Le collectif des organisations non gouvernementales de défense et de promotion des droits de l’homme (ONGDH) a tenu un point de presse hier jeudi 28 janvier 2016 dans la commune de Ngiri-Ngiri et a dénoncé à cette occasion la décision par laquelle Vano Kiboko Kilembe, ancien député PRRD et président de l’Association Socio -Culturelle Mwanzo Iwa Mikuba, a été transféré du CPRK (centre pénitentiaire et de rééducation de Kinshasa), ex prison centrale de Makala, à la prison militaire de Ndolo. Ancien parlementaire de la Majorité Présidentielle, Vano Kalembe Kiboko a été arrêté le 29 décembre 2014 et condamné pour” haine raciale et tribale et pour avoir répandu de fausses rumeurs “. Incarcéré au CPRK, il a été transféré le mardi 26 janvier 2016 aux environs de 17 heures à la prison militaire de Ndolo.
Ce notable Katangais est tombé en disgrâce face au pouvoir en place depuis qu’il avait publiquement critiqué la violente répression policière d’une manifestation pacifique organisée au Katanga et les tentatives visant à permettre au Président Kabila de briguer un troisième mandat.
Le collectif des Ongdh qui est composé des ONG Avocat Sans Frontières/RDC, Anges du Ciel pour les droits de l’homme, Fondation Bill Clinton pour la Paix (FBCP), Fondation paix sur terre, Fille, Femme en Action pour la promotion et la défense des droits humains(FIFADH), déplore la manière dont Vano Kiboko a été transféré, manu militari, à la prison militaire de Ndolo. Carn au regard de son statut civil, il ne peut relever de la prison militaire.
Le collectif regrette que le président de l’Association Socio-Culturelle ait été transféré dans une prison militaire, alors que l’infraction à la base de sa condamnation n’est pas de nature militaire.
« Tel agissement ne peut que traduire une violation flagrante de son statut civil, d’autant plus que l’infraction commise n’est point militaire », a fait remarquer Emmanuel Cole de la FBCP. Ce dernier estime que les raisons évoquées par les autorités judiciaires pour son transfèrement à la prison militaire ne cadrent pas avec la réalité.
A en croire le collectif, Vano Kiboko subit une nouvelle condamnation de la part du pouvoir en place pour son humanisme. “ Il convient de signaler que l’intéressé est responsable de l’Ong Vano Ministry, laquelle excelle dans des œuvres philanthropiques telles la visite des personnes incarcérées, la dotation des postes téléviseurs dans tous les pavillons du CPRK “, a renchéri Mme José Kitoko de la FIFADH.
Vraisemblablement, Vano Kiboko fait montre des pratiques susceptibles d’améliorer tant soit peu les conditions de vie des prisonniers. Le collectif des Ongdh a indiqué en outre que le président de l’Association Socioculturelle a proposé aux autorités pénitentiaires d’asphalter le tronçon allant de l’avenue du 24 novembre au CPRK. Il regrette de constater que Vano Kiboko n’est pas le seul à avoir mis sur pied une Ong à caractère humanitaire et spirituelle en prison. Les Eglises catholique, Protestante, Kimbanguiste... viennent toujours à la rescousse des prisonniers chaque dimanche comme le faisait l’ancien député PPRD.
Libérer les prisonniers politiques avant le dialogue
Ces ONG de défense des droits humains saisissent également cette occasion pour appeler le pouvoir à amnistier tous les prisonniers politiques de même que les activistes des droits humains avant la tenue du dialogue politique inclusif, afin de décrisper le climat politique et cimenter ipso facto la cohésion nationale. Les cas les plus frappants sont ceux de Fred Bauma, Yves Makwambala, de Filimbi, Christopher Ngoy Mutamba, Firmin Yangambi, Jean-Claude Muyambo, Ernest Kyaviro, Diomi Ndongala qui croupissent toujours en prison.
Le collectif invite par ailleurs le ministre de la Justice, Garde de Sceaux et Droits humains dont la gestion des prisons relève de ses attributions à s’impliquer activement afin que Vano Kibiko soit ramené à son ancien lieu de détention pour qu’il puisse poursuivre les actions humanitaires et spirituelles en faveur des prisonniers et d’autres détenus à défaut de lui accorder une grâce présidentielle ou une libération conditionnelle.
Conscient aussi du rôle que joue la presse en cette période électorale, le collectif invite le président de la République à s’impliquer dans la réouverture des chaines de télévisions et radios privées fermées. Il demande également au pouvoir de de respecter la Constitution et de laisser la justice faire librement son travail.
Par GODE KALONJI