L’Ambassadeur des USA à Kinshasa : « Le Congo se trouve à un tournant historique crucial qui exige de ses leaders un engagement altruiste à l’égard de l’intérêt national »

Mercredi 8 juillet 2015 - 13:33

Excellences, distingués invités, mesdames et messieurs, bienvenue à la cérémonie marquant le 239ème anniversaire de la Déclaration de l’Indépendance des Etats-Unis d’Amérique. En un peu plus de 1000 mots, la Déclaration d’Indépendance a défini la philosophie fondamentale de notre nation—selon laquelle nous sommes tous créés égaux, nous jouissons tous de droits inaliénables et tout gouvernement tire son juste pouvoir du consentement des gouvernés afin de protéger ces droits. C’est cette tradition—ces idéaux—que nous célébrons ce soir, et nous avons l’honneur de le faire dans un esprit de collaboration avec nos amis et partenaires congolais ici à Kinshasa.

La Déclaration d’Indépendance et notre Guerre de Révolution n’étaient que le point de départ du dur parcours nécessaire à la création de la nation américaine. L’élaboration d’une Constitution a nécessairement suivi la Révolution. Notre loi fondamentale a transcendé les principes fondamentaux de la Déclaration d’Indépendance, en fournissant le cadre juridique permettant une forme de gouvernance transparente et représentative, avec un système d’équilibre des pouvoirs. Ce système a été conçu pour mettre un frein à la corruption et aux abus et pour garantir la protection des droits et des libertés fondamentales de tous les citoyens américains.
Aussi noble fût-elle, la Constitution ne put seule garantir le succès de notre expérience démocratique. L’Amérique d’aujourd’hui a été créée grâce à un certain nombre d’exemples clés de leadership qui se sont manifestés précocement au sein de chaque pouvoir de notre gouvernement. En ce qui concerne le pouvoir exécutif, notre premier président, George Washington, choisit de quitter le pouvoir à l’issue de deux mandats consécutifs malgré son immense popularité, établissant de ce fait le précédent de premier transfert pacifique du pouvoir de notre jeune démocratie. Au sujet du pouvoir législatif, la toute première session de notre Congrès ratifia notre Bill of Rightsou Charte des droits—consacrant un certain nombre de libertés individuelles, y compris la liberté d’expression et la liberté de rassemblement reconnues à tous les Américains et limitant le pouvoir des législateurs eux-mêmes de violer ces principes auxquels nous tenons chèrement.

S’agissant du pouvoir judiciaire, le procès Marbury contre Madison donna aux cours fédérales le pouvoir de déclarer nuls des actes du Congrès ou de l’Exécutif contraires à la Constitution. Au sein des trois pouvoirs, à des points de décision clés des premiers jours de notre histoire, ces réalisations ont été rendues possibles grâce à des leaders qui ont incarné le patriotisme au-delà de leurs propres intérêts et qui envisageaient l’avenir du pays à long terme au-delà de leurs mandats—voire de leurs propres vies.

Sans aucun doute, le Congo se trouve actuellement à un tournant historique crucial qui exige aussi de ses leaders un engagement altruiste à l’égard de l’intérêt national. Cette grande nation peut à juste titre célébrer les acquis impressionnants qu’elle a engrangés au cours des douze dernières années dans les domaines de la paix, de la démocratie, de la croissance économique et de la stabilité. Le défi actuel consiste principalement à savoir comment consolider et faire avancer les mesures entreprises afin de mettre un terme à la présence des groupes armés illégaux dans l’est du Congo, d’ancrer les principes démocratiques dans la gouvernance du pays, et d’augmenter et élargir l’accès aux bénéfices de la croissance économique.
Dans le domaine de la paix et de la sécurité, il existe actuellement une opportunité d’utiliser les éléments de plus en plus performants des Forces armées congolaises (FARDC) et la disponibilité des partenaires prêts et aptes de la Mission des Nations Unies pour la stabilisation en République démocratique du Congo(MONUSCO)pour mettre un terme aux menaces des Forces démocratiques pour la libération du Rwanda (FDLR), des Forces démocratiques alliées (ADF) et des autres groupes armés qui s’attaquent aux populations de l’est depuis de nombreuses années. Le retard continu dans la reprise de la coopération entre la MONUSCO et les FARDC provoque des souffrances supplémentaires inutiles parmi les victimes congolaises de ces groupes armés.

Dans le domaine de la démocratie et de la gouvernance, le cycle électoral qui approche à grands pas offre l’occasion de renforcer les acquis démocratiques de la dernière décennie et de montrer au Congolais, aux Africains, voire au monde que la RDC est capable d’effectuer un transfert pacifique, juste et démocratique du pouvoir exécutif pour la première fois de son histoire. Il reste peu de temps pour organiser des élections libres, justes et crédibles à la fin de 2016. Des décisions difficiles s’imposent à court terme touchant un large éventail de questions notamment, la faisabilité du calendrier électoral, l’enrôlement des électeurs qui ont atteint la majorité, le budget, la sécurisation des élections et l’impact de la décentralisation sur le processus électoral. Ces questions ont été évoquées par la société civile, par les partis politiques toutes tendances confondues et par le Président Kabila en personne. Il semble donc qu’un dialogue, axé sur le processus électoral et sur sa réalisation dans les délais fixés par la Constitution, offre une occasion prometteuse de rechercher un large consensus politique à l’égard de cet objectif.

Dans le domaine du développement économique et de la croissance, la réalisation d’une stabilité macroéconomique significative et de forts taux de croissance a créé un socle propice à l’amélioration des conditions de vie des Congolais. Les Etats-Unis sont un partenaire loyal de développement—particulièrement dans les secteurs de la santé et de l’éducation. En outre, des firmes américaines ont investi au Congo et gardé le cap au cours de nombreuses décennies. Nous avons aussi favorablement accueilli la création, l’an dernier, de la Chambre de commerce américaine en RDC. Nous croyons fermement qu’en fin de compte la trajectoire économique de cette nation sera grandement améliorée par de meilleures conditions sécuritaires et par des institutions démocratiques crédibles et transparentes qui donnent aux Congolais et aux étrangers les assurances nécessaires pour faire des investissements humains et financiers à long terme qui permettront de développer ce pays dans l’intérêt du peuple.

Je vais clore mon court propos sur une note personnelle, loin de toute considération politique. Notre fête nationale offre traditionnellement l’occasion aux Américains de renouer avec leurs amis et les membres de leurs familles—que ce soit sur les artères principales des petites villes ou au cours de barbecues conviviaux dans l’arrière-cour de leurs maisons. En notre nom à tous, ici, à l’ambassade des Etats-Unis à Kinshasa—notre personnel local et nos diplomates américains qui sont loin de chez eux—nous apprécions particulièrement votre présence ce soir en tant qu’amis congolais et diplomatiques. Merci encore et bonne fête du 4 juillet.