Le nouveau bac de la CTB inauguré à Bagata

Mercredi 16 décembre 2015 - 10:43

C’est depuis le vendredi 11 décembre 2015 qu’un bac à usage public flotte, désormais, à la croisée des rivières Kwilu et Inzia,  pour relier, à partir de la cité de Bagata, plusieurs axes routiers réhabilités par la Coopération Technique Belge (CTB) entre camp Bulungu et Bandundu Ville. Conséquence : la connexion des marchés agricoles dans les nouvelles provinces du Kwilu et Kwango devient de plus en plus une réalité et ce, grâce aux actions de grande envergure réalisées par le Programme de développement agricole et désenclavement dans le Kwilu et Kwango( PRODADEKK), un projet financé par la CTB à hauteur de 40 millions d’euros.

En effet, c’est sur fond des tamtams et des tambours Yansi et Mbala que le go de cette embarcation à deux flotteurs du type catamaran a été donné par le commissaire spécial adjoint en charge des Questions politiques et administratives, Nicolas Bolukungu, devant une foule nombreuse et un parterre d’invités notamment l’attaché de coopération internationale à l’ambassade de Belgique en RDC, Guy Boreux, les staffs de la CTB et de l’Office des Routes, l’administrateur du territoire de Bagata, les chefs coutumiers, les représentants de la Société civile ainsi que d’autres notables de l’ex-province du Bandundu.

Un bac transversal à 700.000 euros

Avec une capacité de charge installée de 35 tonnes, le bac de Bagata a coûté une bagatelle de 700.000 euros à la CTB et les travaux de construction démarrés en juin 2013 ont été achevés en octobre 2015 par l’entreprise MEUSE ET SAMBRE chez CHANIMETAL à Kinshasa. A en croire Philippe Mukendi, Responsable sectoriel Infrastructures à la CTB, le bac est dédié au transport des personnes, des véhicules et des marchandises. C’est pourquoi il est doté de deux zones de chargement notamment une plateforme charretière de 12 m x 7 m pour le stationnement de véhicules et une zone passagers-piétons avec bagages dotée de sanitaires. En outre, le bac dispose de deux flotteurs doté chacun d’un moteur diesel marin de 120 Cv avec un régime de 2.400 tr/min.

Ce bac, convient-il de souligner, vient couronner les efforts consentis ces dernières années par la CTB dans la réhabilitation des axes routiers Bandundu ville-Bagata-Kikwit et Bagata-Fatundu dont la rivière Kwilu constituait le point de rupture. Grâce à son inauguration, le trafic entre Bagata-Kikwit via Punza (plus de 315 km) et Bagata-Bonkolu (105 km) est désormais sans rupture tant pour les passagers piétons que pour les grands véhicules et leurs marchandises. «  C’est une bouffée d’oxygène pour la population. Car, les conditions de traversée de la rivière Kwilu à partir de la cité de Bagata étaient difficiles, onéreuses et périlleuses pour les passagers, le vieux bac étant en panne de moteur», a affirmé le commissaire spécial adjoint du Kwilu et député national élu de Bagata, Nicolas Bolukungu.

Jadis, il faut le rappeler, les commerçants étaient obligés de louer une pirogue, un moteur hors-bord et d’acheter 15 litres d’essence avec un litre de SAE 40 pour effectuer la longue traversée du Kwilu pendant 50 à 80 minutes.  Il fallait dépenser 70.000 Francs congolais et perdre une à deux heures de négociation pour franchir à l’autre bord. Un vrai parcours de combattant !

Pour sa part, l’attaché de coopération internationale de l’ambassade de Belgique en RDC a fait noter qu’il a vu, à travers l’inauguration du bac de Bagata, l’aboutissement et la réussite de la coopération belgo-congolaise. Il s’agit aussi d’un commencement d’un autre processus, a-t-il ajouté, car « il faut gérer le bac en mettant un système de gouvernance transparent en vue d’assurer la maintenance de l’outil ».

Même appel lancé par l’administrateur du territoire de Bagata, Joseph Mankoto Nke, qui a invité ses administrés à un changement de mentalités pour préserver le patrimoine acquis à grand prix et les usagers à une meilleure gestion du bac.

Dans la même optique, Ir Edouard Muniampala, Directeur des bacs et Matériels flottants à l’Office des Routes, a reconnu que l’acquisition à neuf d’un bac, seul, ne suffit pas. « Il faut en garantir les moteurs et tous les autres équipements, préserver ce précieux investissement consenti par le partenaire belge et assurer de manière durable un service efficace qui puisse satisfaire tous les usagers du bac ».

La gestion du bac confiée au diocèse de Kenge

 

Bien que le bac relève désormais de la division des matériels flottants et des bacs de l’Office des Routes, la gestion des recettes devrait s’asseoir sur une batterie de mesures rationnelles et équilibrées édictées par le partenaire. Dans le lot de ces mesures, le responsable sectoriel Infrastructures à la CTB Philippe Mukendi a cité, entre autres, l’adoption du mode exclusif de péage en numéraires et l’abandon total des droits de passagers en nature, la fixation d’un barème tarifaire qui tienne compte à la fois des catégories d’usagers transportés, de l’équilibre « charges-recettes » du bac et du niveau socio-économique de chacune des contrées, la mise en place d’un comité de suivi d’exploitation du bac, la gestion des recettes du péage à travers la séparation du rôle technique et financier, le logement des recettes dans un compte à ouvrir auprès de l’Institution financière locale, le développement d’un système de billetterie, etc.

Au terme des échanges organisés à cet effet à Bagata, la gestion des recettes du bac a été confiée au diocèse de Kenge à une paroisse catholique locale. Les fonds seront logés dans un compte chez TMB, a fait savoir à la presse l’Ingénieur Joseph Muniampala de l’Office des routes.

Quid du PRODADEKK ?

La réalisation de cet ouvrage de haute portée économique pour  l’ex-province du Bandundu s’inscrit, selon Philippe Mukendi, dans le cadre de la composante « Infrastructures » du Projet de développement agricole et de désenclavement du Kwilu et Kwango (PRODADEKK). Ce projet entend réduire le déficit alimentaire et la pauvreté dans les nouvelles provinces du Kwango et du Kwilu par la relance du secteur agricole en vue d’augmenter les revenus des familles paysannes et par la mise en place d’un réseau multimodal de transport praticable en toute saison et géré de façon pérenne en vue de favoriser les échanges par le désenclavement. A ce jour, le projet  a déjà engrangé des résultats encourageants dont l’impact est visible sur toute la contrée d’intervention. Parmi ces résultats, on peut, entre autres, citer la réhabilitation des 326 km de route, l’entretien de 716 km de route par l’appui de 28 Comités locaux d’entretien routier (CLER), 2 ponts construits et 5 autres réhabilités, des bureaux et dépôts de stockage construits, etc.

Tshieke Bukasa