Dans une note datée du 08 avril 2016 et signée Kimona Bononge (Administrateur Délégué), Desso Kaningini (Président du Comité Professionnel des Industries Pharmaceutiques) et Yvon Cizubu (Président du Comité Professionnel des Grossistes du secteur pharmaceutique), la FEC (Fédération des Entreprises du Congo), fait part au ministre de la Santé publique, de sa vive inquiétude au sujet de la publicité abusive qui entoure, depuis un temps, à Kinshasa comme en provinces, une gamme de médicaments destinés à soigner la malaria. Elle rappelle à Félix Kabange Numbi son arrêté ministériel du 28 septembre 2015 réglementant l’information et la publicité concernant les médicaments et autres produits de santé.
Selon l’article 15 du texte en question, « toute publicité sur les médicaments, recettes et médicaments traditionnels auprès du grand public est interdite ». La FEC fait savoir que cet arrêté découle de l’Ordonnance n°72/6 du 2 janvier 1958 « relative à la publicité en matière pharmaceutique, vente, cession ou délivrance des médicaments en dehors des officines ».
Allant droit au but, la FEC s’insurge contre la campagne de publicité battue ces temps derniers autour des anti-malaria de la famille « ACT », dont l’Artesunate-amodiaquine ». Même si ce produit fait partie de ceux officiellement agréés par le ministère de la Santé publique dans le cadre de la lutte contre le paludisme, fait remarquer la FEC, il ne devrait pas faire l’objet de publicité dans les médias ou à travers des panneaux plantés aux quatre de Kinshasa ou des villes des provinces, comme c’est le cas actuellement.
Selon le patronat congolais, le fait de focaliser la lutte contre la malaria sur un seul produit pharmaceutique est de nature à jeter le discrédit sur d’autres anti-malaria, tout aussi efficaces pour le traitement de cette pathologie. La FEC tient à souligner que l’unique voie pour informer le public ou le personnel soignant au sujet d’un médicament est la notice d’emploi élaborée par le fabricant, ce qui est d’ailleurs une exigence de la loi.
Aussi en appelle-t-elle à une prompte réaction du ministre de la Santé publique en vue de faire respecter les règles du jeu dans le secteur pharmaceutique. C’est du reste à la suite de la passivité de l’administration de la santé, note-t-on, que la publicité sur les produits de la médicine traditionnelle ainsi que sur l’expertise de certains traditi-praticiens montent en flèche. Des compatriotes en délicate de santé sont souvent escroqués par des charlatans qui prétendent guérir toutes les maladies de la planète alors qu’ils mettent à leur disposition des potions médicamenteuses, sans mode d’emploi, dont le dosage est approximatif. La République Démocratique du Congo figure au nombre de rares pays au monde où les médicaments font l’objet de publicité, comme c’est le cas des boissons, du tabac, des produits cosmétiques, des albums de musique, des véhicules, des appareils électroménagers, des produits alimentaires, des aéronefs, des habits, des chaussures, etc. D’ailleurs, de nombreux produits pharmaceutiques sont vendus dans la rue comme des cacahuètes. Pourquoi laisse-t-on des marchands de la mort opérer en toute impunité ? La situation exige une concertation urgente entre la FEC et le ministère de la Santé, comme suggérée par le Premier ministre, Augustin Matata Ponyo, dans sa lettre du 09 décembre 2014 adressée au ministre de la Santé Publique, dans laquelle il soulignait la nécessité de mettre en place une commission d’experts chargés de réfléchir sur les voies et moyens de promouvoir l’industrie pharmaceutique.
Perside Diawaku