Le Potentiel Financement hypothétique de la communauté internationale

Vendredi 6 juin 2014 - 15:14

 Image retirée.

(Monusco presse) Martin Kobler, le représentant spécial du secrétaire général des Nations unies en RDC et chef de la Monusco, a répercuté hier mercredi le point de vue défendu la veille par les envoyés spéciaux internationaux dans la région des Grands Lacs. Pour eux, tout comme pour la Monusco,

la communauté internationale ne pourra accorder son appui financier au cycle électoral 2014-2016 que si la Commission électorale nationale indépendante (CENI) propose un calendrier qui s’étend jusqu’à l’échéance 2016. Conséquence : le soutien financier international est rendu hypothétique pour le chalenge que s’est imposé la CENI, à travers son président.

La communauté internationale s’est engagée à accompagner la RDC, particulièrement la CENI, pour réaliser sans accroc le cycle électoral 2014-2016. Si la communauté internationale a réitéré, par la voix de quatre envoyés spéciaux de passage en RDC, sa volonté de se mettre au pas, elle a toutefois exprimé des réserves quant à son appui. Des réserves qui s’apparentent à des préalables.

Hier mercredi, Martin Kobler, le patron de la Monusco, est revenu sur le point de vue défendu la veille par les envoyés spéciaux internationaux dans la région des Grands Lacs. Plus explicite, Martin Kobler est allé plus loin, faisant remarquer que la communauté internationale ne devait garantir son appui financier au processus électoral piloté par la CENI que si cette dernière accepte de revoir la copie de son calendrier électoral en y incluant, notamment, toutes les étapes du processus, dont les législatives nationales et la présidentielle.

L’équation devient d’autant plus difficile pour la CENI qui a juré de demeurer dans la voie du dernier calendrier proposé par son président, l’abbé Apollinaire Malumalu. L’on se rappelle que ce calendrier qui s’arrête en octobre 2015 ne prend en compte que les élections municipales, locales et urbaines. Ce qui n’est pas cependant du goût de la communauté internationale qui, apparemment, attendait voir la CENI proposer un calendrier qui s’étend jusqu’à l’échéance de 2016.

Déjà mardi devant la presse, les envoyés spéciaux se sont montrés nettement réservés face au calendrier proposé par M. l’abbé Malumalu.
« On a déjà le calendrier pour les élections locales, nous voulons vraiment avoir un calendrier global pour les élections jusqu'au mois de décembre 2016 », a dit à ce propos Mary Robinson, envoyé spéciale des Nations unies pour la région des Grands Lacs. Il faut que « nous voyions très clairement comment les différentes élections, locales, provinciales, législatives et présidentielle seront engagées, et comme ça nous, en tant que partenaire, on peut travailler avec la CENI », a indiqué, abondant dans le même sens, l’envoyé spécial de l’Union européenne pour la région des Grands Lacs.

Le verrou

La communauté internationale s’est donc tracé une ligne de conduite. L’on sait d’ores et déjà que son appui financier au cycle électoral 2014-2016 ne sera pas automatique. Il est conditionné par les bonnes dispositions de la CENI de se montrer « coopérative ». C’est la quintessence de ce que les membres du « E-Team » ont déclaré mardi dernier les envoyés spéciaux internationaux dans la région des Grands Lacs. Et pour que nul n’en ignore, Martin Kobler a enfoncé le clou hier mercredi au cours de la conférence de presse hebdomadaire de la Monusco.

La communauté internationale conditionne désormais le financement des élections à la présentation par la CENI d’un calendrier « global » qui s’étend d’ici à 2016. Pour le chef de la Mission des Nations unies pour la stabilisation en RDC (Monusco), les discussions entre la communauté internationale et le gouvernement congolais seront engagées, à cet effet, juste après la publication d’un calendrier « global » des scrutins prévus au Congo-Kinshasa.

Sans vouloir s’ingérer dans les affaires de l’Etat congolais, Martin Kobler a souligné que les élections relèvent de la souveraineté de la RDC. Car, c’est à l’Etat congolais de décider de mode des scrutins, a-t-il expliqué.
Les envoyés spéciaux internationaux parlent tous le même langage. Mardi dernier, ils l’ont encore prouvé. Russ Feingold, envoyé spécial des États-Unis pour la région des Grands Lacs et la RDC, s’est montré encore plus direct, estimant cependant que la mission des envoyés spéciaux ne constituait pas à donner des injections mais plutôt à « suivre de près » le processus électoral.

L’intrusion de la communauté internationale est à prendre très au sérieux. La donne doit être véritablement prise en compte dans le schéma électoral que se propose de mettre en place la CENI.
Minimiser le point de vue qu’affiche ouvertement la communauté internationale, c’est mal connaître le mode de fonctionnement dans les relations internationales.

Un bémol

Un bémol cependant, en 2011 la RDC est parvenue à boucler quasiment en solitaire le financement des législatives nationales et la présidentielle. L’apport de la communauté internationale n’a été que marginal. Le gouvernement avait apporté la plus importante enveloppe pour le financement des scrutins. En définitive, l’organisation des élections régulières est une affaire des Etats, qui peuvent se faire aider le cas échéant. Dans ce monde plus que jamais globalisé, l’avis des puissants pèsent lourdement dans la balance de prise des décisions internationales. A la manette, ces puissances jouent la
partition cruciale. La CENI, qui est conduite par un expérimenté comme M. l’abbé Malumalu ne commettrait pas l’impair d’ignorer ce point de vue de la communauté internationale, bien que discordante, par rapport à son calendrier.

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