LE PAYS ETANT DANS L’EXPECTATIVE DIALOGUE : KABILA INVITÉ À FIXER L’OPINION

Jeudi 9 juillet 2015 - 06:35

Pendant ce temps, le président Sassou Nguesso annonce l’ouverture de son forum
le 11 juillet à Brazzaville.
" Il faut attendre que le chef de l’Etat nous fixe sur la tenue ou non du dialogue ". C’est en ces termes que le ministre de la Communication et médias, porte-parole du Gouvernement, justifiait la position de Joseph Kabila face à la convocation du dialogue au sujet duquel il avait initié les consultations avec les forces vives de la nation. Car, ceux qui attendaient que le Raïs se prononce sur la question lors de son discours du 30 juin, se sont fait entendre dire, par la bouche même du président de la République, que les consultations se poursuivaient. Après les consultations tenues par les gouverneurs de provinces dans leurs juridictions respectives, que reste-t-il encore ? La question reste encore posée.
Lors de son discours à la Nation à l’occasion de la fête de l’Indépendance le 30 juin, Joseph Kabila Kabange n’a fait aucun mythe des consultations qu’il a initiées depuis le 1er juin 2015.
A cette occasion, le Raïs a clairement indiqué que cette opération se poursuivait encore. Mais, depuis cette annonce, aucun autre groupe ne s’est, jusque-là, présenté au Palais de la nation. Du moins, officiellement pour faire sa déclaration devant la presse. Ce qui pousse à conclure que, à moins que les choses se soient déroulées officieusement, rien ni personne ne s’est présenté devant le chef de l’Etat. Mais alors, quel groupe attendrait-on encore au Palais de la nation ? Voilà qui suscite des commentaires allant dans tous les sens au sein de l’opinion tant nationale qu’internationale.

JOSEPH KABILA DELIBERE ENCORE
Certains observateurs, au vu de la poursuite des consultations annoncée, en personne, par le président de la République, sont tentés de croire qu’il y aurait des gens ou des groupes ciblés qui ne se seraient toujours pas présentés au Palais de la nation ou à la Cité de l’Union africaine. Ce qui justifierait que le chef de l’Etat prend encore son temps avant de convoquer le dialogue national. Sinon, indique-t-on, comment comprendre qu’après tous les groupes qu’il a réçus, sans oublier des consultations organisées par les gouverneurs de provinces dans leurs entités, sur son instruction, que Joseph Kabila attende d’autres consultations de plus ? Qui manque jusque-là à l’appel du président de la République pour qu’il clôture ses consultations avec les forces vives de la nation ?
Car, au Congo-Brazzaville, qui a eu l’initiative du dialogue bien après Kinshasa, le dialogue s’ouvre ce samedi 11 juillet 2015. C’est le président Denis Sassou Nguesso lui-même qui l’a annoncé hier au sortir de l’audience que son homologue français, François Hollande, lui a accordée à Paris. Pourquoi le dialogue irait-il plus vite à Brazzaville qu’à Kinshasa. Pourtant, tant au niveau de la forme que du celui de fond, les choses semblaient aller plus vite au Congo-Kinshasa.
A moins que l’on se’ soit résolu de voir d’abord ce qui va se passer au Congo d’en face avant de fixer l’opinion sur la question. Mais, toujours est-il que la plupart des consultés en RDC soutiennent la tenue du dialogue.

PENDANT CE TEMPS, LES CONGOLAIS DANS L’EXPECTATIVE
Au moment où l’expectative gagne la population congolaise, le Raïs ne semble pas se décider à convoquer le dialogue national devant réunir les acteurs congolais. L’attente actuelle rappelle aux Congolais la longue attente du Gouvernement de cohésion nationale après les Concertations nationales. Il aura fallu attendre un an pour voir le chef de l’Etat appliquer la plus importante de la centaine de recommandations des Concertations nationales aux yeux des acteurs politiques, à savoir le Gouvernement de cohésion nationale. Mais, en fin de compte, c’est le fameux adage indiquant qu’il y a beaucoup d’appelés, mais peu d’élus, qui a finalement été au rendez-vous. Les oubliés comptent sur le dialogue pour obtenir gain de cause.
Quels groupes seraient encore attendus au Palais de la nation ou à la Cité de l’Union africaine ? Car, parmi des groupes qui ne sont pas encore présentés chez le Raïs, il y a notamment l’UDPS d’Etienne Tshisekedi qui, tout en soutenant le dialogue, exige toujours une médiation internationale et des partis d’Opposition tels que l’UNC de Vital Kamerhe et d’autres qui soutiennent plutôt une tripartite " Majorité-Opposition-CENI " pour la mise en place d’un calendrier électoral réaliste. Une manière, pour ces formations politiques, de bloquer la tenue du dialogue. Pourtant, les divergences devraient faire partie des points à examiner au dialogue tant attendu. Car, l’expectative actuelle constitue autant d’incertitudes pour la majorité des Congolais.
Comme la majorité des consultés soutiennent la tenue effective du dialogue, le chef de l’Etat devrait sauter sur l’occasion pour fixer l’opinion, une bonne fois pour toutes, sur la tenue ou non du dialogue. A moins qu’il se convainque à l’idée selon laquelle sans l’adhésion de l’Opposition radicale, ce forum serait politiquement sans objet. Sinon, à quoi aurait servi de consulter les forces vives de la nation pour, en fin de compte, se résigner à ne considérer que la position d’une minorité des groupes visés par les consultations avant de fixer l’opinion. Car, logiquement, l’opération aurait dû se limiter au Palais de la nation au lieu de l’étendre jusque dans l’arrière-pays. La balle est donc dans le camp de Joseph Kabila qui devrait fixer l’opinion sur la tenue ou non du dialogue. M. M.