dans une période historique d’une sensibilité connue.
Un premier ministre que les spécialistes de la finance internationale qualifient à travers le monde de rigoureux, parce que respectant la norme et constamment attentif à la marche des affaires publiques.
On n’est que rarement prophète dans son pays ; mais fallait-il pour cela qu’un confrère d’outre-Atlantique vienne nous voler la vedette pour nous raconter notre propre frère ? Pas cette fois.
Quand pour la rédaction de son livre " ce " Premier ministre tel qu’à l’instant, très sobrement présenté, vous accepte, " vous " comme accoucheur d’idées, vous vous retrouvez aussi devant un vrai challenge. Un grand défi.
Ce fut pour moi un vrai challenge intellectuel : il a fallu me documenter avec une minutie singulière, tel un chercheur professionnel, pour dégager dans la masse grise des dossiers, dans les revues et autres journaux, les enjeux, les défis et les questionnements qui se posent à notre communauté nationale.
Interroger Matata Ponyo, économiste de formation et homme rompu aux dossiers de l’Etat pour les besoins d’un livre vous oblige forcément à de telles investigations. L’aventure pouvant s’arrêter à tout moment, à cause de la faiblesse du questionnaire.
L’auteur du livre est un personnage étrange qui vit au cœur de l’Etat depuis près d’une trentaine années, dès la fin de ses études universitaires. Autant dire une vie entière dédiée au service de l’Etat.
Au fur et à mesure de nos entretiens qui furent parfois longs, toujours denses et laborieux, deux dimensions se sont imposées. Une dimension bilan et une dimension " élan".
Il m’a semblé que la dimension « bilan » du livre répondait à une sorte d’exigence qui pousse l’homme qu’est Matata Ponyo à décliner son parcours en expliquant les ressorts, en livrant à l’opinion publique les actions entreprises.
Plus qu’une exigence éthique, cette volonté de rendre compte devrait préoccuper les femmes et les hommes d’Etat de ce continent. APRES LE BILAN, L’ELAN...
Ce livre n’est pas seulement un regard rétrospectif sur des actions entreprises par un homme d’Etat, dans le cadre de ses fonctions. L’ouvrage montre également la vision globale de quelqu’un que certains observateurs cherchent à confiner dans les strictes limites de la technocratie.
L’homme y apparait, pourtant, dans toute sa complexité.
Le lecteur découvre, page après page, le Matata qui va du secteur économique aux sports, en passant par la science, la culture, la politique etc...
On y retrouve un homme capable de poser le diagnostic sur chaque champ de la vie nationale, et d’esquisser des hypothèses en termes de solutions.
Journaliste habitué aux interviews, j’ai eu aussi le privilège d’échanger longuement, très longuement avec un homme conscient de ses responsabilités historiques, assumant ses actes, expliquant les raisons des différents choix opérés.
Comment terminer ce commentaire sans évoquer l’homme privé ? Cet homme matineux, précis, fonctionnant réglé comme une montre suisse...
Après que vous aurez lu la préface, vous comprendrez et réaliserez que la communication est une science. Elle n’a pour soubassement que la stricte vérité des faits.
Vérité vérifiable, sans maquillage ni fioritures.
" La croissance ne se mange pas ", prétendent certains esprits chagrins. Pourtant, " la croissance est le moteur essentiel d’une économie puisqu’elle redonne des marges de manœuvre aux Etats et du souffle aux entreprises ", écrit Carlos Lopez qui a préfacé l’ouvrage. " On ne peut rien entreprendre sans croissance " affirme le secrétaire Exécutif de la commission Economique des Nations Unies pour l’Afrique.
Il a rang de Secrétaire général Adjoint.
Lorsqu’on a lu cette préface dans laquelle l’histoire semble tutoyer l’économie, on ne peut qu’avoir envie de lire d’un trait ce livre.
Monsieur Carlos Lopez ne fait pas dans la complaisance, parce qu’il reconnait qu’il reste des choses à faire... C’est un livre aéré qui peut tenir dans un petit cartable. Une conversation pas loin de la tradition orale qui nous est si chère.
Je m’en voudrais de terminer sans avoir révélé, à l’adresse de ceux qui ne le savaient pas, que dans nos Universités, on ne forme pas que des journalistes. Il y a aussi des communicateurs, des organisateurs capables de vous accompagner dans votre parcours politique comme dans vos affaires.
A mes jeunes confrères, je souhaite qu’une concurrence saine s’installe. Une véritable course vers l’excellence. Il n’est pas question ici d’être parmi les meilleurs. Mais d’être le meilleur. C’est le secret qui vous aidera à avoir confiance en vous. Celui qui a confiance en soi pour avoir travaillé en vue de cet objectif pourra proposer des dossiers de la nature de celui-ci, avec la certitude d’être choisi.
Je vous remercie.