L’ASADHO accuse Kinshasa de faire taire les opposants politiques

Jeudi 25 septembre 2014 - 14:39

L’Ongdh se base sur les cas des arrestations et détentions arbitraires des personnalités de l’opposition politique comme Eugène Diomi, Jean Bertrand Ewanga.

Dans un communiqué, l’Association Africaine de défense des Droits de l’Homme (ASADHO) se dit préoccupée par les atteintes à répétition que le gouvernement de la RDC porte aux droits reconnus à l’opposition politique en se servant de l’appareil judiciaire. Selon l’ASADHO, depuis le début de la législature actuelle, tout leader de l’opposition qui mobilise la population contre un projet ou un programme de la majorité au pouvoir fait l’objet de menaces, intimidations et poursuites qui aboutissent à des condamnations judiciaires.

Preuve, en date du 5 août 2014 à 3heures du matin, le Député national Jean Bertrand Ewanga, Secrétaire général de l’Union pour la Nation Congolaise était enlevé de sa réisdence par les éléments des Services Spéciaux de la Police Nationale et de l’Agence Nationale de Renseignements (ANR), pour être détenu illégalement au cachot de l’ANR à la suite de ses interventions faites à l’occasion du meeting de l’opposition politique tenue à la place Sainte Thérèse à N’djili en date du 04 août 2014, au motif qu’il aurait commis les infractions d’outrages au Chef de l’Etat et de discrimination raciale et tribale.

Il sera condamné, en date du 11 septembre 2014, à l’issue d’une procédure de flagrance au cours de laquelle ses droits fondamentaux n’étaient pas respectés par la Cour Suprême de Justice, à une peine de servitude pénale principale de 12 mois fermes pour « outrage au Chef de l’état », en violation de l’article 8 de la loi n°07/008 du 04 décembre 2007 portant statut politique de l’opposition qui dispose que : « L’opposition politique a notamment le droit de critiquer l’action du Gouvernement et le cas échéant de formuler des contres propositions … ».

L’Ongdh relève que le cas de Jean Bertrand Ewanga n’est pas isolé. Il s’inscrit dans la stratégie du Gouvernement de faire taire tout opposant politique qui ne partage pas la ligne politique de la Majorité présidentielle.

Tel est aussi le cas d’Eugène Diomi Ndongala, président de la Démocratie Chrétienne et Député national de l’opposition.

Au lendemain de la proclamation du Président Joseph Kabila vainqueur de l’élection présidentielle de 2011, une élection marquée par des fraudes généralisées, Monsieur Eugène Diomi Ndongala avait créé un Mouvement dénommé « Majorité présidentielle populaire » ayant notamment pour objet de soutenir l’action d’Etienne Tshisekedi wa Mulumba qui s’était autoproclamé Président de la République et qui aurait été pris par le Président Joseph Kabila.

A cause de son activisme au sein de ce mouvement, Monsieur Eugène Diomi Ndongala sera enlevé et détenu au secret par lA’NR pendant plusieurs jours avant d’être livré à la justice au motif qu’il aurait commis l’infraction de viol sur mineures.

A l’issue d’un procès non équitable, sans garantie ni respect des droits fondamentaux lui reconnus par les instruments juridiques nationaux et internationaux relatifs aux droits humains, devant la Cour suprême de justice, il sera condamné, au mois de mars 2014, à une peine de servitude pénale principale de 10 ans.

Un autre cas est celui de Mohindo Nzangi, député national élu de la province du Nord-Kivu.

En août 2013, il a été condamné à 3 ans de servitude pénale principale par la même Cour Suprême de justice, siégeant toujours en procédure de flagrance, au motif qu’il avait outragé le Chef de l’Etat par le fait d’avoir critiqué la politique mise en place par le Président Joseph Kabila au sujet de la gestion de la guerre à l’est du pays.

L’ASADHO relève que ces arrestations et détentions illégales opérées par l’ANR et condamnations prononcées par la Cour suprême de justice contre les membres de l’opposition ou contre tous ceux qui critiquent la politique des autorités congolaises ne sont pas de nature à consolider le jeu démocratique en République démocratique du Congo.

Elle considère la condamnation du Député national Jean Bertrand Ewanga comme un avertissement fait à tout celui qui oserait s’opposer à l’agenda du pouvoir de changer la Constitution pour donner au Président Joseph Kabila la possibilité de se représenter à l’élection présidentielle de 2016.

Ainsi donc, l’ASADHO invite le gouvernement de la RDC a  cesser tout acte tendant à se servir de l’appareil judiciaire pour faire taire les opposants politiques ou tout autre Congolais qui critiquent la politique du gouvernement ou du Président de la République.

GODE KALONJI MUK.