La situation qui a prévalu le samedi 28 mai 2016 en plein marché transfrontalier de Lufu et plus spécialement dans sa partie située en territoire angolais mérite tout de même que Von puisse en parler afin d’interpeller les dirigeants de ces deux pays frères qui, pourtant, entretiennent de très bonnes relations depuis des lustres et ce, dans plusieurs domaines.
En effet, des dizaines de cambistes congolais qui ont acquis l’habitude de fréquenter ledit marché chaque samedi de la semaine dans le but primordial d’y effectuer les opérations de changes des monnaies ont été surpris, le samedi dernier, de voir surgir devant eux une jeep à bord de laquelle se trouvait des militaires angolais armés jusqu’aux dents.
Ces derniers, aussitôt débarqués de ladite jeep, ont appréhendé dix (10) d’entre ces cambistes qu’ils avaient directement amené dans leur bureau de la place. Dans l’entre-temps, d’autres cambistes qui suivaient à distance tous les mouvements de ces militaires ont, sans plus tarder, pris la poudre d’escampette en s’évaporant dans la nature sans pour autant laisser des traces. Du coup, la panique a été générale dans le chef des cambistes qui ne savaient plus à quel saint se vouer.
D’après le Chef d’Antenne du Centre International de Formation et d’Encadrement en Droits Humains (CIFEDH) qui a personnellement vécu cette scène et qui a livré en premier cette information à la presse, les dix (10) cambistes appréhendés, a-t-il laissé entendre, aussitôt mis aux arrêts, ont été dépouillés de tout ce qu’ils avaient comme argent en devise étrangère par les militaires angolais soit un montant total évalué à 26.000 $ USD. Et cela, après les avoir fait subir un traitement à la fois inhumain et dégradant.
Par contre, d’autres sources concordantes qui ont requis l’anonymat, contactées par notre rédaction provinciale, sont même allées plus loin en affirmant sans mâcher les mots que ces cambistes ont été déshabillés en public avant leur transfèrement, sans autre forme de procès, à la prison de Mbanza-Kongo, Chef-lieu de la province angolaise de Do-Zaïre, où ils seraient encore gardés à ce jour sans pour autant connaître le mobile de leur arrestation.
A noter que parmi ces dix (10) cambistes arrêtés figure un (1) seul Angolais. Les neuf (9) autres sont tous des Congolais parmi lesquels deux (2) ont été libérés séance tenante étant donné qu’aucun sous n’a été trouvé ‘dans leurs sacs après dépouillement.
Face aux déboires que ces compatriotes congolais ont subi de la part des militaires angolais, le Chef d’Antenne du Centre International précité, en sa qualité de défenseur des droits de l’homme, a condamné avec la dernière énergie l’inertie des différents services de sécurité congolais commis au marché transfrontalier de Lufu qui, contre toute attente, n’avaient pas réagi. En lieu et place d’assurer comme il se doit la protection des Congolais, les cadres et agents de ces services mettent plutôt à l’avant plan leurs intérêts égoïstes.
C’est-à-dire, ils se contentent, eux aussi, à exercer les activités commerciales dans ce marché et ce, au vu et au su de tout le monde. Pis est, ils se permettent parfois de traquer et de rançonner sans vergogne les congolaises et congolais qu’ils sont sensés pourtant sécuriser à ce marché. Quel contraste !
Devant la psychose des uns et des autres qui voulaient à tout prix connaître le mobile de l’arrestation de ces cambistes congolais, une autorité angolaise approchée a toutefois éclairé la lanterne. Selon lui, elle s’est dite sidérée de voir les Congolais changer la monnaie de façon on ne peut plus bizarre en étalant des liasses des billets de banque sur des tablettes, voire à même le sol.
Alors quo chez elle en Angola, a-t-elle précisé, ces genres d’opération se font uniquement dans des banques ou encore dans des maisons do changes agréés par leur gouvernement. Agir autrement constitue une infraction. C’est ce qui justifie, a-t-il conclu, l’arrestation de ces cambistes congolais qui ont violé les lois de leur pays.
Tout compte fait, Béatrice Lemvo Sukama, Administrateur-assistant du territoire de Songololo en charge du marché transfrontalier de Lufu, avoue, quant à elle, avoir saisi au plus vite la haute hiérarchie de la province du Kongo Central. Mais en attendant la réaction en provenance de Matadi, une commission a été mise su pied à l’interne pour suivre le dossier de ces cambistes qui ne jurent que sur la restitution de leur argent.
Par Olivier BILONDA KAMWANYA