Il se tient ce jour à Londres, une rencontre organisée par le Premier ministre britannique David Cameron, réunissant environ 40 pays pour discuter d’un défi mondial majeur à relever - la corruption. Le Sommet de Londres sur la lutte contre la corruption sera le premier événement mondial, organisé au niveau des Chefs de gouvernements.
Cette rencontre vise à renforcer la lutte internationale afin d’exposer, de punir et de chasser la corruption dans tous les milieux. Comme le dit le Premier ministre Cameron : " L’éradication de la corruption est cruciale pour la sécurité et la prospérité mondiales ".
Les pays sont frappés par la corruption de différentes manières. Les célèbres Panama Papers ont touché presque tous les pays. " Que celui qui n’a jamais péché jette la première pierre " (Jean 8:7). Ainsi, tous les pays responsables ont un intérêt commun dans la lutte contre la corruption, comme ils le font dans le cadre de la lutte contre le trafic illégal de drogue et le terrorisme.
Dans son discours sur "L’état de la nation ", prononcé le 14 décembre 2015, le président Kabila déclarait : "Le succès… ne sera cependant possible que si, plus que jamais, nous nous attaquons à la corruption, véritable pieuvre qui obère tous nos efforts de mobilisation des recettes et de développement. Cette croisade doit mobiliser toutes les institutions de la République ".
Tout le monde se mettra d’accord sur l’importance de cette " croisade". Plusieurs des mesures économiques annoncées par le gouvernement le 26 janvier, sont axées sur la réduction de la corruption, notamment dans les systèmes fiscaux et douaniers. Le ministre de la Justice a placé la lutte contre la corruption sous le signe d’un axe majeur de sa réforme du système judiciaire. Il y a de nombreux autres exemples.
La réussite de la lutte contre la corruption permettra d’accroître les taxes perçues, qui atteindront le budget du gouvernement. Elle aidera également la RDC à continuer à relever le défi de l’indice de perception de la corruption de Transparency International (la RDC s’était classée 147eme sur 168 pays en 2015, et 154ème sur 177 pays en 2014). Bien que basé sur des " perceptions " subjectives de corruption, cet indice est important car il permet aux entreprises et autres organisations de décider d’investir ou non dans un pays ou de lui prêter des fonds.
Il est du devoir des partenaires internationaux de la RDC de soutenir les efforts de lutte contre la corruption tels que déployés par le gouvernement. Le Royaume-Uni est fier de contribuer à hauteur de plus de $ 2 milliards, destinés à soutenir les progrès économiques et sociaux importants accomplis en RDC au cours des dix dernières années et d’être le deuxième partenaire international de la RDC. Dans ce cadre, nous aidons à lutter contre la corruption de six façons principales :
En aidant le gouvernement à améliorer la gestion des finances publiques, il est plus difficile d’assister à des fuites du budget de l’Etat vers des propriétés privées. Par exemple, nous soutenons le Parlement, la Cour des Comptes, l’Inspection Générale des Finances et les citoyens en vue de mieux contrôler le mode de gestion des fonds publics par les gouvernements central et provinciaux.
En renforçant les capacités du système de gestion des secteurs publics, notamment la santé et l’éducation afin que plus d’argent atteigne les écoles, les dispensaires, les hôpitaux et les employés qui y travaillent.
Par l’appui apporté aux programmes visant à améliorer la gouvernance dans les secteurs de la justice, de l’armée, de la police et autres par le biais de nos contributions à la Banque mondiale, à l’Union européenne et à la Banque africaine de développement.
En se dotant d’une législation nationale forte de lutte contre la corruption, ce qui signifie que les entreprises britanniques ne peuvent pas verser des pots-de-vin en RDC, ou n’importe où dans le monde.
En partageant des informations utiles sur la propriété effective entre les autorités basées au Royaume-Uni et ses territoires d’outre-mer, qui permettront d’identifier les véritables propriétaires des biens détenus dans ces pays.
En soutenant le gouvernement de la RDC afin de maintenir des normes de transparence encore plus élevées pour l’industrie extractive.
Toutes ces actions sont conformes aux trois thèmes retenus par le Sommet de Londres : mettre fin à l’impunité pour les corrompus, réduire la possibilité de survenance de la corruption et l’autonomisation des citoyens pour lutter eux-mêmes contre la corruption.
Le Royaume-Uni a également pris des mesures sévères pour soutenir les efforts de lutte contre la corruption déployés par d’autres gouvernements. Nous avons refusé des visas aux personnes clairement identifiées comme étant corrompues, et confisqué des biens achetés grâce à la corruption, biens détenus au Royaume-Uni, en attendant d’être rétrocédés à leurs propriétaires légitimes. Nous avons commencé à adopter cette approche avec un petit nombre de pays et nous l’étendons actuellement à d’autres pays.
Il est important de clarifier que ces mesures sont prises uniquement sur la base d’informations solides. Si j’avais 1000 FC pour chaque accusation de corruption portée à ma connaissance, je serais riche ! Mais la lutte contre la corruption est beaucoup trop importante pour être basée sur des rumeurs.
Alors que le Sommet de Londres est trop petit pour rassembler tous les pays, son message selon lequel - il n’y a aucune sécurité ni prospérité si nous n’éradiquons pas la corruption - est tout à fait conforme aux déclarations du gouvernement congolais mentionnées ci-dessus. La corruption est une menace qui doit être vaincue - ensemble.
Graham Zebedee
Ambassadeur de Grande Bretagne en RDC