La Monusco décide de passer à l’offensive

Jeudi 7 mai 2015 - 08:45

Fallait-il que deux casques bleus succombent pour que la mission onusienne amorce "une action très forte" contre les rebelles des ADF ?
Enfin, la Monusco décide de passer à l’offensive à Beni. Si la mission onusienne s’est résolue d’agir, ce n’est pas de, prime abord, pour protéger plus des civils, mais, parce que deux de ses éléments ont été tués. En fait, il s’agit d’une réaction aux attaques de ceux qui ont mis fin à la vie de deux casques bleus tanzaniens. C’est pour cette raison que le Général Santos Cruz, commandant de la force de la Monusco, s’est rendu hier matin sur le lieu de l’attaque.

On comprend, dès lors, pourquoi le commandant de la force onusienne parle de mouvement terroriste pour désigner les rebelles des ADF, les mêmes accusés de plusieurs massacres de la population civile à Beni, au Nord-Kivu. Pour la circonstance, le Général Santos Cruz s’est fait accompagner du commandant de la brigade d’intervention sur l’axe Kisiki-Mayibo, lieu de l’attaque du contingent tanzanien.

UNE ACTION TRES FORTE POUR NEUTRALISER LES ADF
Face à la mort de ses deux éléments, le commandant de la force de la Monusco décide de passer à l’offensive. "Il est nécessaire d’agir immédiatement et de mener une action très forte pour neutraliser les rebelles des ADF, considérés comme un mouvement terroriste", a-t-il déclaré hier à Beni suite à l’attaque armée qui a coûté la vie à deux casques bleus tanzaniens dans cette région. Il a même promis d’utiliser " tous les moyens pour éliminer" ces rebelles ougandais.
" Le Gouvernement congolais prend au sérieux ce qui se passe au Nord-Kivu et ne va pas se limiter à dénoncer ", a quant à lui, déclaré le gouverneur de la province du Nord-Kivu, Julien Paluku. Mais, prudent, il estime prématuré, au stade actuel, de désigner les auteurs des attaques contre le personnel des Nations unies à Beni. Il déclare justement être venu à Beni pour évaluer la situation et s’y pencher avec le patron de la Monusco, Martin Kobler, attendu à Beni.

DES SOUPÇONS QUI CONFIRMENT LE CRI D’ALARME DE LA SOCIETE CIVILE
"Lorsque j’avais dénoncé l’incursion des forces armées rwandaises sur le sol congolais, la société civile avait aussi dénoncé quelques incursions des éléments non autrement identifiés sur le sol de Beni. Et nous pensons que cela risque de se confirmer, avec ces attaques qui viennent d’avoir lieu sur nos positions à l’arme lourde, qui sont différentes des attaques à la machette habituellement enregistrées dans la région", explique le gouverneur du Nord-Kivu.
Commandant adjoint de la force de la Monusco, le Général Jean Baillot a indiqué hier à Kinshasa que deux civils ont également trouvé la mort lors de cette embuscade. En outre, confirme-t-il, les six casques bleus, portés disparus après cette attaque, sont finalement vivants. La situation est donc très préoccupante dans le territoire de Beni, comme on l’a toujours pensé depuis des massacres enregistrés contre la population civile.
FALLAIT-IL ATTENDRE LA MORT DE DEUX CASQUES BLEUS POUR SE DECIDER ?
Nombre d’observateurs, quoi que s’expliquant la décision du commandant de la force de la Monusco d’en finir avec les rebelles ADF, se demandent s’il fallait vraiment que les deux casques bleus tanzaniens trouvent la mort afin que la Monusco comprennent qu’il s’agissait d’un mouvement terroriste. Car, on n’avait pas du tout enregistré une telle réaction lorsque les civils étaient massacrés à Beni. Pourtant, là aussi, on parlait bien des rebelles ADF.
Sinon, qu’est-ce qui avait poussé la population de Beni à se révolter à l’époque contre la Monusco ? Le terrorisme des ADF ne date donc pas de l’assassinat de deux casques bleus tanzaniens.
Mais, malheureusement, la mission onusienne ne semble le comprendre que lors de la perte de deux de ses éléments. Maintenant qu’elle a pris la mesure de la situation, la Monusco ferait mieux de contribuer efficacement à l’éradication de cette force négative. M. M.

 

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