L’Etat se vante d’un excédent de 45 milliards de FC quand 2 millions manquent pour acheter des vaccins

Jeudi 16 juillet 2015 - 10:51

Les six premiers mois de l’exercice budgétaire 2015 ont plutôt été rassurants, radieux pour les Finances publiques de la RDC…en dépit de la tendance baissière des cours mondiaux des matières premières (cuivre, pétrole, or, diamant… cobalt) essentiellement exportées par la RDC et principales sources des revenus de l’Etat.

Le gouvernement, à en croire le ministre de l’Economie, Modeste Bahati, reste convaincu que l’objectif d’un taux de croissance à 2 chiffres sera bien atteint d’ici décembre 2015, et pourrait même se situer entre 10.2 et 10.5 %. Par ailleurs le taux d’inflation reste encore sous le seuil de 1 %. Il s’établirait à ce jouir autour de 0.633%. Les réserves en devises de l’Etat se chiffrent à1, 603 milliard de dollars soit 6,63 semaines d’exportations des biens et services. Si le gouvernement Matata peut se féliciter d’avoir maîtrisé les dépenses en capital, force est de constater que les réserves en devises de l’Etat se sont tout de même érodées par rapport à il y a trois mois.

D’ailleurs, le ministre de l’Economie, Bahati lukwebo, a reconnu que les finances publiques ont accusé un déficit de 5 milliards de FC durant les 10 premiers jours de mois de juillet 2015. Aussi des experts notent que le gouvernement rechigne quelque peu à honorer ses engagements financiers à l’interne. La paie de la dette intérieure est sans cesse renvoyée à la saint glinglin. Depuis 2012, année de l’avènement de l’ancien ministre des Finances, Matata Ponyo à la Primature, les arriérés des factures de l’Etat vis-à-vis de la REGIDESO s’élèvent à près de USD 80 millions. Manque de volonté politique, la réaction du représentant de la Banque mondiale en RDC, Almadou Moustapha Ndiaye. Puis, ce SOS, la RDC pourrait manquer des vaccins pour enfants de 0à6 ans, faute d’avoir apporté sa contribution de 2 millions de dollars pour l’achat de dits vaccins. Même la paie des salaires des fonctionnaires de l’Etat piétine par endroits. Selon le président du comité de suivi de la paie des agents et fonctionnaires de l’Etat, Jean Louis Kayembe wa Kayembe, quelque 700 000 agents et fonctionnaires de l’Etat sont aujourd’hui payés par voie bancaire, soit un taux de bancarisation 73%. Chiffres encourageants certes, mais la bancarisation n’est pas exempte des critiques.

Mais reste à savoir si elles sont fondées. Il appert qu’il y a des «opérations retour», que les banques commerciales retourneraient moyennant commission de substantielles sommes à la BCC. Le gouvernement dispose, à ce jour, d’un faisceau d’indices sur le phénomène «Maboko Bank», un mécanisme manuel qui consiste à encourager la fraude, à en croire Bahati Lukwebo. Les prémisses d’enquête que mène le ministre du Budget , Michel Bongongo, indiquent que les effectifs de la Fonction publique seraient vachement gavés. Que dans l’arrière-pays, les fonctionnaires de l’Etat auraient vu leurs salaires rabiotés. C’est notamment le cas des fonctionnaires de la province de Maniema qui ont dû donner de la voix. Dans le Bandundu et au Sankuru, à chaque paie, le calendrier scolaire est perturbé car les enseignants doivent parcourir des trajets considérables pour percevoir leur salaire. Un ancien de la Banque centrale du Congo, professeur d’Economie, M. Michel Kibambe Somwe, a même soutenu qu’il est incorrect de parler à l’état actuel des choses de la bancarisation. L’on se rappelle, il y a pratiquement une année, en mai 2014, la question de bancarisation de la paie des agents de l’Etat avait l’objet d’une question orale de l’honorable Clément Kanku Bukassa qu’il a posée à l’alors ministre du Budget, Daniel Mukoko Samba. «La bancarisation de la paie des agents de l’Etat aurait pu être une bonne réforme si le processus était bien étudié à la base », avait déclaré le député national, clément Kanku. Qui a renchéri «Aujourd’hui nous voyons qu’il y a encore quelques difficultés, on tâtonne encore alors que ça se fait sur le dos de nos compatriotes avec le peu d’argent qu’on leur paie. Ils doivent encore subir ces hésitations de la part du gouvernement, et ça ne s’arrange pas les choses. Donc nous disons qu’il faut absolument tenir compte de ces préoccupations des fonctionnaires de l’Etat qui parcourent de longues distances et prennent beaucoup de risques alors qu’ils n’ont qu’un petit salaire qui ne peut pas faire face à leurs véritables besoins. Le salaire est un droit ». Les dépenses du personnel en fait l’enveloppe salariale sur toute l’étendue du territoire national se chiffre, pour l’exercice 2015, à quelque 1.960,7 milliards de FC soit plus de 2,100 milliards de dollars. Ce qui représente près de 26% du budget général de l’Etat 2015, évalué à près de 7, 600 mille milliards de FC soit 8.100.607.542,36 dollars.
POLD LEVI