Les » drones-médecines » pour servir des régions enclavées au Rwanda : L’expérience séduit aussi la RDC

Mardi 12 avril 2016 - 05:24
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Le drone apparaît de plus en plus comme un outil efficace pour contribuer aux actions humanitaires et aux urgences sanitaires, un outil d’intervention rapide pour la livraison aérienne de médicaments et de prélèvements sanguins dans l’ouest du pays, précisément dans des zones les plus reculées ou enclavées, donc d’accès difficile.

A en croire Radio France Internationale (RFI), jusque-là traînant la mauvaise réputation due à son utilisation initiale  – machine à tuer -,  le drone est en voie de revêtir une autre casquette, plus humanitaire. L’idée de drones  » urgentistes  » fait son chemin dans le monde, le concept d’un réseau de distribution de matériel de soin et de premiers secours par drone, ce robot volant, prend une nouvelle dimension en Afrique et en particulier au Rwanda.

On en arrive aujourd’hui à faire de certains de ces appareils des trousses de secours héliportées et des réseaux pour la distribution aérienne de matériels de soin et de médicaments en urgence en Afrique.

 

Le Rwanda, premier pays en Afrique

Le Rwanda est le premier pays en Afrique d’expérimenter cette nouvelle utilisation des drones. On cite une jeune société californienne aux Etats-Unis, la Zipline (tyrolienne, en anglais) International, qui vient d’annoncer un partenariat avec le gouvernement, pour mettre en place la livraison aéroportée de médicaments et de poche de sang, à destination de la vingtaine d’hôpitaux que compte le Rwanda.

Côté infrastructure, c’est  le cabinet d’architecture Foster + Partners, qui possède une expérience considérable dans la réalisation d’aéroports internationaux, entreprend actuellement la construction du premier Droneport sur le continent, au Rwanda précisément.

Cet appareil, dit-on, ressemble plus à un mini avion à hélice, qu’à un petit hélicoptère. L’engin qui se nomme Zip est à propulsion électrique, il est catapulté dans les airs par une rampe de lancement, il pèse moins de 10 kg et embarque jusqu’à 1,5 kilo  de charge utile. Son autonomie lui permet de parcourir plus de 120 km et ainsi rejoindre en moins de 30 minutes, tous les centres hospitaliers de la région qui pourront passer leurs commandes par simple SMS.

Les précieux chargements transportés par les drones de Zipline, bien à l’abri dans des mini-containers rembourrés, seront largués à basse altitude par parachute. Ces robots volants sont dotés de nombreux objets électroniques dans leur carlingue, comme des capteurs, des GPS, et des puces téléphoniques afin de se connecter au réseau cellulaire du pays pour se guider.

Lancé à l’aide d’une catapulte et guidé par GPS, il ne se pose pas pour effectuer une livraison mais largue son chargement, qui terminera sa route, accroché à un parachute en papier. Une fois revenu à son point de départ, ses batteries seront remplacées et sa nouvelle destination programmée sur une carte-SIM.

 

Phase test, début juillet

La phase de test, précise la source, commence dès ce mois de juillet avec une flotte de quinze appareils qui œuvreront sur la moitié du territoire rwandais. Si le projet donne satisfaction, le déploiement complet des  » drones-médecines  » interviendra début 2017, avant de s’étendre en  République démocratique du Congo voisine. Et plus tard dans d’autres pays du continent. Les ailes de ces drones ont l’avantage de ne craindre, ni le vent, ni la pluie, ni la chaleur. Ce qui permettra de sauver en urgence de nombreuses vies, les jours à venir.

En utilisant une quinzaine de drones, Zipline espère pouvoir assurer de 50 à 150 rotations par jour entre 21 centres de transfusion sanguine et les hôpitaux ou cliniques de l’ouest du pays. Ce qui fera du Rwanda la première nation à établir un réseau de livraison par drones.

Une véritable solution pour les nombreux centres hospitaliers disséminés dans les territoires des pays africains dont les infrastructures routières sont en très mauvais état.

Il n’y a pas que Zipline International qui explore ce secteur. De son côté, Googlei  qui prépare lui aussi un maillage de fret par drone baptisé Project Wing, a déposé début avril « un brevet collaboratif » pour un appareil hybride (une voilure fixe sur laquelle sont installées deux hélices) spécifiquement destiné aux interventions d’urgence, rapporte Le Monde dans son site internet.

Il s’agit d’une super-trousse médicale volante qui doit pouvoir être expédiée rapidement sur les lieux où se trouve la personne en difficulté. Ce kit volant pourra transporter de l’insuline, de la Ventoline, de l’antidote contre une morsure de serpent ou un défibrillateur. Son utilisation pourrait plus particulièrement concerner les zones enclavées ou touchées par des catastrophes naturelles.

 

Plusieurs expériences

DJI et l’European Emergency Number Association (EENA, basée à Bruxelles) ont conclu un partenariat destiné à intégrer les drones dans les missions d’assistance réalisées en Europe, ajoute la même source.. La firme chinoise s’engage à réaliser la formation de pilotes et à fournir l’équipement nécessaire aux pompiers, services de secours et sécurité civile.

De par le monde, de nombreuses expériences dans l’utilisation des drones sont en train d’être élargies dans d’autres secteurs. Les premiers tests seront réalisés en compagnie des pompiers de Copenhague et serviront à évaluer comment des drones peuvent participer à la lutte contre les incendies, aux opérations de secours à la suite d’un accident chimique ou un drame routier d’envergure. En  Irlande, des drones sont déjà évalués dans le cadre d’opérations de coordination des secours dans des zones isolées. Dernier exemple de « drone-Saint-Bernard » : une embarcation gonflable géolocalisée, pilotée depuis le rivage, capable d’aller rapidement et par tous les temps au contact d’un naufragé. Prêt à être commercialisé, précise Ouest-France  citée par Le Monde, ce drone-marin a été conçu sous l’égide de la société mayennaise Nautiraid.

Kléber Kungu